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lundi 20 avril 2009

Coquillages et crustacés II

Dans mon match contre la montre, je sors toujours perdant. J'avais prévu de vous présenter cette recette-ci à la sortie de l'hiver. Le printemps règne depuis un mois déjà. Pas l'temps, hélas ! Quelques préoccupations qui, sans me retirer le goût de cuisiner (au contraire !), me font chaque jour m'enfuir un peu plus de mon clavier. Bloguer est le cadet de mes soucis. Je suis bien trop pollué par des évènements qui toucheront dans quelques semaines des hommes et des femmes que je côtoie pour certains depuis neuf ans, un peu moins pour d'autres. La crise, hélas ! Je ne devrais peut-être pas tant me soucier de cela, me direz-vous, mais j'ai choisi il y a quelques mois de représenter mes collaborateurs. Je me dois de tout faire pour défendre les emplois de ces gens qui font partie de ma vie, même si ce ne sont que des collègues de bureau, même si je ne peux pas en encadrer certains (ouais, beaucoup même !). Et puis je ne suis pas plus assuré qu'un autre de garder mon boulot. D'ici la fin juin, nous serons fixés sur nos sorts...

Allons ! Ressaisissons-nous et regardons de plus près ce que je vous propose aujourd'hui. Parce que l'essentiel dans cette p... de vie, c'est bien notre plaisir avant tout, nan ? J'veux dire, tant qu'il y a la santé, y'a pas d'mal à se faire plaisir.

Je réitère donc mon leitmotiv du poisson poché. Entêté comme un tordu de têtu que je suis, j'ai renouvelé l'expérience en variant poissons et parfums. J'ai surtout affiné la méthode et celle qui arrive a fonctionné à merveille. L'objectif est d'atteindre la cuisson parfaite, c'est-à-dire lorsque le poisson est juste cuit, une chair encore ferme sous la fourchette mais fondante en bouche, comme une noix de beurre sur une patate chaude. Le poisson du jour (du cabillaud) a une chair si tendre, si fine, que la cuisson par pochage se fait en douceur jusqu'au cœur du morceau. Pour cela, il faut veiller à quelques règles essentielles : que le poisson soit extra frais, que la tranche n'excède pas les 150 à 200 g, qu'elle ne fasse pas plus de 2 cm d'épaisseur, qu'elle soit à température ambiante au moment de la cuisson, que le bouillon soit chaud.

Maintenant que vous voilà informés, y'a plus qu'à ! Qu'à tester ces saveurs qui, j'espère, vous transporteront au delà des mers, là où le soleil se lève, quelque part dans cette Asie qui enrichit tant notre cuisine.

Coquillages et crustacés II

Cabillaud poché au jus de palourdes et de moules de bouchot,
pois cassés & coriandre, bouillon goût citron vert,
rondelles de cèleri et épices aux cinq parfums de Chine

Ingrédients (pour 4 personnes)

2 beaux dos de cabillaud ; 16 palourdes ; 1/2 litre de moules de bouchot ; 100 g de pois cassés ; 1 bouquet de coriandre fraîche ; 1 citron vert non traité ; 1 petite branche de cèleri commun ; 8 grains de poivre du Sichuan ; 1 bâton de cannelle ; 16 graines de fenouil ; 1 étoile de badiane ; 2 clous de girofle ; fleur de sel

Marche à suivre

Faites lever deux beaux dos de cabillaud sans arête et sans peau par votre sympathique poissonnier. Dès votre retour chez vous, passez vos filets sous un filet d'eau froide, essuyez-les délicatement, coupez chaque dos en deux morceaux assez réguliers et réservez dans un plat au frais jusqu'au moment de la cuisson ou conservez-les ainsi à température ambiante, si vous avez l'intention de vous mettre tout de suite. Nettoyez et rincez également avec soin et successivement palourdes et moules dans un grand bain d'eau froide. Réservez.

Mettez les pois cassés à cuire dans de l'eau salée, selon les instructions portées sur le sachet. Comptez entre 25 et 30 minutes ; ils doivent se tenir parfaitement et fondre sur la langue. Pendant ce temps, rincez la branche de cèleri. Essuyez, épluchez et découpez-la en fines rondelles. Rincez et essuyez délicatement le bouquet de coriandre.

Préparez le bouillon. Lavez le citron vert, essuyez-le et prélevez les zestes coupés fins. Pressez le jus et versez-le avec les zestes dans une casserole contenant 100 ml d'eau. Ajoutez les rondelles de cèleri et les épices : poivre, cannelle, fenouil, anis étoilé, clous de girofle. Salez à votre convenance. Portez-le tout à ébullition, couvrez, coupez le feu et laissez infuser pendant 20 min.

Quand les pois cassés sont cuits, égouttez-les en prenant soin de conserver 50 ml de jus de cuisson que vous versez au fond de la sauteuse. Vous y mettrez à cuire, dans quelques instants, les coquillages et vous y pocherez les morceaux de cabillaud. Réservez les pois cassés.

Portez le jus de cuisson conservé des pois cassés à ébullition, baissez le feu et ajoutez les palourdes. Couvrez et maintenez la cuisson sous couvert ainsi pendant 3 min. Retirez à l'écumoir et réservez les palourdes. Mettez à cuire les moules sur le même principe pendant 3 min. Retirez et réservez. Coupez le feu et pochez enfin les morceaux de cabillaud dans ce jus de cuisson encore chaud à couvert pendant 4 à 5 minutes. Veillez à ce que le jus recouvre bien les morceaux de poisson. Si ce n'est pas le cas, retournez-les à mi-temps.

