mercredi 1 décembre 2010

Derniers mots...

On va dire que c'en est fini, ce sera mieux tout de suite.

Pas de mystère.

Toutefois... Non, je ne vais pas abandonner comme cela. Il y a une suite à cette histoire que j'ai démarré il y a plus de cinq ans maintenant. Seulement, la suite se fera ailleurs, tout simplement.

Je vous en prie, poursuivez...

Cela se passe là : http://www.voircicontre.fr/cuisine

Profitez donc pour mettre à jour vos bloglines en ajoutant dès à présent les trois adresses ci-dessous :

A très bientôt... et revenez sur ces pages quand cela vous plaira, elles resteront à votre disposition tant que les dieux d'l'Internet et Blogger en voudront bien. C'est vrai que j'y étais pas si mal... :)

Tit'

samedi 6 novembre 2010

« J’ai descendu dans mon jardin...» : les résultats

Il y a un peu moins de trois mois, je vous faisais part de ma participation en tant que jury au concours de photographie culinaire réservé aux blogueurs dans le cadre du Festival International de la Photographie Culinaire et avec le partenariat du site 750 Grammes. Ce concours s'est achevé le 15 octobre dernier avec de très belles participations... et quelques publications un peu (beaucoup) à côté de la plaque. A mon grand étonnement. Il y avait en effet une thématique à respecter et ce sont les photographies qui illustraient le mieux cette thématique qui avaient le plus de chance de l'emporter.

« J’ai descendu dans mon jardin... »

Il est temps aujourd'hui de vous révéler le résultat de nos délibérations.
A mes côtés, Isabelle Rozenbaum, photographe culinaire (www.oreille-culinaire.fr et http://www.rozenbaum.com/),  Chef Damien (www.750g.com) et Jean-Pierre Stéphan, président fondateur du Festival.

Quand je vois ce qui suit, je me dis que j'aurais mieux fait de prendre les paris, car j'ai joué le bon quinté ! :-)

1. Émilie du blog Griottes
http://www.griottes.fr/noir



Un ÉNOOORME BRAVO à Emilie pour ses magnifiques tableaux. Elle avait pris un risque, dit-elle. Pas le moins du monde, au contraire. Et cette première place le prouve !... Bon, maintenant..., si Emilie ne sait pas qui inviter pour aller déjeuner chez Alain Passard, je suis son homme ! ;-))

2. Aline du blog My Little Fabric
http://www.mylittlefabric.com/jai-descendu-dans-mon-jardin/


 

Voilà qui est amplement mérité. Aline a réalisé un très beau travail. Il s'en est fallu de peu qu'elle prenne la tête de ce concours... J'en ai également profité pour découvrir son très joli blog. J'y reviens en courant !

3. Parigote du blog Les Carnets d'une connasse de parisienne
http://www.carnetsparisiens.com/2010/10/12/salade-radis-quinoa-noir-courge-champignons/


Ma Chère Connasse Parisienne - Me permettrez-vous de vous appeler par votre sympathique petit nom ? ;) -, c'est là un vote coup de cœur qui vous propulse ainsi à la troisième place de ce concours. Le choix d'une présentation de saison a été judicieux. Et la simplicité de la recette et de ce qu'elle éveillait à mes pupilles/papilles ont fait le reste. Bravo !

4. Ventura Melody du blog Le Boudoir Gourmand
http://www.leboudoirgourmand.fr/recettes-salees/jai-descendu-dans-mon-jardin/


Bravo à Mélody ! L'idée d'un jardin miniature frais et gourmand s'inscrivait parfaitement dans la thématique du concours. Un cadre plus large et une petite mise-en-scène autour de "l'assiette" auraient très certainement permis de marquer des points. Une jolie quatrième place !

5. Anne-Marie Demay du blog Panier de saison
http://www.panierdesaison.com/2010/09/votez-pour-ma-photo-au-concours-de-la-photo-culinaire.html


Bravo à Anne pour cette 5ème place ! Ce panier plein de croquant était semble-t-il tout à l'image de son blog. Une fraîcheur bien vue.

Et voilà, vous savez tout !

La lauréate de ce premier concours gagne un repas pour deux personnes chez Alain Passard, offert par www.750g.com, ainsi qu'un robot Artisan KitchenAid. Emilie se verra également remettre le trophée « Lentille d'or du Prix des Blogueurs culinaires » lors de la soirée de Remise des Prix du Festival, le 9 novembre 2010, à l'Espace Mobalpa (Paris).

Aline et Parigote, respectivement second et troisième prix, seront récompensées par 750 Grammes.

Vous retrouverez les photographies lauréates exposées lors du Salon du Blog Culinaire (http://www.salondublogculinaire.com/) de Soissons les 20 et 21 Novembre prochain.

A très bientôt,
Tit'

lundi 27 septembre 2010

L’automne en douceur...

Je ne l’ai pas vu arriver, je ne l’ai pas entendu entrer. Il a suffit de quelques gouttes de pluie pour que son puissant parfum de terre mouillée des sous-bois pénètre jusqu’à mes narines par la porte entrouverte. Pourtant, il y avait des signes. La fraîcheur que je croyais matinale était encore là à midi sur mes doigts engourdis et ma gorge dégagée. J’aurais dû me couvrir un peu plus pour l’affronter. L’automne.

Tout à coup j’ai eu besoin de me réchauffer. Première flambée de bois sec, les pieds en éventail devant le foyer allumé dans des chaussettes qui montent un peu plus haut sur la jambe. Tout à coup, j’ai eu envie de douceur. Premiers plats d’automne. Rôti de porc au lait, champignons (girolles, morilles, champignons blancs) à la forestière, tarte aux pommes… Rien de plus doux que ce rôti aromatique, dont voici l’histoire.

Rôti de porc au lait aillé et aux épices douces

Ingrédients (pour 6-8 personnes)

1 beau rôti de 1,5 kg de porc fermier roulé et bardé par votre boucher ; 1 litre de lait (entier et cru de préférence) ; 1 dizaine de gousses d’ail non épluchées ; 75 g de mie de pain ; 1 bâton de cannelle ; 1 clou de girofle ; noix de muscade ; sel ; poivre

Marche à suivre

Sortez lait et viande du réfrigérateur au moins deux heures avant de les cuisiner pour les amener à température ambiante.

Plus tard, préchauffez votre four à 160°C.

Dans une cocotte pouvant aller au four, déposez au fond le rôti, les gousses d’ail non épluchées, le bâton de cannelle et le clou de girofle. Arrosez avec le lait. Salez, poivrez et râpez une quantité suffisante de noix de muscade pour aromatiser le lait et la viande. Mettez au four et laissez cuire lentement – mais sûrement – à chaleur douce pendant 1h20.

Retournez le rôti toutes les quinze minutes pendant la cuisson. Surveillez bien que le lait ne déborde pas.

Lorsque la viande est cuite, égouttez-la et réservez-la dans du papier d’aluminium. Avec le bouillon de lait, réalisez une sauce. Retirez le bâton de cannelle et le clou de girofle, puis passez dans un bol haut quelques louches de lait parfumé et les gousses d’ail que vous écrasez dans un chinois. Ajoutez la mie de pain dans le lait et mixez longuement jusqu’à ce que le mélange devienne onctueux et mousseux. Rectifiez l’assaisonnement si besoin.

