Riz au Lait du Fond des Bois
Merdre, aurait dit Ubu, il est temps que je migre ou que j'hiberne, c'est comme tu veux tu choiz' ! Je vois bien que c'est pas la grande forme. Je vois bien que j'ai pas la frite, ni la force de me réveiller aux premières lueurs du jour pour piailler mon amûûûr du monde. Mes cuicuis matinaux sont plutôt faiblards et j'entonne mon chant avec moins d'entrain qu'auparavant. Mais qui s'en soucie, hein ? Pour tout dire, j'en ai ras les plumes de la ville, ras les plumes des étourneaux, p... de racailles à gros bec qui polluent mon sommeil. Oui, il est temps, grand temps que j'me casse !
Tu sais ce qui me ferait plaisir ? - J'peux te dire TU, hein ? On s'connait bien maintenant. Le voussoiement, c'est bon pour les autres ! - Tu sais ce qui me ferait plaisir, mais plaisir, vraiment ? J'aimerais ficeler mon paquetage, emporter 3-4 bouquins avec moi (Lesquels ? Je prendrais celui du moment, American Darling de l'américain Russell Banks, un livre de chevet, La fille de l'homme au piano du canadien Timothy Findley ou son fantastique Pilgrim, puis un recueil de poésie qu'il me serait difficile de choisir : Hugo, Rimbaud ou Verlaine ? Paul Valéry, Saint-John Perse ou Blaise Cendrars ? Et puis non, ce serait Capitale de la douleur de Paul Eluard, forcément !... Et aussi Alcools d'Apollinaire !), j'apporterais un crayon et quelques feuilles de papier pour prendre des notes, une boîte de madeleines, une tablette de chocolat noir, du thé en vrac et je m'envolerais loin, loin, loin...
Je veux m'enfuir, me réfugier, m'isoler au plus profond de la forêt, au calme, à plusieurs milles de la ville. J'ai une envie viscérale de sentir cette odeur si particulière des sous-bois, ce mélange de terre mouillée, d'humus, de feuilles en décomposition ; j'ai envie de me nourrir de l'écorce des arbres, de fouiller la terre à la recherche des graines qui germent sous la mousse ; j'ai envie d'un arbre creux pour me blottir dans la châleur duveteuse d'un nid douillet de ma confection ; j'ai envie de tout cela, oui mais voilà ce n'est guère le moment d'écouter mes états d'âme. Les vacances, le repos bien mérité, après trois mois et des brouettes de travail intensif, c'est pas pour tout de suite. Pour ça, il va falloir être patient. Très patient...

Si cela te chante, voici la recette :
Riz au lait du fond des bois
Ingrédients
1 litre de lait d'amandes | 125 g de riz rond |
75 g de sucre roux | 1 gousse de vanille Bourbon |
1 bâton de cannelle | 1 étoile de badiane |
1 noix de muscade ou du macis | 1/2 CC de fève tonka râpée |
25 g de beurre demi-sel | quelques noisettes entières (fac.) |
Marche à suivre
Rincer le riz à l'eau fraîche et égoutter.
Mettre le riz à cuire pendant 20 à 30 minutes, selon la consistance du riz souhaitée, à feu doux dans une casserole avec le lait d'amande, le sucre, la gousse de vanille fendue en 2, le bâton de cannelle, la badiane, la muscade et la fève tonka râpée.
En fin de cuisson, ajouter une noix de beurre, mélanger puis réserver.
Déguster tiède ou froid, avec un thé fumé Lapsang Souchong ou idéalement avec un thé Pu-erh, -mon préféré- qui saura allier ses saveurs de terre fermentée avec les saveurs de fruits secs, boisées et épicées du riz au lait.
Bon appétit !
Et pendant que j'y pense, rendons à César ce qui appartient à César, merci mille fois, ma chère Cléa, pour m'avoir permis de savoir comment utiliser mon lait d'amande !