Réchauffez à feu doux le bouillon citronné et épicé en y retirant les zestes et les épices [NDLR : je préfère les conserver et les servir dans les assiettes, à l'exception du bâton de cannelle, de l'étoile de badiane et des 2 clous de girolfe], ajoutez les pois cassés et quelques brins de coriandre fraîche.

Dressez des assiettes creuses : placez 1 morceau de cabillaud au fond de chaque assiette, mettez tout autour les palourdes et les moules, versez alors le bouillon chaud sur l'ensemble et répartissez les rondelles de cèleri, les pois cassés et les épices en grain. Décorez avec quelques brins de coriandre et servez aussitôt.

Bon appétit,
Tit'

samedi 28 mars 2009

Les épices, c'est pas pour les mauviettes ?!

Paraît qu'les épices, c’est pas pour les mauviettes. Donc, par définition, si je m'en rapporte au Trésor de la Langue Française ou au Dictionnaire Historique de la Langue Française (mes bibles) et si je suis bien vot'raisonnement, les épices c'est pas pour moi. Car comme mauviette, n'est-ce pas, je me pose là. Bec, ailes, plumes, duvet soyeux, l'œil aussi luisant qu'un poisson frais, le cuissot généreux et appétissant... c'est bien moi tout ça, n'est-ce pas ? Et le dos ? Et le dos ! Et la queue ? Et la queue ! Et les ailes ? Et les ailes ! Et le cou ? Et le cou ! Et les yeux ? Et les yeux ! Et le bec ? Et le bec ! Et la tête ? Et la tête ! Grosse mauviette ? Grosse mauviette ! Hahahaaa !... Hahaha ! Mort de rire ! MDR ou LOL, comme vous dites ! JE-ME-MARRE ! Car ouais, essayez seulement un peu pour voir de vous approcher de mon nid douillet et de mes si pitipitipitizoizillons et de ma belle alouette bien roulée de femmelette et z'allez voir ce que vous z'allez voir ! Si vous croyez l'ornithomachinologue qui vous dit que : « Nan, le film d'Hitchcock c'est rien qu'un ramassis de conneries pour faire trembler la gonz' et pour qu'elle se blottisse dans tes bras, car le jour où ces mauviettes attaqueront, les poules [NDLR : et par extension les oiseaux] auront des dents ! », c'est que vous ne m'avez jamais vu sourire !... Bref. Z'aurez été préviendu, hein, alors gare à vous et ne croyez pas tout ce qu'on vous raconte sur moi ! Faux cul, peut-être, mais faucon, assurément. A bon entendeur !...

Paraît qu'les épices, donc, c'est pas pour les mauviettes. J'vous prouve le contraire ?

Un pain d'épice* bien assaisonné
(anis, clou de girofle, muscade et cannelle,
mais aussi : pollen, gingembre et cardamome,
mais encore : poivre, myrte, coriandre et curry... oui, oui, curry !)



Ingrédients

100 g de miel ; 100 g de cassonade ; 75 g de beurre demi-sel ; 150 ml d'eau ; 110 g de farine de froment ; 110 g de farine complète ; 20 g de levure chimique ; 1 CC d'anis vert ; 5 clous de girofle ; 1 CC de muscade en poudre ; 1 CC de cannelle en poudre ; 1 CC de pollen ; 1 morceau de 20 g de gingembre frais ; 5 gousses de cardamome ; 5 tours de moulin à poivre noir (fine mouture) ; 1 CC de myrte sauvage en poudre ; 10 grains de coriandre ; 1 CC de mélange pour curry ; 3 quartiers de cédrat confit découpés en petits cubes.

Marche à suivre

Dans un premier temps, broyez finement les épices au pilon (Si cela paraît fastidieux, prenez votre courage à deux mains et passez à l'action. Laissez vous dès lors envahir par les parfums de plus en plus puissants qui se dégagent du mortier. C'est un vrai plaisir, je vous assure!). Dans une casserole, faites fondre à feu doux le miel, le sucre, le beurre et l'eau. Réservez. Dans le bol d'un robot, mélangez les farines, la levure et l'intégralité de la poudre d'épice. Versez progressivement le sirop au miel sur les ingrédients secs. Mélangez au robot pendant 10 minutes, puis ajoutez les cubes de cédrat confit. Versez la préparation dans un moule à cake graissé et légèrement fariné. Mettez à cuire le pain aux épices pendant 10 minutes dans un four préchauffé à 160°C. Diminuez la chaleur du four à 150°C et poursuivez la cuisson entre 45 et 60 minutes. Important ! Lorsque le gâteau commence à croûter, vous veillerez à tailler le dessus dans le sens de la longueur pour permettre un meilleur développement. Vérifiez la cuisson à l'aide d'un couteau. Démoulez le pain d'épice une fois cuit et laissez refroidir sur une grille.

Verdict ? Bah, très franchement... je recommence demain !

A très bientôt,
Tit'
* D'après la recette de Michel Bras

mardi 23 décembre 2008

En attendant Noël

En attendant Noël, bien au chaud dans mes pénates, emmitouflé sous une couverture de laine, devant une grosse bûche qui achève de flamber dans la cheminée.