Servez immédiatement de fines tranches de rôti arrosez de sauce et régalez-vous. Accompagnez la viande de champignons à la forestière, sautés dans une grosse noisette de beurre, et de petits paniers de haricots verts simplement bouillis ou cuits à la vapeur.

Pour les allergiques, n’ayez pas peur, l’ail n’emporte pas votre palet. Les arômes de cette sauce sont doux et délicats.

Là-dessus, pour donner de la fraîcheur à cet ensemble gourmand, buvez un Bourgogne blanc avec un peu de caractère (fruits secs et miel), comme un Bouzeron par exemple, ou, faites comme moi ce dimanche, servez un fantastique vin de table blanc issu d’un ancien cépage corse, Bianco Gentile 2009, cultivé par Antoine Arena du côté de Patrimonio. Au nez : mirabelle, coing, noisettes ; en bouche : de la rondeur et de la soie. De saison, donc !

Piqûre de rappelle ! N’oubliez pas qu’il est encore temps de participer au concours organisé dans le cadre du second Festival International de la Photographie Culinaire pour le Prix du Blogueur Culinaire. En tant que jury de ce concours, j’aurais le plaisir de choisir les photographies gagnantes auprès d’Isabelle Rozenbaum, photographe (L'Oreille Culinaire), et Chef Damien (750g). Pour participer, rien de plus simple, vous avez jusqu’au 15 octobre 2010 pour nous faire parvenir vos participations, selon les modalités expliquées dans le billet précédent. En cas de difficulté d’acheminement de vos réalisations, n’hésitez pas à contacter directement les organisateurs de ce concours sur le site de 750g (Marie-Rose : mrdomingues [at] 750g.com). Ils valideront ainsi vos participations.

A bientôt,
Tit'

mercredi 18 août 2010

« J’ai descendu dans mon jardin...»

Certes, je suis fort fort silencieux, voire fort fort absent, mais je n'en suis pas moins pas très loin, juste derrière vous, là. C'est moi qui lit au dessus de votre épaule, voui voui. Je sais, c'est désagréab', mais c'est comme ça et pis c'est tout. En attendant, rien ne vous empêche de participer activement au second Concours International de Photographie Culinaire. J'ai été en effet convié par Chef Damien (www.750g.com), à participer à ce concours en tant que jury pour le Prix des Blogueurs Culinaires.

J'attends de vous que vous vous éclatiez pour faire briller mes papilles et baver mes pupilles... ou l'inverse, je sais plus, tenez ! ;)

Comment participer à la compétition ?

Le Prix des Blogueurs Culinaires récompensera l'internaute ayant produit la plus belle image d'une recette sur le thème du végétal dans l'assiette. « J’ai descendu dans mon jardin...», cela vous dit quelque chose ?

Le blogueur devra déposer sa photographie et sa recette (3 maximum par blogueur) sur son blog et sur le compte Facebook de 750 Grammes en incitant les internautes à commenter sa photographie.

Le concours sera ouvert du 10 Août au 15 octobre 2010.

Le choix du lauréat ?

Les dix photographies ayant obtenues le plus de commentaires sur Facebook seront finalistes.

Dix autres photographies seront sélectionnées pour leur qualité artistique par un jury placé sous la houlette d'Isabelle Rozenbaum, photographe culinaire (voir www.oreille-culinaire.fr et http://www.rozenbaum.com/), de Chef Damien du site culinaire www.750g.com, de Jean-Pierre Stéphan, président fondateur du Festival International de la Photographie Culinaire et du blogueur culinaire Tit' du blog Num Num, Birdy! [ça, c'est bibi !].

Parmi ce total de vingt photographies en compétition, dix seront choisies par ce même jury, dont celle du lauréat du Prix des Blogueurs Culinaires.

Les Prix

Le lauréat gagnera un repas pour deux personnes chez Alain Passard, offert par www.750g.com, un robot Artisan KitchenAid, et se verra remettre le trophée « Lentille d'or du Prix des Blogueurs culinaires » lors de la soirée de Remise des Prix du Festival, le 9 novembre 2010, à l'Espace Mobalpa (Paris).

Les second et troisième prix seront récompensés par 750 Grammes. La photographie ayant reçue le plus grand nombre de commentaires sera aussi récompensée.

Les dix photographies lauréates seront exposées lors du Salon du Blog Culinaire de Soissons les 20 et 21 Novembre 2010.

En savoir plus

Pour plus d'informations, www.festivalphotoculinaire.com

A très bientôt,

Tit'

mardi 15 juin 2010

Les cerises de Morangis

J’avais disparu. Hop, envolé le Oiseau ! J’avais laissé mes pots, mes marmites et ma gourmandise dans, je ne sais, quel état j’erre. Je vous abandonnais avec une promesse de retour très bientôt et l’hiver et ses frimas qui tardaient à partir refroidissaient mon enthousiasme. Le printemps est maintenant presque fané, alors que l’été peine à exister. Je vous néglige et je ne reviens que parce que j’ai encore la langue toute cramoisie d’un plaisir que je veux partager avec vous.

Dimanche, j’ai cueilli des cerises de Morangis. Certains diront « à Morangis », parce qu’il n’est pas d’espèce répertoriée, endémique ou connue sous cette appellation et parce que je les ai ramassées à Morangis. Cependant, je décrète que ces cerises sont belles et bien des cerises de Morangis, rapport au fait que je suis fin connaisseur de la chose, comme tout oiseau-bouffeur-de qui se respecte et qu'elles ont un goût unique, un goût de Morangis. Donc, dimanche, j’ai cueilli des cerises de Morangis.

Dimanche – pas celui-ci, mais peu importe, le temps est une notion toute relative –, j’ai ramassé quelques belles hampes de fleurs blanches de sureau noir de Longpont. Certains – les mêmes, des emmerdeurs pour sûr ! – diraient « à Longpont », parce qu’il n’est pas d’espèce de sureau noire endémique à Longpont qui pourrait lui donner son nom. Cependant, je décrète que ces fleurs étaient issues de deux beaux pieds de sureau de Longpont, rapport au fait que je dis rien mais j’en pense pas moins, je fais ce que je veux !...

Dimanche, en rentrant de Morangis à Longpont (et non l’inverse, sinon c’est pas possible), j’ai planté mes doigts dans la chair tendre de cette petite cerise juteuse et sucrée à souhait, pour en retirer le noyau, ce noyau qui trouvait si souvent le chemin de mon gosier autrefois, lorsque je passais mes après-midis dans le magnifique cerisier de ma marraine, rue de la Paix, les pieds bien calés sur l'avant-dernier barreau de l’échelle à me bâfrer de bigarreaux Napoléon qui resteront longtemps mes cerises préférées. De cette chair si belle et si sombre, j’en ai fait des confitures (Tiens, donc ?!) qui, mêlées au sirop de sureau de fraîche date, ont pris une ampleur en bouche assez incroyable. A moi la délicieuse confiture !...

Confiture aux cerises et au sirop de sureau

Allégée en sucre, cette confiture ne se garde pas éternellement. A consommer rapidement et à conserver au frais en attendant d’être dégustée. En même temps, je suis convaincu qu’il faudra aussi peu de temps pour la dévorer que de temps pour la préparer.