Sur la table, une bouteille de rhum, un mug, une thermos d’eau chaude, un pot de miel et une grosse cuillère pour tourner tout ça. Je m’essaye au grog. En vain. C’est que j’ai pris froid, moi. A peine en vacances et voilà le nez qui coule, la tête qui tourne, les poumons qui s’époumonent et une de ces fatigues. Comme qui dirait que ça ressemble à la grippe. Mais sans fièvre. Donc, c’est pas la grippe. Bah, j’suis pas médecin. Moi j’dis que j’ai tout ce qu’il faut pour que ce soit la grippe SAUF la fièvre. Bref, on s’en fout, j’suis mal en point et c’est de mal en pis. Et dire que je suis en vacances. C’est malin, tenez !

Sur la table, une bouteille de rhum, un mug, une thermos d’eau chaude, un pot de miel et une grosse cuillère pour tourner tout ça. Une cuillère, oui, mais d'argent, siouplé, et je dirais même plus, sur les genoux, La Cuillère d’argent. Allons bon, faut bien s’occuper un peu. J’ouvre le bouquin en commençant par la fin, comme souvent, puis je feuillette au milieu, puis je tourne encore quelques pages. Peut-être trouverais-je l’inspiration pour le repas de Noël ? C’est qu’avec cette cervelle malade, je sais plus bien ce que prépare dans quelques jours. Alors, je me dis que, cette Cuillère d’argent va me sortir de l’embarras, que je sais que je peux compter sur elle, que ça c’est déjà vu, qu’elle est toujours la bienvenue au moment des fêtes et qu’on y trouve toujours de bonnes choses qui vous font du bien au cœur et au corps. Rappelez-vous...

Et puis au détour d’une page, il y a ces mots, « pommes au four », et cela suffit à réveiller tout à coup mon palais rabougri par la grippe la maladie : ça, j’veux ça et maintenant !


Les pommes au four qui se dégustent avec un petite cuillère en argent (d'après les "pommes aux épices et aux raisins secs", La Cuillère d'Argent, p. 1084)

Ingrédients (pour 4 personnes)

80 g de raisins secs ; 1 CC de cannelle en poudre ; 1/2 CC de gingembre en poudre ; 1 pincée de carvi en poudre ; 4 pommes ; 25 g de beurre ; 5 CS de jus de raisin blanc ou de vin blanc doux

Marche à suivre

Mettez à tremper les raisins secs pendant 15 min. dans un bol d'eau chaude. Préchauffez le four à 160°C. Lavez la peau des pommes. Égouttez les raisins, mélangez-les aux épices en poudre. Evidez les pommes et remplissez l'intérieur des pommes avec le mélange raisins secs/épices. Mettez les pommes dans un plat à gratin préalablement beurré, déposez les pommes et mettez une grosse noix de beurre sur chaque pomme. Arrosez le tout avec le jus de raisin blanc ou de vin blanc doux. Enfournez pendant 30 minutes. Laissez refroidir hors du four.


Bon appétit,
Tit'

samedi 13 décembre 2008

Le pain aux épices selon Michel Bras
Petits festins et desserts, Chapitre 2ème


C’est de saison. Ne nous en privons pas. Et puis, ce n’est pas grand-chose. Le plaisir est surtout de le conserver quelques jours, de le regarder rassir délicatement, de goûter ses saveurs qui évoluent au fil du temps. Le pain aux épices selon Michel Bras est une merveille. Je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais de son ouvrage, Petits festins et desserts, qui trône depuis des mois sur ma table de chevet et que j’ouvre de temps à autre pour y rechercher le réconfort nécessaire à une vie bien (trop) remplie, comme certains font avec la Bible, le Coran, la Torah ou la Dianétique... question de goûts !

Et puis, il y a encore ce plaisir de broyer soi-même les épices au pilon. Cela prend un certain temps, il est vrai, mais les arômes qui se dégagent du mélange sont d’autant plus puissants et efficaces. J’ai fait l’expérience. J’avais à ma droite un mélange d’épices pour pain d’épices acheté de fraîche date, et pas de celui qui se décarcasse, hein ! Non, un bon mélange... Enfin, croyais-je. J’avais à ma gauche ma poudre grossière d’épices. Il va sans dire que je n’arrivais même plus à sentir le mélange acheté tout prêt, tant l’autre embaumait la cuisine !

Avant de commencer, voici quelques ajustements :
- Contrairement à la recette donnée ci-dessous, je n’ai utilisé ni écorces d’orange confites, ni zestes d’orange et de citron, ni amandes effilées, question de goûts.
- J’ai utilisé de la cassonade, le type de sucre n’étant pas précisé.
- Je n’avais pas de farine de seigle, alors comme souvent j’ai utilisé de la farine de blé semi-complète et de la farine de blé noir en quantité égale pour remplacer le seigle.
- J’ai broyé l’anis avec les autres épices, question de goûts une fois de plus. N’ayant pas de moulin à café à la maison, j’ai broyé les épices en une poudre assez grossière au pilon. Soyez patients !...
- Rassurez-vous, la quantité de poudre d’épices obtenue n’entre pas intégralement dans la préparation. Stockez le surplus dans un pot en verre fermé hermétiquement ; vous réutiliserez votre mélange pour cuisiner d’autres pains aux épices.
- Michel Bras utilise 1 g de cette poudre (par rapport aux quantités données ci-dessous). Comme je n’utilisais pas de fruits confits ni de zestes, j’ai eu la main bien plus généreuse (et j’ai eu raison !) : 1 bonne cuillère à soupe et hop !