Ingrédients

500 g de chair de cerises sucrées et sombres ; 250 g de sucre roux ; 1 jus de citron ; 3 CS de sirop de sureau maison ; 1 CC d’agar-agar en poudre

Marche à suivre

Jour 1 – Lavez et essuyez les fruits. Coupez-les en deux et dénoyautez-les. Dans un grand bol en verre, mélangez les cerises, arrosez du jus du citron avec le sucre et les cuillères à soupe de sirop de sureau. Laissez macérer au frais pendant une heure, puis mélangez bien. Dans une casserole à bords hauts, versez la préparation et portez-la légèrement à ébullition. Coupez le feu. Réservez.

Jour 2 – Le lendemain, portez la préparation à ébullition. Avec un thermomètre à sucre, contrôlez la concentration du sirop à 105°C. Écumez. Une fois la température atteinte, ajoutez la poudre d’agar-agar mélangée à une cuillère de sucre, puis portez à petit bouillon pendant 2 minutes. Mélangez bien et versez dans des pots bien propres que vous retournerez une fois fermés pour stériliser « à l’anglaise ».

Oh, attendez, pas si vite, je ne vous ai pas raconté la fin de l’histoire !... Parce qu’il y a une histoire et que dans toute histoire, il doit y avoir une fin. Quoique. Là, je ne suis pas certain que celle-ci s’achève de sitôt...

Dimanche, je cueillais des cerises de Morangis et j’en faisais des confitures, mais...

Rapidement, j’ai regretté. J’ai vu le tableau d’ici : je n’en avais pas pris assez et cette merveille partirait vite, très vite. Pas d’autre choix : il fallait retourner à la cueillette ! Ce matin, ni une ni deux, je m’échappe jusqu’à Morangis, le panier sous le bras et je pénètre en catimini sur le terrain de l’heureux propriétaire de ces arbres chargés de fruits. Il a bien voulu me céder l'avant-veille à contrecœur quelques uns de ces bijoux, pas sûr qu’il accepte de sacrifier une fois de plus son bien à un oiseau aussi tordu que moi. Et pis, chemin faisant, je me dis qu’il en a bien assez, que tous les arbres ne sont pas encore mûrs, qu’il ne s’apercevra pas de la disparition de deux ou trois pauvres (kilos de) cerises. Après tout, les perruches s’en chargent volontiers à ma place et elles, on ne leur dit rien. J’étais à peine monté à l’échelle, la tête dans le feuillage comme on l’a dans les nuages quand on est tout heureux, et la bouche qui crachait les noyaux par salves, que je perçus un mouvement quelques mètres plus bas. Je vis alors s’avancer un mastodonte : mi homme mi-démon, la carrure impressionnante, la rage au coin de la bouche, le regard chargé d’éclairs rouge sang, l’animal paraissait prêt à en découdre avec le pillard de basse-cour que je suis. Moi, pas fol le oiseau, je me carapate vers le sommet de l’échelle, j’escalade, j’accroche une branche et me pose, juste le temps de voir disparaître l’escabeau et mon panier de cerises sous les invectives du pauvre homme que je dévalisais, à l'entendre. Tout tourneboulé de m’être fait ainsi pincer la main dans l’sac, comme un (oiseau) bleu, je tachais de me remettre vite de mes émotions pour trouver comment fuir.

Pendant ce temps, cet ours mal léché de propriétaire terrien (appelons-le Jean-Luc, car le prénom Jean-Luc sied bien aux ours d’autant plus quand ils sont mal léchés, propriétaires et terriens), a ouvert la grille, a sifflé vaguement avec ses doigts, et j’ai pu apercevoir débouler en trombes depuis l’autre côté du verger, un autre mastodonte, un canidé celui-là, qui s’est posté sous l’arbre, sans un aboiement ni un grognement, sans montrer les dents, mais avec un regard si perçant qu’il m’aurait transformé en pierre si j’avais osé le croiser et qui en disait suffisamment long sur ses intentions si j’entreprenais le moindre geste vers la porte de sortie. Malgré ma confusion et les plus plates excuses que je lançais à l’intention du Jean-Luc, elle – car le chien est une chienne – me guettait et n’en démordait pas !

Maintenant, j’aimerais bien pouvoir descendre, hein, mes loulous, hein, Jean-Luc, tu vas z’être sympathique. Rhooo, allons don', c’était rien qu’une petite blaguounette, quelques petites cerises de rien du tout et pis valààà, hinhin-hinhin-hinhin* !... [*RIRE JAUNE]

A très bientôt… enfin, si je m’en sors ! ;)
Tit'

mercredi 10 février 2010

Les confitures, 1982

D'aussi loin que je me souvienne, le plus grand émoi de mes papilles d'enfant remonte à la fin de l'été 82 – j'avais alors huit ans. Je passais mes journées à œuvrer en pleine canicule, sans eau ni chapeau, dans cette Bretagne de l'intérieur que certaines mauvaises langues disent pourtant si humide, les bras plongés jusqu’aux épaules dans des buissons de ronces parfois hauts comme trois fois mes trois pommes et demi de l'époque, à cueillir des mûres sauvages. Cet été-là, les paniers explosaient sous le poids de fruits larges comme une pièce de deux francs. Il y en avait tellement suspendus aux lianes acérées qui flanchaient, sur les talus, dans les chemins que nous parcourions à bicyclette et qui menaient chez nous au lieu-dit « Le Vern » (Poullaouën, Finistère ; voir photographies de la maison et du hameau en 1965 et 2008), que nous ne savions par où commencer mon frangin et moi. Entre deux bastons – notre manière à nous de nous dire comme nous nous aimions… ’Fin, surtout mon grand-frère, parce que moi je rêvais plutôt de le voir (tré)passer sous une moissonneuse-batteuse dont le conducteur se serait assoupi la gueule enfoncée sur le volant et le pied sur la pédale d’accélérateur, ou se faire trépigner par un troupeau de vaches laitières rendues furieuses par la piqure d’un taon, ou mieux encore être asphyxié par les gaz pestilentiels de la fosse à purin dans laquelle une pauvre âme enfantine, innocente par essence, l’aurait aidé à s’y glisser en lui vantant les mérites pour la santé des bains de bou(s)e, la bonne idée, histoire qu’il me fiche enfin la paix, le sale môme ! –, entre deux bastons, disais-je, nous amassions les mûres par centaines, nous menions une récolte acharnée, aucun de ces arbrisseaux ne nous échappaient. Comme cela ne suffisait pas, nous en avalions par dizaines au passage, la langue, les dents, les lèvres, le menton, le cou, les doigts, les bras, les tee-shirts, les bermudas et les chaussures de tennis violets ou noirs du jus sucré de fruits mûrs à souhait. Nous avions passé tant de temps à la cueillette, perchés sur la pointe des pieds ou suspendus aux branches de noisetiers qui ployaient sous nos poids de grandes gigues, que nous ne nous étions pas rendus compte que nous avions perdu tous les deux nos premières montres à quartz offertes deux mois plus tôt par notre Pépé. Nous en retrouverons une des années plus tard dans le roncier où j’étais certain de la sentir se décrocher de mon poignet, agrippée par les piquants, rouillée et forcément hors d’usage. A la maison, nous turbinions dur aussi : ma petite sœur triait, mon père lavait et séchait, ma mère mettait à macérer dans le sucre cristal, cuisait et mettait en pot des kilogrammes de confiture ou de gelée de mûre sauvage et moi je trépignais en attendant que les pots refroidissent, que la confiture prenne et que nous puissions enfin la déguster sur des tartines de pain frais beurrées – au beurre demi-sel, cela s’entend. J’aimerais vous dire quel plaisir c’était, quel sentiment de fierté du travail accompli nous ressentions alors. Cependant, si je me lançais, je craindrais de ne pas avoir le temps de vous raconter qu’après les mûres, la frénésie qui avait gagnée la famille était restée intacte jusqu’au retour des vacances ; une fois notre petit pavillon de la région parisienne réintégré, le coffre de la voiture à peine déchargé de ses bagages et de ses pots de confitures de mûres se remplissait à nouveau d’une quantité astronomique de quetsches, de mirabelles, de pommes, de poires et de coings. Nos parents se remettaient à la tache sans rechigner et nous nous impatientions de pouvoir découvrir ces merveilles dans les pots perchés tout en haut du meuble de cuisine pour que nous ne puissions y accéder en cachette sans courir le risque de nous briser le cou.