Le Pains aux épices selon Michel Bras

Ingrédients

100 g de miel ; 100 g de sucre ; 75 g de beurre ; 150 ml d’eau ; 110 g de farine de seigle ; 110 g de farine de blé ; 30 g d’écorces d’orange confites ; 4 zestes d’orange ; 4 zestes de citron ; 45 d’amandes effilées ; 20 g de levure chimique ; 3 g d’anis vert ; 18 g de cannelle ; 9 g de muscade ; 2 g de clou de girofle.

Marche à suivre

Dans une casserole, faites fondre à feu doux le miel, le sucre, le beurre et l’eau. Réservez. Si vous avez cela à la maison, passez les épices au moulin à café. Hachez finement au couteau les écorces d’orange confites et les zestes, mélangés avec un peu de farine. Dans le bol d’un robot, mélangez les farines, la levure et 1 g de la poudre d’épices. Ajoutez les écorces d’orange et les zestes hachés. Versez progressivement le sirop au miel sur les ingrédients secs. Mélangez au robot ainsi pendant 10 minutes, puis ajoutez les amandes. Versez la préparation dans un moule à cake graissé et légèrement fariné.

Mettez à cuire le pain aux épices pendant 10 minutes dans un four préchauffé à 160°C. Diminuez la chaleur du four à 150°C et poursuivez la cuisson entre 45 et 60 minutes. Important ! Suivez bien la préconisation de Michel Bras : « En cours de cuisson, lorsque le gâteau commence à croûter, tailler le dessus dans le sens de la longueur à une profondeur de 1 cm. Ainsi, il se développera davantage. » Vérifiez la cuisson à l’aide d’un couteau. Démoulez une fois cuit et laissez refroidir sur une grille.


Pendant ce temps, détendez-vous dans le canapé, un feu dans la cheminée, des chants de Noël en fond sonore, avec le dernier album de Loisel et Tripp entre les mains, et songez à cette amie-du-bout-du-monde qui affronte avec ses semblables les premiers frimas de l’hiver aux confins du Québec. Puis, à l’heure du goûter, faites chauffer de l’eau, préparez le thé et servez-vous une tranche généreuse de ce pain aux épices-là. Levez votre mug au ciel et... A la vôtre !

Bon appétit,
Tit'

mercredi 13 août 2008

Le temps d'un pique-nique où nous fûmes jadis

Je me souviens. Le temps d'un pique-nique où nous fûmes jadis. Nous partîmes à quatre dans notre titine pas paresseuse du tout, en route vers la capitale où nous fûmes vite rendus en ce début août 2007...

Nous partîmes à quatre, mais nous nous vîmes quatre-vingts, quatre-cents, quatre-mille en arrivant au port au parc de Bercy. Nan, nan, j'exagère pas : quatre-mille et des brouettes ! Des brouettes remplies à ras bord de boustifailles plus fantastiques les unes que les autres, des trucs si bons, des trucs du genre qui vous font faire Hips ! après quelques lampées (magiques), Hips, hips, hips, hourra ! Hourra pour tout ce choucoulaci, pour tout ce choucoulalà !...

Ahlala, le beau pique-nique ! Ahlala, le beau monde !...

Je vous raconte ça, mais ouais, c'est déjà bien loin. C'est en lisant les compte-rendus de la nouvelle édition que je me suis souvenu de cette chouette journée, de ces sympathiques mais ô combien fugaces rencontres (Hein Sophie ? Hein CO ? Hein Scottish-girl-to-be ? Hein Miss ? Hein Murielle ? Hein Stan ?) et retrouvailles (Hein Marion ? Hein l'Artiste ? Hein Marie (épouse de) ? Hein Cécile ?). Et en me remémorant ce jour-là, j'ai constaté avec HORREUR ! MALHEUR ! que j'avais omis depuis tout ce temps de donner aux intéressés la recette de mes muffins d'été d'alors. Donc...

Veuillez trouver ci-joint, etc.

Bercy's muffins (muffins exotiques... sans photo)

Ingrédients (pour 25 mini-mufins)

225 g de farine de froment ; 55 g de farine de châtaigne ; 1 CC de levure chimique ; 2 CC de mélange d'épices fait maison (cannelle, gingembre, girofle, muscade, baies roses) ; quelques tours de moulin à poivre ; 150 g de beurre demi-sel ; 3 CS de miel de châtaignier ; 4 CS de cassonade ; 185 ml de lait ribot ; 2 œufs ; 125 g de goyave séchée ; 4 CS de flocons d'avoine ; 3 fruits de la passion

Marche à suivre

Préchauffez votre four à 210°C.

Dans un grand saladier, mélangez les ingrédients secs : tamisez les farines, incorporez le sucre, les flocons d'avoine, les cubes de goyave séchée, les épices moulus finement au pilon, le poivre et la levure.

Dans un second saladier, mélangez les ingrédients liquides : faites fondre le beurre, ajoutez le miel, mélangez et ajoutez progressivement les œufs, le lait ribot, la pulpe des fruits de la passion (avec les graines ou à moitié, à votre guise).

Versez cette préparation dans le mélange sec. Mélangez à la cuillère en bois mais pas trop : la pâte doit demeurer grumeleuse. Versez la préparation dans les moules à muffins (remplis au 3/4) et enfournez pendant 25 minutes.

Sortez du four et démoulez quelques minutes après cuisson. Mettez à refroidir sur une grille... Dégustez !

A très bientôt.
Tit'

jeudi 14 février 2008

Ti zwézo en Ma’tinique* ou la nuit d'amour

(* L’oiseau en Martinique)

Cric ! Crac ! Quittons la Métropole où grouillent ces vilains métro et en nou mèt lé vwal koté Ma’tinique !