Depuis cette époque, je voue un amour inconditionnel et immodéré à la confiture. Si la mûre sauvage remporte incontestablement tous les suffrages – quoique bien après la crème de marron, la véritable crème de marron, j’entends, de celle que je ne ferais jamais car trop fainéant, de celle qui réclame des heures et des heures de patience à ramasser les fruits dans la futaie, à les trier, à les laver, à les fendre, à les ébouillanter une première fois, à les éplucher une première fois, à les ébouillanter une seconde fois, à les éplucher une seconde fois à ne plus en avoir de doigt, à les mettre à réduire dans le sirop et à transformer ces trésors enfin en la plus fabuleuse des confitures, si onctueuse qu’on dirait de la crème, de celle que seuls les grands-parents de ma belle oiselle nous honorent chaque année depuis seize ans (saurais-je jamais leur exprimer assez tout le bonheur que j’éprouve à chaque fois que je m’en délecte ?) –, si la mûre sauvage remporte incontestablement tous les suffrages, disais-je, j’ai du mal à ne pas aimer une confiture, plus particulièrement si elle est faite maison – les habitués de ce blog s’en seront rendus compte. Depuis quelques semaines, alors que je n’en avais jamais exprimé le besoin auparavant estimant que j’avais suffisamment de savoir-faire pour avoir souvent observé ma mère, mon père et ma Mémé Phine faire et refaire les mêmes gestes patients et ordonnés, et suffisamment d’imagination et de connaissance des produits pour sortir des sentiers battus et rebattus par des siècles de pratique, je me suis procuré un petit ouvrage que je ne saurais trop recommander à ceux que la réalisation de la confiture effraie...

Christine Ferber, Mes Confitures
éd. J’ai lu (prix : 4,75€)

Au-delà d’idées originales et (diablement) tentantes, la méthode irréprochable décrite par la « fée des confitures » mérite que vous vous y intéressiez. Je ne parle pas pour moi en effet, car j’ai l’impression en la lisant que je n’ai jamais préparé de confiture autrement. Seulement, si vous êtes novice, que vous avez peur de vous lancer et que vous préférez manger les confitures que vous prépare avec amour Grand-Mamie – bientôt 90 ans et toujours bon pied bon œil, sauf que parfois elle confond le sel et le sucre –, vous devriez impérativement vous procurer ce livre édité aujourd’hui au format poche. Vous apprécierez, tout comme moi, le regard bienveillant que Christine Ferber porte aux fruits récoltés et sélectionnés avec amour. Comme elle le ferait de ses enfants, Christine l’alsacienne les choie, les dorlote, elle les nettoie, les essuie délicatement ; avec l’autorité nécessaire dans le geste, elle les pèle minutieusement, les découpe de façon bien régulière, elle en retire le cœur, elle les met à mariner, à macérer, les force à donner le meilleur d’eux-mêmes, jusqu’à la cuisson où ils baignent dans ce bain de sucre fondu quelques brèves minutes pour confire. Christine Ferber sait comment sublimer ses sujets. Pourquoi pas vous ?

Après cela, si la réalisation des confitures vous effraye toujours, c’est que vous êtes rien moins que des gros peureux ou d’affreux fainéants. Pour l’heure, voici quelques recettes de confitures et gelées réalisées au fil des saisons, belles et bien inspirées par la cheffe pâtissière de Nordemirerschwihr… de Nihrmidorviwish… Zut, c’est pas ça nan plus ! La pâtissière de Niedermorschwihr. Ah ! Voilà qui est mieux. (Pffiou, pas fastoche, hein !)

Attention ! Je me répèterais un peu pour certains, mais je diminue toujours d’au moins 50 ou 150 g la quantité de sucre pour réaliser des confitures. Pour 500 g de fruits net (sans noyau et sans peau), j’ajoute systématiquement 400 g de sucre et 1 jus de citron. Je diminue encore de 50 à 100 g la quantité de sucre, quand je veux faire des confitures allégées. Notez que celles-ci se conserveront bien moins longtemps et reposeront au réfrigérateur après complet refroidissement et avant d’être dégustée.

Ci-après, une première recette...

Confiture d’abricots confits

Ce rayon de soleil culinaire est librement inspiré par Christine Ferber (Mes Confitures, « Abricots bergerons », p.65). Les ziozios et leur gros patèr’ de dodu dodo en sont férus : dans un yaourt ou sur une tranche de brioche, c’est un régal ! Pour vous y coller, il faudra cependant patienter quelques mois que la saison revienne...

Ingrédients

600 g d’abricots mûrs mais suffisamment ferme ; 400 d de sucre roux ; 100 ml d’eau ; 1 jus de citron

Marche à suivre

Jour 1 – Lavez et essuyez les fruits. Coupez-les en quatre et dénoyautez-les. Dans un grand bol en verre, mélangez les quartiers d’abricots arrosez du jus du citron avec le sucre. Laissez macérer au frais pendant une nuit.

Jour 2 – Dans une casserole à bords hauts, versez la préparation et portez-la légèrement à ébullition. Coupez le feu. Réservez. Dès refroidissement, retirez la peau des quartiers d’abricot. Portez une seconde fois à légère ébullition pendant 2 minutes. Renouvelez le bouillon 2, 4 et 6 heures plus tard, pour confire un maximum les abricots. Réservez une nouvelle nuit au frais.

Jour 3 – Egouttez la préparation, réservez les fruits et portez le jus recueilli à ébullition. Avec un thermomètre à sucre, contrôlez la concentration du sirop à 105°C. Ecumez. Une fois la température atteinte, ajoutez délicatement les quartiers d’abricot confits. Maintenez une cuisson à petit bouillon pendant 2 minutes. Versez dans des pots bien propres que vous retournerez une fois fermés pour stériliser « à l’anglaise ».

C'est tout pour le moment... Pour d'autres recettes de confiture (confiture melon, vanille et citron vert, confiture mirabelles, vanille et gewürztraminer, confiture quetsche et vanille, confiture figues, miel et lavande, gelée de raisin muscat, confiture kiwi et tomates vertes), repassez plus tard ! :-)

Tit'

mardi 12 janvier 2010

Un bouillon comme ça



Soufflez, soufflez, mes petits zioziozillongazouilleurs !

Buvez, buvez ce bon bouillon qui vous réchauffe les aileronprèducoeur !

Ce début d'année est bien glacé. Voilà qui n'est pas pour me déplaire. On annonce encore de la neige demain... Alors, pour lutter contre les frimas...

Un bouillon "comme ça" anti-frimas

Ingrédients

1 beau poulet fermier ; 4 bâton de citronnelle ; 1 pouce de gingembre frais ; 4 clous de girofle ; 4 grains de poivre noir ; 4 baies de genièvre ; 4 baies de coriandre ; quelques pincées d'épices ; 4 carottes ; 1 oignon ; 1/2 paquet de pâtes soba ; 2 grosses poignées d'épinards (surgelés) ; 4 grosses poignées de petits pois (surgelés) ; 1 petites poignées de champignons déshydratés ; 1 CS de sauce d'huître ; 1 bouquet de coriandre ; 1 bouquet garni ; 1 CC de gros sel ;

Marche à suivre

Coupez le poulet en 6 morceaux : les ailes, les cuisses, puis la carcasse en deux dans le sens de la longueur. Plongez les morceaux de volaille dans 3 à 4 litres d'eau froide, en fonction de votre contenant. Portez très lentement à ébullition. Écumez régulièrement. Lorsque le bouillon ne produit plus d'écume, ajoutez les bâtons de citronnelle, le morceau de gingembre frais épluché, les clous de girofle, le poivre, les baies de genièvre et de coriandre légèrement écrasées, les épices, le bouquet garni, les carottes épluchées, nettoyées et débitées en 4 tronçons chacune. Salez, couvrez, puis maintenez à court bouillon pendant près de deux heures. La viande se détachera toute seule de la carcasse.

Une fois le bouillon de volaille prêt, retirez les légumes, les épices et la viande. Débarrassez-vous des épices. Désossez et retirez la peau de la viande. Filtrez le bouillon, puis réservez-le éventuellement au frais jusqu'à ce que la matière grasse remonte à la surface et se solidifie. Retirez à l'écumoire. Portez à nouveau le bouillon à ébullition, ajoutez les champignons déshydratés et la sauce d'huître. Lorsque les champignons semblent bien gonflés, ajoutez les légumes (carottes, épinards, petits pois) et les pâtes soba. Cuisson : 6 à 7 minutes à feu doux. Ajoutez au moment de servir, des feuilles de coriandre. Servez et consommez bien chaud.

Et puisque je manque à tous mes devoirs...

mEillEuRs VoeUx  2o1O  à tOuS !

A bientôt !
Tit'

mercredi 23 décembre 2009

FoieGras 3.2


La troisième fut la bonne : contrôle à la thermo-sonde pour une cuisson parfaite ; marinade équilibrée, ni trop salée ni trop peu ; du poivre juste ce qu'il faut ; une touche de liqueur ou de muscat ; un rien d'un mélange d'épices concocté par mes soins que je me réserve le droit de ne pas révéler.

FoieGras 3.1 (2008) : Foie gras mi-cuit, pomme et gingembre, d'après la recette de Laurent Brébion (La Tour des Sens, 38570 Tencin, Isère), dégusté avec une impressionnante Cuvée Marie de Charles Hours 2003 (et pas une autre année !), un vin qui n'a pu obtenir l'appellation "Jurançon sec" cette année-là, la canicule estivale ayant favorisé une concentration trop importante de sucre dans le raisin.

FoieGras 3.2 (2009) : Foie gras mi-cuit, gelée et balsamique de coing, release incluant des évolutions majeures et indissociables de la recherche du goût et du plaisir sans complexe, full-compatible avec la merveilleuse eau de coing NIAC 3.2 de la maison Bras (Bras, Laguiole, France), achetée tout exprès pour la réalisation de cette recette griffonnée sur un bout de papier froissé dans le métro parisien et que nous dégusterons bien fraîche et sans aucune modération.

FoieGras 3.2

Ingrédient (pour 8 personnes)
1 lobe de foie gras de canard extra de 500 g environ toujours sympathiquement dénervé par votre toujours sympathique boucher ; 2 coings ; 1 quantité suffisante + 1 grosse cuillère à soupe de sucre cristal ; 1 feuille de gélatine alimentaire ; 50 ml de NIAC 3.2 (eau de coing de la maison Bras) ; 30 ml de vinaigre de cidre ou de vinaigre balsamique blanc ou de pomme ; 5 g de sel ; poivre noir ; épices
Terrine de foie gras mi-cuit (de J-6 à J-3)
J-6. Sortez le foie gras du réfrigérateur et laissez-le à température ambiante quelques instants pour qu’il ramollisse et soit plus facile à manipuler. Assaisonnez les lobes avec le sel, le poivre, les épices et arrosez avec 20 ml d'eau de coing. Placez le foie gras avec sa marinade dans une terrine et recouvrez d’un film alimentaire. Réservez au réfrigérateur pendant 24h.
J-5. Sortez le foie mariné du réfrigérateur. Préchauffez le four à 100°C (ou 80°C pour un four à chaleur tournante). Retirez le film alimentaire, couvrez la terrine et mettez à cuire au bain marie pendant 1h (j’ai cuit mon foie gras au bain-marie en contrôlant la température avec un thermomètre sonde ; j’ai arrêté la cuisson au four lorsque la chaleur du foie à atteint les 50°C, après environ 1h20 de cuisson, dans un four réglé sur 80°C). A la sortie du four, compressez délicatement le foie gras cuit pour éliminer la graisse, puis placez la terrine directement au réfrigérateur, recouverte d’un film alimentaire. Placez un poids de la largeur de la terrine sur le dessus pour exercer une légère pression sur le foie. Réservez ainsi au frais 1 jour ou 2, pour permettre aux parfums de se développer.
J-4 ou J-3. Préparez une gelée de coing. Lavez soigneusement les coings à l'eau clair. Coupez les fruits en huit, retirez le pédoncule et portez à ébullition dans une grande casserole d'eau pendant une heure. Après cuisson, filtrez le jus, pesez-le et mettez à cuire dans une casserole à bord haut avec autant de poids de sucre cristal que de sirop de coing. Faites cuire à gros bouillon jusqu'à ce que la gelée prenne peu à peu. Ajoutez hors du feu 10 ml d'eau de coing. Mettez à tremper la feuille de gélatine dans un peu d'eau froide. Une fois bien ramollie, égouttez et ajoutez à la gelée de coing. Mélangez, puis versez dans une grande assiette plate. Placez au réfrigérateur pour une prise rapide.
J-3. Sortez le foie gras du réfrigérateur. Coupez-le en deux dans le sens de l'épaisseur. Sortez également la gélatine de coing en prenant bien soin de la décoller à la spatule pour ne pas casser le disque formé dans l'assiette. Étalez ce disque sur la première moitié de foie, placez l'autre moitié de foi sur le dessus, supprimez l'excédent de gelée et enroulez dans du film alimentaire pour bien sceller foie et gelée.
Conseil : Placez ainsi le foie quelques heures ou jusqu'à la veille du service au congélateur pour une meilleure adhérence.
Balsamique de coing (Jour J)
Dans une casserole, mélangez le vinaigre de cidre (ou balsamique blanc) avec l'eau de coing restante et 1 grosse cuillère à soupe de sucre cristal. Portez à ébullition jusqu'à ce que le mélange caramélise légèrement. Vous l'utiliserez aussitôt pour la présentation du foie gras.
Dressage et service
Sortez le foie gras du réfrigérateur suffisamment à l'avance pour qu'il se réchauffe doucement, sans pour autant l'amener à température ambiante. Coupez trois tranches extra-fines par personne et décorez les assiettes avec le caramel de balsamique/coing. Servez aussitôt. N'oubliez pas l'indispensable petit verre d'eau de coing bien fraîche et régalez-vous !