Cric ! Crac ! Je laisse mon plumage de gros dindon qui ronge son frein dans la capitale et je me transforme en un joli Tit'iri, qui le premier entonne sa ritournelle d’amour chaque matin quand tous dorment encore.

Cric ! Crac ! J’vous raconte des craques, j’suis pas parti me dorer la pilule sous les tropiques, ce serait trooooop beau, naaaaan, c’est rien qu’une blagounette entre collègues, comme qui dirait : sa ka fè di bien dè révé dè tanzantan !

Cric ! Crac ! Point de blablatage sans foin ni fondement, point de tergiversation intempestive, allons à l’essentiel, allons au cœur du cœur du problème qui nous occupe : bon mangé-la ou comment concocter en quelques gestes extrêmement simples l’une des plus belles recettes des Antilles.

Blaff tout doux de poiscaille sans écaille pour une nuit d’amour

I fo pou 4 moun :

4 darnes de poisson à chair blanche, tendre et fondante ; 2 citrons verts ; ½ zeste d’orange ; 4 clous de girofle ; 4 grains de poivre vert ; 1 litre d’eau ; 1 gousse d’ail ; 2 oignons ; 1 pincée de cannelle ; persil ; thym ; fleur de sel et poivre noir

Marche à suivre

J-2 : Je me connecte à Lastcocotteminute.com. Je dégote au plus tôt une place d’avion en partance pour la Martinique, en classe éco de préférence, histoire d’avoir encore quelques capitaux une fois sur place pour investir dans du matériel de pêche haut de gamme. Pas la peine de me charger. J’emporte le strict minimum : une paire de jeans pour le voyage, une ou deux culottes propres (c’est mieux et puis au besoin, je laverai sur place, avec la chaleur, ça sèche bien mieux que ma lavante-séchante Milleu), une paire de chaussettes uniquement pour ne pas geler des petons au retour en métropole, une chemisette colorée mais pas moche (on évitera la chemise version Antoine dans les atolls, parce que ça craint du boudin...), mes Havaianas de prédilection (on est fashion ou on ne l’est pas !), un gros pull (pour le retour bis), et pis surtout mon matos de plongée, masque, tuba, palme et maillot de bain. Pas la peine d’investir, je réutilise mon vieux maillot Quechua acheté l’été dernier pour mes vacances au Camping Les Flots Bleus*** à Saint-Tripouille-L’Océan. Je laisse mes produits de soin : ça voyage pas dans l’avion et pis, lavé ou pas lavé, je sentirai le fishy-fish un point c’est tout !

J-1 : Je me réveille, je me réveille, j’ai un avion à prendre, faut pas l’louper !... Kwa sa ?! Tanguy et Laverdure font grève ?! Les s*** ! Les ordures ! Les *** !

Jour J : J’sais pas comment j’ai fait, mais voilà que je me réveille tout à coup sur le tarmac de Fort-de-France en Ma’tinique. Tant pis si je souffre du décalage horaire, tant pis si la chaleur m’accable tout à coup à la descente de l’avion, y’a pas tan, je file dès mon arrivée acheter et monter mon matériel de pêche. Puis, je pars à la recherche d’un bateau, d’un canot, d’une barquette, peu importe, que je mènerai tant bien que mal à la rame là-bas, plus loin, au large, après les rouleaux qui s’abattent sur cette magnifique plage de sable blanc entourée de cocotiers où je marchais à l’instant. Pour parvenir à mes fins, c’est simple comme bonjou, je ne compte que sur ma bonne étoile et sur mon charme fou et je séduis une belle îlienne aux courbes généreuses et à la peau si délic(hocol)ate, jusqu’à ce qu’elle accepte de me prêter son navire contre la promesse d’un bon repas cuisiné par mes mains expertes.

Une fois en pleine mer, j’appâte le poisson : je lui chante une chanson douce que me chantait ma manman, je lui chante la , ses reflets d’argents sous la pluie dans ses golfes clairs, je lui chante l’amour, l’amour, l’amour, je lui chante tout ce que je veux pourvu que ça marche, pourvu que je le pêche, le poisson, et à la ligne de préférence ; j’évite ainsi les rets éradicateurs de Flipper and Co. Moi, je les aime bien les dauphins, et pis c’est romantique, alors pas touch’ !

Le poisson attrapé, je reviens vite sur la plage – avant la nuit tombée, surtout, car il serait dommage de finir dans la goule affamée d’un requin marteau… enfin, pas plus marteau que moi qui ai fait tant de kilomètres pour de si petits poissons, mais bon… ce n’est qu’une question de point de vue, hein ! – car ma doudou prêteuse qui me mate aux jumelles depuis le matin, depuis la plage, de peur que je me barre avec son affreux rafiot percé sans lui apporter pitance, commence à trépigner sévèrement sur le sable et jure qu’elle me fera zouké à sa manière, un gourdin de bois vert à peine dissimulé dans la main, si je ne me magne pas mon gros tchou plumé !

Dans la cahute de ma beauté tropicale, je prépare le poisson. Je demande à ma belle îlienne un petit coup de main, elle le fera avec mil plési. Cuisiner à quatre mains, c’est plus... comment dire ?... plus mieux ! J’évite cependant de rejouer pour la énième fois la scène du potier version Ghost car, avec du poisson, c’est franchement pas ce qu’il y a de plus... sexy.

Venons-en (enfin !) au fait... Comment préparer ce blaff ?