A très bientôt,
Tit'

dimanche 20 décembre 2009

Pic & Chapoutier, Saint-Péray 2007

« Le vin est un professeur de goût, il est le libérateur de l'esprit et l'illuminateur de l'intelligence. »
Paul Claudel

Vin de fêtes. Prix ajusté pour une belle découverte (moins de 18 €). Très bon choix fortement recommandé par mon caviste qui a pu voir que je commençais à me débrouiller tout seul chez lui sans ses précieux conseils. J'espère qu'il ne le vivra pas mal... ;-)

Ici, Anne-Sophie Pic et Michel Chapoutier se sont alliés pour dégoter un vin blanc parmi les meilleurs de la Drôme. Parfait équilibre au nez, très fruité, très estival, qui ne peut empêcher le souvenir de la lavande. Bonne longueur et fraîcheur en bouche qui rappelle un peu la noix fraîche. Testé pour un dîner qui lançait d'une certaine façon les agapes de la fin d'année avec un bouillon de légumes oublié à mijoter sur le feu pendant plus d'une heure (oignons, tomates, épinards, fèves et thym) et dans lequel j'avais mis des coques à ouvrir quelques minutes avant le service bien chaud. Belle entrée en matière pour affronter les frimas de saison.

Anne-Sophie PIC & Michel CHAPOUTIER, Saint-Péray 2007
Quelques caractéristiques...
Cépage : 100% Marsanne
Sol : calcaire et granitique
Vendanges : manuelle
Vinification : pressurage direct des grappes entières ; fermentation à basse température en cuve et en fûts
Elevage : 80% en cuve et 20% en fûts ; la mise en bouteille à lieu à le fin du printemps qui suit la récolte
Dégustation : robe jaune paille, caractéristique d'une bonne maturité de la vendange, limpide et brillante ; nez intense de fruits à chair blanche (pêche) et d'abricots ; beaucoup de gras en bouche, des notes de pêche blanche, une belle minéralité, une pointe d'amande amère qui allonge la bouche en finale
Mets et vin : apéritif, poissons de rivière, chèvre frais

Bonne dégustation, je m'en vais finir la bouteille...
Tit'

dimanche 6 décembre 2009

Le brocciu est arrivé... et autres saveurs du maquis


Hommage à mon fromager qui a toujours en rayon ce genre de petite douceur fromagère, de loin ma préférée ! Oui, le brocciu (ou brucciu) est arrivé il y a déjà quelques semaines sur son étalage. Il faut en profiter, la saison est courte (de novembre à mars). A moi imbrucciate et fiadones que j'accompagne d'un petit verre de limoncellu, de liqueur de châtaigne, de cédrat ou de myrte ! A moi le brocciu et ces figues au sirop qui patientent depuis septembre dans leur bocal pour l'occasion ! A moi les petits déjeuners gourmands avec le brocciu arrosé de miellat du maquis, d'une pincée de pollen, d'une pincée de myrte en poudre, d'une pincée de graines d'anis, d'éclats de noisettes ou d'amandes grillées, d'éclats de canistrelli au vin blanc et aux graines d'anis ou à la farine de châtaignes ! Et pis tenez, à côté du brocciu, ces petites tommes au lait de chèvre ou au lait de brebis "a filetta" ou ce brocciu passu, si délicieux avec une belle tranche de pain frais et un verre de Granajolo rouge acheté un peu plus tôt chez mon caviste (Hommage à lui aussi !) ou une généreuse cuillerée de confit de figues maison délicatement parfumé au miel et à la lavande ! Et pis tenez, tant qu'on y est, hommage à mon boucher - il le mérite bien lui aussi ! - à peine plus haut dans la rue qui cette année importe et vend lonzu, figatellu, coppa... Mais qu'ont-ils donc tous, ces chers commerçants ? Quelle mouche les pique ? Auraient-ils eu vent de ma trahison qui perdure, perdure... pour chercher à l'entretenir ?

Vous l'aurez compris, ces derniers temps, je me régale de produits corses. Vivement cet été que je retourne là-haut m'en mettre plein la panse ! :)

Et pis, merci messieurs, continuez, vous faites du bon travail !


La Boîte aux Fromages
16 Avenue Gabriel Peri
91700 Ste-Geneviève-des-Bois
Tél. : +33160169012

Boucherie des Muguets
21 Avenue Gabriel Péri
91700 Ste-Geneviève-des-Bois
Tél. : +33160162667‎

Le Repaire de Bacchus
28 Avenue Gabriel Péri
91700 Ste-Geneviève-des-Bois
Tél. : +33160160833‎

A bientôt,
Tit'

dimanche 22 novembre 2009

Jeu de billes en deux t(h)ons trois mouvements

Photographie : Musée de la vie wallonne, Province de Liège http://www.viewallonne.be

Tit'apéro vite fait en deux temps trois mouvements et un plaisir certain retrouvé à faire les choses bien. Le bec plongé dans du bel ouvrage (Christian Lejalé, "Roellinger, Trois étoiles de mer", Flammarion) ou à navigoter chez quelqu'autre grand chef de mes rêves (http://www.michel-bras.com), je compulse mes trouvailles à toute berzingue pour un dîner entre amis. En deux thons, rouge et blanc. En deux temps, cru et cuit. Du thon rouge cru, du thon blanc cuit, de la pomme Granny crue, de la betterave rouge cuite. En deux tons, rouge et blanc. En deux temps, trois mouvements : marinade, cuisson et dégustation.

Dégustation ?... 20/20 et effet garanti !

Jeu de billes en deux t(h)ons trois mouvements

Ingrédients (pour 4 personnes)

100 g de steack de thon rouge frais d'1 cm d'épaisseur environ ; 100 g de steack de thon blanc (ou d'espadon) frais d'1 cm d'épaisseur environ ; les zestes d'une orange, d'un citron jaune et d'un citron vert non traités ; 100 ml d'huile de pépin de raisin ; 4 baies de genièvre ; 4 grains de coriandre ; 4 grains de poivre noir ; 1 cuillère à café de graines de sésame torréfiées ; 1 cuillère à café de graines de pavot bleu ; 1 belle betterave rouge crue ; 1 pomme Granny Smith ; 1 petite branche de céleri (ou, à défaut, 1 grosse pincée de sel de céleri) ; 1 tige d'estragon ; 1 étoile de badiane ; 3 cuillères à soupe d'huile d'olive ; 1 cuillère à soupe de vinaigre balsamique de pommes (ou de vinaigre de cidre) ; fleur de sel

Marche à suivre

Rien de plus simple, en deux temps trois mouvements !

La veille (H-30), préparez une huile aux saveurs d'agrumes pour la marinade. Versez l'huile de pépin de raisin dans une fiole ou un petit pot que vous pouvez fermer hermétiquement. Écrasez légèrement avec les doigts les baies de genièvre, les grains de coriandre et de poivre noir et mettez-les dans l'huile. Plongez la fiole ou le pot d'huile dans une casserole d'eau chaude, pour chauffer légèrement l'huile et accélérer l'infusion des saveurs. Prélevez les zestes fins de l'orange, du citron jaune et du citron vert. Ajoutez-les à l'huile. Mélangez délicatement. Retirez la fiole ou le pot de la casserole d'eau chaude, fermez hermétiquement et placez dans l'obscurité. Oubliez votre huile jusqu'au lendemain.

Le jour même à H-5, préparez les thons et la betterave. Rincez les steaks de thon blanc et rouge sous de l'eau bien fraîche, essuyez-les délicatement, puis taillez-les l'un après l'autre en cubes d'un centimètre sur un, sans les mélanger. Dans un bol, mettez les cubes de thon rouge à mariner avec l'huile aux agrumes, les grains de sésame et une pincée de fleur de sel. Mélangez délicatement, puis réservez au frais. Dans une petite poêle, chauffez une cuillère à soupe d'huile parfumée aux agrumes et faites dorer les cubes de thon blanc pendant 2 minutes. Hors du feu, salez légèrement à la fleur de sel et parsemez les cubes de graines de pavot. Réservez au frais.

Pelez la betterave. A l'aide d'une cuillère à pomme parisienne, prélevez des billes de betterave crue. Dans une casserole, déposez les billes avec un fond d'eau, 2 cuillères à soupe d'huile d'olive, l'étoile de badiane et la tige d'estragon. Lavez, épluchez et taillez en lamelles d'une longueur de 4 cm une petite branche de céleri. Ajoutez les lamelles dans la casserole. Salez légèrement à la fleur de sel ou, si vous n'avez pas utilisé de céleri, ajoutez plutôt du sel de céleri. Portez le tout à ébullition, couvrez, puis laissez mijoter à feu doux pendant 45 à 50 minutes. Vérifiez qu'il reste toujours un fond d'eau dans la casserole ; il servira à la réalisation d'une vinaigrette. Profitez-en pour tester la cuisson de la betterave : la lame d'un couteau doit pouvoir s'y enfoncer sans difficulté. Une fois cuites, égouttez les billes de betterave en conservant bien le jus de cuisson. Réservez billes et jus au frais.

Lavez soigneusement et essuyez la peau de la pomme Granny. Coupez-la en quatre, puis tranchez nettement le centre de chaque quart pour supprimer la queue et le cœur. Coupez encore chaque quart en quatre. Frottez avec un demi citron, pour éviter l'oxydation, puis placez au frais.

Quinze minutes avant de servir, sortez vos ingrédients du réfrigérateur. Préparez une vinaigrette avec le jus de cuisson de la betterave et le vinaigre balsamique de pommes. Dans une ou plusieurs assiettes rondes de présentation, disposez les quartiers de pomme en rosace en veillant à laisser un espace au centre de l'assiette. Décorez avec les billes de betterave. Au centre de chaque assiette, placez quelques morceaux de thon rouge et de thon blanc marinés. Arrosez le tout avec la vinaigrette. Décorez avec des zestes d'orange et de citron utilisez dans la marinade. Servez aussitôt. Vos convives piqueront les cubes de thon, les billes de betterave et les pommes avec des pics apéritifs.

A noter :
- Le "jeu de billes" reproduit à peu de chose près la recette éponyme de Michel Bras, disponible actuellement sur son site Internet ; il s'agit d'une recette dont il propose la réalisation aux enfants. Et comme je suis encore un grand enfant...
- La recette du thon mariné est simplement inspirée par Roellinger.

A très bientôt,
Tit'

lundi 12 octobre 2009

Artisan-voyageur-pantouflard

Pas plus le temps/l’envie de lire tout ce blabla que moi ? Allez directement à la recette des ghoribas (macarons marocains).

Vous me connaissez ou bien ?!

Je suis Tit’, un bien drôle d’oiseau « migrateur », vous l’avouerez, dont le passe-temps favori à mes heures perdues est de voyager. Voyager sur la Toile, j’entends, car je ne suis rien moins qu’un voyageur virtuel, un voyageur sans bagage, voyageur aux confins de mon canapé d’où je vous écris ce soir emmitouflé dans mon plaid, l’ordinateur sur les genoux et les pieds en éventail devant un feu de cheminée qui réchauffe l’atmosphère. Oui, dans mon genre, on fait difficilement mieux : je suis le roi incontesté et incontestable de la pantouflardise, titre que je revendique haut et fort. La transhumance vers le sud comme le font chaque année mes congénères plumés et zélés dès la fin de l’été, ce sud promesse de soleil, de ciel d’azur et de petchs couleur pain grillé sur la plage, croyez-m’en, ce n’est pas pour moi ; dès que cela pelle sa mère, je me calfeutre dans mon petit chez moi, avec ziozios et belle oiselle, je me cache derrière mon ordinateur ou mon fourneau et je cherche des recettes et je cuisine ou, autant faire se peut, je cuisine et je voyage sans sortir de ma cuisine, c’est-à-dire que je voyage en cuisinant, c’est-à-dire que je cuisine ce que le monde à de mieux à offrir.

Je cuisine pour rêver de contrées lointaines, et je voyage léger, avec presque rien, sans trop de fatigue surtout pour le pépère à plume que je suis. Je me contente de deux ou trois saveurs qui font que dès la première cuillérée je m’envole vers des « paradis terrestres » ; je me contente de deux ou trois mets aux noms barbares plus fabuleux les uns que les autres qui me transportent à l’autre bout de la planète sur des cieux qui m’enchantent depuis que je suis môme, car même si je ne voyage pas dans les faits, j’ai toujours voyagé : dans la tête ou par procuration. Il n’y a rien qui me fascine plus que les voyages des autres. Ainsi pendant des années, j’ai vénéré à mon chevet Les Lettres Persanes, Robinson Crusoé ou encore Le Voyage de Gulliver. Cependant, mes récits de voyage préférés me venaient d’une source bien plus intime, car le voyage est en partie une histoire de famille…

Bien que français, né en France de parents français, vivant en France dans un petit coin d’Ile-de-France, je n’en suis pas moins voyageur, par héritage. De par mon père qui est breton, né en Bretagne de parents bretons, Pierre et Joséphine, eux-mêmes enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants de bretons, d’aussi loin que je me souvienne, ayant quittés leur campagne profonde pour tacher de trouver une meilleure situation en Seine-et-Oise, comme tant d’autres provinciaux l’ont fait après-guerre. Au début des années 90, à l'instar de ses parents, mon père prendra le chemin du retour pour se rapprocher de sa terre d’origine et c’est ainsi qu’aujourd’hui mon frère, ma sœur, leur compagne ou compagnon, mes neveux, ma nièce vivent tous en Bretagne (Nantes aux chapeaux ronds !). Je serai le seul à ne pas être du voyage ou à peine, très furtivement. Voyageur (et citoyen du monde) de par ma mère, née à Kef en Tunisie de l’union d’un père flamand, Léonard, né à Anvers et naturalisé français après la guerre et d’une mère corse, française donc, quoi que certains en disent, Marie Toussainte, née en Algérie, élevée en Tunisie, fille de pieds-noirs comme on les appelait parce que nés au bled, y vivant depuis des générations, travaillant de père en fils dans les Eaux et Forêts « Françaises », ma mère, je disais, leur fille, est française, est belge, est corse, a parcouru le monde sur terre, sur mer, dans les airs, avec son (beau) légionnaire de père, avec sa mère, avec ses frères, de Kef à Antananarivo, de Marseille à Paris, de Ghisoni à Eaubonne, et repose aujourd’hui en Corse là-haut, « au village » comme on dit, dans un petit carré de verdure à flanc de colline entouré de pins laricio et de châtaigniers généreux au pied du Christe-Eleïson (1260 m) et de sa grande soeur a Punta Kyrie-Eleïson (1535 m) dominant la vallée du Fium’orbu, qui s’écoule au milieu d’un chaos de roches et de terres où poussent drus genévrier, lentisque, myrte, arbousier, ciste et romarin.