Laver le poisson, écailler sa peau si tendre. Avec un couteau à larder, ouvrir le poisson et l’évider. Les âmes sensibles auront demandé à leur poissonnier unique et préféré de s’en charger, mais moi, moi qui suis amoureux, j’suis un battant, j’ai traversé les mers et les océans pour en arriver là, alors j’vais pas flancher si prêt du but, alors rien ne me fait peur, alors j’ouvre, alors j’évide et... GLOUPS !... je prends soin de découper le poisson en darnes de 3 à 5 cm d’épaisseur. Rincer ensuite le poisson à l’eau claire et l’essuyer avec du papier absorbant. Réserver.

Préparer le bouillon. Dans une casserole, mélanger 1 litre d’eau avec les clous de girofle, le poivre vert, la cannelle, le thym, les oignons coupés en rondelles. Mettre à chauffer le boucan sous le bouillon et porter à ébullition. Laisser bouillir 30 min. Poivrer généreusement et saler à son goût.

Préchauffer le four à 210°C. Prélever les zestes d'orange. Déposer les darnes de poisson dans un grand plat en terre allant au four. Frotter généreusement le poisson avec un citron vert. Parsemer de zestes d'orange. Arroser avec le court-bouillon épicé non filtré. Enfourner pendant 15 à 20 min. En fin de cuisson, ajouter le jus du second citron, le persil lavé et ciselé et la gousse d'ail écrasée.

Servir immédiatement les darnes de poisson arrosées avec le bouillon parfumé. Accompagner avec du riz créole et des rondelles de banane plantain frites.

Et maintenant, à table !...

J’ai pris soin de créer une ambiance de rêve, romantique à souhait, sous la lumière de mille chandelles et torches plantées dans le sable, dont les flammes se balancent doucement sous le vent chaud qui nous enveloppe. J’attends, excité comme une puce sur le dos d’un chien, que ma belle îlienne se prépare pour notre première nuit d’amour pour ce premier rendez-vous galant. Après un ti zouk endiablé, après un ti sèk ou deux (ou trois, je sais plus bien, c'est traître ces trucs-là), nos estomacs crient famine, j’invite ma douce à passer à table et j’apporte le blaff encore fumant.

« 'Tention, doudou mwen, bagail la cho, cho, cho ! »

Ma belle nègzagonal porte une cuillérée à sa bouche et souffle et souffle et souffle. Elle l’engloutit, ferme les yeux et mâche délicatement. Je n’entends plus que ses bruits de succion, le souffle léger du vent dans les cocotiers, le disque de zouk qui se tait peu à peu comme pour lui laisser la parole. Je suis sur le qui-vive à guetter la moindre réaction. Elle rouvre des yeux plein de mille étoiles et dit :

« Hmmm ! Doudou, i bon memm ! »
« Vrai ? »
« Vrai, doudou mwen. On dirait celui de manman. »

Je suis aux anges !

Elle se lève, lascive, glisse vers moi, attrape mon visage pas rasé pas lavé entre ses deux mains douces qui sentent si bon la coco et dépose sur mes lèvres tremblantes un gros ti-bo plein d’amour et là, mwen, paf, je tombe dans les corossol !

« Eh, ti z’oreilles, sa ka maché ? »
« Euh… Mwen bien, mwen bien, pani problèm, doudou mwen ! »

Elle me sourit et dépose un nouveau ti-bo, puis un autre, un autre sur mes joues, mes oreilles, m’embrasse la moindre surface de peau. Je me sens défaillir, mon œil une fois de plus s’en retourne dire merde à l’autre, avant de rouler dans son orbite et que je m’écroule le nez dans la gamelle.

Pif ! Paf ! On me réveille, on m’agite. Ma belle amante me secoue comme un cocotier :

« Reviens à toi, ohlala, doudou, tiembè raid pas moli ! Vini pran an ti sèk-sèk, ça ira mieux après ! »

Pif ! Paf ! Aïe ! La belle image de ma doudou s’efface tout à coup, il fait tout noir, j’ai froid, p*** de rhum, il me monte au cervelet. Pif ! Paf ! Aïeuh ! Merdeuh ! Quoi encore ! Ce n’est plus la douce lumière des chandelles qui m’éclaire mais une lumière froide et électrique qui m’explose les pupilles. Elle est là, face à moi, folle de rage, sa mèche brune en bataille, sa main preste et leste prête à s’abattre une nouvelle fois sur mes joues endolories. Qui ? Non pas la nègzagonal qui hante mon rêve, mais ma doudou-zwézo à moi depuis quatorze ans, ma belle oiselle, mon épouse depuis bientôt dix ans, ma Nat’ à moi.

« MAIS !... MAIS !... Mais t’es complètement barré, mon pauvre, ça va pas chez toi desfois ! Il est quatre heures du mat, on se lève dans moins de deux heures, qu’est-ce que tu crois, que je vais réussir à dormir avec un type qui s’agite, qui ronchonne, qui crie, qui me saute dessus comme un sauvage en pleine nuit ?!... »

Vite, se réveiller, se secouer, réagir, trouver une parade, ne pas laisser la colère l’envahir, sinon je me retrouve sur le pallier à poil dans deux minutes.

« Euh... Ma belle, ma douce, ma tendre, Mon Unique, je... euh... Je suis désolé, je rêvais. Je rêvais de toi, ma belle, ma douce, ma tendre, Mon Unique, de toi et de tout le bonheur que j’éprouve chaque jour à tes côtés. Je... euh... »

Tout à coup, une idée de génie, z’allez voir, j’ouvre la table de nuit où je dissimule les cadeaux et j’en sors le paquet que je lui réservais. Je le lui tends, elle s’adoucit, émue, émue de fatigue peut-être, mais émue aux larmes tout de même, ce qui n'est pas rien, comprenant que je n’avais pas oublié... pas oublié, cette année.

« Bonne Saint Valentin, ma chérie ! »
Tit'

vendredi 18 mai 2007

L’invitation au voyage – Chapitre II

"Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !"
Joachim Du Bellay,
Les Regrets

Poursuivons le voyage... Vous vous souvenez ? Zanzibar, les mélanges d'épices (*) ? Bon. Maintenant que les malles sont pleines de mille et un épices, maintenant que les câles sont chargées des trésors que nous ramenons, maintenant que le bateau est paré à appareiller vers le Cap de Bonne Espérance, vers le Vieux Continent, maintenant, partons, l'heure du retour à sonner.

Une fois à terre, lorsque je vous aurais débarqué à Cancale, à Loguivy-de-la-mer, à Erquy, je vous convierais à ma table pour déguster une recette toute simple, qui alliera pendant quelques instants la Bretagne et Zanzibar, qui nous transportera en un éclair loin, sur ces îles au large de la Tanzanie qui nous ont tant fait rêver.

Bon appétit et bon voyage !

(* Lire L’invitation au voyage – Chapitre I)


Brochette de lotte et coquilles Saint Jacques, marinade de poudre de perlimpinpin, cuisson à la vapeur de basilic, sauce Noilly au corail de coquilles Saint Jacques, purée de lentilles corail

Ingrédients (pour 4 personnes)
8 coquilles Saint Jacques non parées avec corail1 morceau de 600 g de lotte (sans cartilage et sans peau)
1 CS de poudre de perlimpinpin1 bouquet de basilic
2 CS de crème épaisse2 CS de Noilly Prat
fleur de selpoivre blanc ou noir
Marche à suivre

Nettoyez puis essuyez délicatement sur du papier absorbant le bouquet de basilic.

Nettoyez à l’eau fraîche les Saint Jacques et la chair de lotte. Essuyez délicatement sur du papier absorbant. Retirez avec une lame fine le corail de chaque coquille, puis réservez-les. Découpez la lotte en 12 pièces de même poids et même forme.

Dans un plat à haut bord, disposez les Saint Jacques et la lotte, salez et poivrez légèrement, saupoudrez avec la poudre de perlimpinpin, puis mélangez délicatement le tout pour répartir uniformément les épices. Laissez mariner au frais le temps de la préparation de la sauce corail.

Dans une casserole, portez à ébullition ½ verre d’eau. Ajoutez le corail de Saint Jacques, quelques feuilles de basilic, 1 pincée de fleur de sel et quelques tours de moulin de poivre. Diminuez le feu et
cuisez le corail à eau frémissante pendant 5 minutes. Ajoutez la crème fraîche, le Noilly Prat, et portez la préparation à ébullition. Réservez.

Préparez votre purée de lentilles corail, comme décrit sur l’emballage : 1 volume de lentilles pour 5 volumes d’eau froide, cuisson : 15 minutes (20 minutes pour obtenir une purée), salez après cuisson.

Mixez votre sauce corail (idéalement au robot pour éviter les projections), jusqu’à obtention d’une préparation lisse et homogène. Rajoutez sel, poivre et crème fraîche à votre goût.

Si votre cuiseur vapeur vous le permet, préparez les brochettes. Après cuisson, la chair est plus délicate pour être maniée ; il sera plus difficile de piquer les morceaux de poisson cuits. Embrochez en alternance 2 Saint Jacques et 3 morceaux de lotte par pique à brochette. Dans le fond de votre panier vapeur, disposez 2 à 3 branches de basilic pour chaque brochette. Déposez les brochettes sur le lit de basilic. Couvrez le panier vapeur et mettez à cuire pendant 8 à 10 minutes.

Après cuisson, dressez les assiettes et servez immédiatement.

Notes

Demandez à votre poissonnier de préparer les Saint Jacques sans leur coquille. Demandez-lui également un morceau de lotte dans la partie la plus large, c’est-à-dire à proximité de la tête.

Pas le temps/l’envie de préparer votre poudre de perlimpinpin ? Pas de mortier, ni pilon ? Pas grave ! Il vous faudra au pire avoir sous la main les épices nécessaires à la marinade (disponibles en grande surface) : 10 graines de coriandre ; ½ CC de carvi ; 2 gousses de cardamome verte (dont vous prélèverez les graines) ; ½ CC anis vert ; noix de muscade râpée ou moulue ; gingembre moulu ; poivre blanc moulu.

Bon appétit,
Tit'
P.S. : OUF, voilà, j’y suis ! Beaucoup de réflexion pour cette énième et belle édition du KKVKVK proposée par Carpe Diem, toute nouvelle parmi nous et déjà organisatrice d'un KKVKVK sur Repaire et repère. Un beau challenge pour elle et pour nous ! Je n’avais plus participé depuis longtemps au KKVKVK, je suis content que cela ait pu avoir lieu. J’avais en tête cette brochette là depuis le départ, mais j’étais très frustré de ne plus trouver de Saint Jacques sur les étales de mon marché. Et puis – POF ! – coup de baguette magique, elles sont réapparues, dites, hé ! Suffisait de demander. C’est pas beau ça ?

jeudi 17 mai 2007

L’invitation au voyage – Chapitre I

"Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté."
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal

Venez ! Montez sur mon navire ! Je vous invite à un long voyage au-delà de nos frontières, vers des îles lointaines, dont le nom vous fait probablement autant rêver que moi, des terres que vous avez peut-être eu la chance de découvrir. Venez, montez à bord, faites comme le marin arabe ou perse, comme l’immigrant indien, comme l’explorateur anglais, comme le marchand portugais, arrivez par la mer pour découvrir le décor grandiose de ces longs radeaux de sable blanc posés sur l’Océan Indien, aux abords de l’Afrique qui leur a donné naissance. Venez, nous accostons, je vous invite sur les légendaires îles aux Epices, voici Unguja, la principale île de l’archipel de... Zanzibar !

Zanzibar. Le drôle de nom. Le beau nom ! Les belles syllabes exotiques, qui ébrouent mon imagination engourdie. Je suis Arthur Rimbaud, je suis Jules Verne, je suis Joseph Kessel, je n'y ai jamais mis les pieds, ces îles, je ne les ai jamais vues, mais j’en rêve !

Mais pourquoi, un voyage à Zanzibar ? Pourquoi si loin ? Parce que j’aimerais sentir un jour le goût du paradis sur terre, parce que c’est là-bas que je sais pouvoir le trouver. Parce que, ami, les épices ont ce goût de paradis !...

Dans le dernier de mes rêves, je me pensais, une fois de plus, à Zanzibar. Je tachais de m’enfuir pour ne pas souffrir, quand je constatais que le lieu dans lequel j’évoluais m’était tout à fait familier. Le soleil pénétrait par une large fenêtre ouverte, par laquelle me parvenait le chant d’un rouge-gorge. J’entendais encore le bruit de la rue, assez éloigné, les cris d’enfants qui jouaient au ballon dans la cour. Les murs de la pièce étaient laqués de jaune, un jaune profond, un jaune d’orient. Sur une table, il y avait une vingtaine de petits pots de verre, pour certains fermés, pour d’autres ouverts et il en émanait des effluves lourdes et entêtantes, qui exaltaient mon imagination… Zanzibar, encore… Une main pâle et petite, comme celle d’un enfant, se saisit de la mienne et m’attira vers elle. Au bout du bras à la peau laiteuse, pendait un petit garçon aux grands yeux mouillés et bleus. Il devait avoir quatre ans, tout au plus. Il me regardait intensément, étonné, il me caressait le dos de la main. Il me sourit, puis me dit : "Papa, qu’est-ce que tu fais ? Je peux t’aider ?". Je devais rêver éveillé, une fois de plus, car je me trouvais tout simplement dans ma cuisine, debout près de la table où je rangeais/triais mes épices. Mon fils me parlait ; il ne s’offusquait pas de mon silence. Le temps que je revienne entièrement à moi, il était reparti à ses jeux de gosse.

Sans m’en rendre compte tout de suite, ce curieux épisode avait fait naître en moi l’idée, peut-être saugrenue, de créer mes propres mélanges d’épices. Puisque je ne pouvais assouvir mon plus ardent désir (découvrir Zanzibar et ses marchés aux épices), je composais des mélanges d’épices qui me permettraient de voyager... par procuration !

Un peu à la façon d’Olivier Roellinger (ouais, j’me la pète !), voici les trois poudres magiques que j’ai imaginées.


Poudre de perlimpinpin

Ingrédients

Coriandre ; Carvi ; Cardamome ; Anis vert ; Macis ; Gingembre ; Poivre blanc

Notes dominates

Cardamome et coriandre

Utilisation

En petite quantité, pour relever une sauce, dans un court bouillon, dans l’eau de cuisson du riz, des pâtes ou des légumineuses, légèrement parsemer sur du poisson et des légumes cuits à la vapeur.

En quantité plus importante, pour une marinade de poisson.


Poudre à canon

Ingrédients

Genièvre ; Poivre noir ; Baie rose ; Sumac ; Macis ; Girofle ; Sésame ; Pavot ; Laurier ; Fleur de sel ; Herbes de Provence (sariette, romarin, serpolet, marjolaine, origan, basilic, thym)

Notes dominates

Poivre noir, sumac, sésame et baie rose.

Utilisation

Attention ! Mélange fort en goût et relevé.

En petite quantité, pour relever une sauce accompagnant une viande. Légèrement parsemer sur une viande confite ou une grillade. Idéale pour les viandes cuite au barbecue.


Poudre d'escampette

Ingrédients

Anis vert ; Gingembre ; Vanille ; Cannelle ; Sucre ; Epices (cannelle, muscade, girofle)

Notes dominates

Anis vert, gingembre et vanille

Utilisation

En petite quantité, pour relever une crème dessert, pour relever une compote, une confiture, pour parfumer des crêpes, une salade de fruits.

En quantité plus importante, pour parfumer une pâte à sablés, un pain d’épices.

Marche à suivre

Munissez-vous d’un mortier et d’un pilon ou idéalement d’un moulin à café efficace. Faites légèrement chauffer chaque mélange d’épices dans une poêle sèche (1 à 2 min.). Dès que le parfum des épices embaume la pièce, versez les épices dans le mortier et réduisez en poudre plus ou moins fine. Versez et conserver les poudres dans de petits pots en verre bien hermétiques.

Un cas d’application ?... Aller, montez, j’vous emmène !

KKVKVV(*) ?
Tit'

(* Ki Ki Veut Ki Vient Voyager)