Et puis, il y a encore ici où là un peu de sang wallon, de sang italien, de sang celte qui se balade dans mes veines, il y a du sang de ces immigrants bretons, italiens, belges et corses qui ont traversé plein d’espoir l’océan à bord de ces inconfortables transatlantiques qui vous débarquaient à Ellis Island, New York City, où l’on regardait à travers tous les pores de votre corps épuisé après des jours de traversée si vous étiez aptes au grand rêve américain ou bons au retour chez vous. Ainsi, du côté de Washington, Philadelphie ou par là, j’ai des cousins belges, jamais vus, jamais rencontrés, mais qui sait ; j’ai ouïe dire encore que certains seraient descendus plus au sud, les corses, pour rejoindre des cousins alors immigrés à Caracas ou dans ces eaux-là ; j’en sais certains à Miami, Floride ; il doit bien avoir quelques heureux bretons à New York, si je ne m’abuse, des inconnus, jamais vus, jamais rencontrés, mais qui sait, le monde est si petit. Alors oui, allez, cherchez-les, interrogez-les ces descendants d’immigrants ! Ils vous diront que nous sommes cousins, des cousins lointains certes, mais des cousins tout de même, à la mode paysanne, des cousins du genre « le cousin de mon cousin de mon cousin est le cousin de mon cousin de mon cousin, donc nous sommes aussi cousins ». Alors oui, pas de trace d’immigrants en Amérique (du sud), encore moins en Asie, je n’imagine personne en partance pour l’Océanie, quoique Pépé Jean (Léonard) s’en soit bien approché quand il allait de par le monde, et peu importe, le monde est si petit, si petit je vous dis ! Ainsi, je travaille depuis de longs mois avec un lointain cousin, descendant du frère du grand-père de ma grand-mère, Marie, la corse, et nous n’en savions rien, jusqu’à ce déjeuner le jour de ton arrivée où tu as évoqué ce « petit village au sud de Corte » d’où tu provenais, où tu as passé quasiment tous tes étés dans la demeure familiale, celle-là même qui jouxte l’ancienne brasserie qui faisait la joie du village quand moi-même je m’écorchais les genoux sur le pavé de la fontaine Neptune lors de la descente aux flambeaux, qui a lieu chaque année à l’Assomption. Si petit le monde, je vous dis, si petit mon monde !


Voyez-vous comme le monde tout entier est au centre de ma vie ? Voyez-vous comme les voyages ont compté pour nous, comme ils nous ont façonnés ? Si, enfant, je me rêvais aventurier en culotte courte, ma vie d’enfant, c’était ça : des rêves d’horizons lointains aux noms fabuleux, des noms de soleil, d’enfers verts ou désertiques, des noms de pluies et de tempêtes, des noms de rocailles, de gouffre diabolique, de pierre tremblante que l’on s’amusait à croire qu’un coup de rein solide pouvait faire se mouvoir de quelques millimètres sur son socle. Des noms, ces noms je les ai tant entendus, tant vécus parfois, qu’ils sont gravés dans le marbre de mon cœur, et même si je n’ai pas encore parcouru la planète entière pour marcher sur les pas des mes pères, je sais que je suis fait un peu de ces terres-là, qu’elles font irrémédiablement parties de mon univers affectif et sensoriel, par ma mère tout particulièrement qui a subi les influences de ces lointaines contrées jusque dans la cuisine qu’elle nous servait si simplement.

Ma mère avait vécu à Mada ? Qu’à cela ne tienne, elle se gavait et nous gavait par la même occasion de fruits exotiques tous plus étranges les uns que les autres pour l’enfant que j’étais. Elle avait vécu en Tunisie, sa famille avait parcouru la région du Maghreb pendant plusieurs décennies ? Qu’à cela ne tienne, notre quotidien était fait de couscous, de tajines, de makroub, de cornes de gazelle, d’halva et de thé à la menthe. Elle avait hérité de son père le goût septentrional des moules frites et des gaufres fourrées, de la bière (dont j’ai toujours détesté l’odeur, le goût, oh le mauvais petit-fils !). Elle avait hérité de sa mère le goût plus méridional du lonzu, de la coppa, du fromage de montagne (corse) au lait cru de brebis (corses), des canistrelli au vin blanc et aux graines d’anis, des châtaignes grillées au feu de bois, de la pulenta di castagni que l’on découpait en tranches épaisses et que l’on faisait frire dans quelques cuillères de graisse et que l’on accompagnait avec un œuf sur le plat et de la saucisse figatellu (oh, le frugal repas !).

Et mon père ? Ne croyez pas qu’à elle seule ma mère a formé ce goût du monde. En breton pur souche, mon père hérita des secrets de la cuisine bretonne de l’Argoat, une cuisine terrestre faite pour l’essentiel de patate (au lard de préférence… ma préférence), de volaille fermière, de bons gros œufs frais, de lait cru et crémeux, de beurre demi-sel, de galettes de blé noir, de farz, de pains généreux et gonflés, de légumes verts et croquants en provenance du pays Léon si proche. Et puisque la mer n’était pas si loin non plus, de moins en moins loin avec l’aménagement des axes routiers et l’avènement de la pêche intensive, il apprit chaque jour à cuisiner poissons, coquillages et crustacés. A nous moules marinières, palourdes, coques, crabes, araignées, tourteaux. A nous bars, grondins, maquereaux, lottes, turbots. Et avec talent !

Voilà. Voilà d’où je viens, ce que je suis, ce qui fait ma cuisine aujourd’hui. Vous l’aurez compris, je l’espère. Le monde a toujours été ma source d’inspiration et d’énergie. Cela vaut pour la cuisine ; cela vaut pour les êtres qui m’entourent ou que je rencontre. Je suis curieux de vous, le saviez-vous ? Ma curiosité est un peu comme un estomac qui a besoin d’être nourri : c’est en vous côtoyant que je la rassasie.


Ghoribas

Et pour illustrer mon propos, voici un bel exemple de cuisine du monde : les ghoribas. Cette pâtisserie du Maghreb, d’origine marocaine, est une merveille à partager à l’heure du thé (à la menthe). Son goût d’amande rappelle volontiers le macaron. J’aurais tendance cependant à préférer les ghoribas, plus rustiques, plus en lien avec mes aspirations. En discutant pâtisserie avec ma grand-mère maternelle l'été dernier, je me suis souvenu qu'elle aimait confectionner ce genre de douceur : ghoribas, montécaos... J'ai recopié telle quelle la recette inscrite à la main dans son cahier vieux de trente ans. La recette est extrêmement simple à réaliser. J’ai modifié la recette de base en réalisant une première moitié de ghoribas traditionnels aux amandes et une seconde moitié de ghoribas aux pistaches.

Ingrédients

3 beaux œufs fermier frais ; 125 g de poudre d'amandes légèrement torréfiée ; 125 g de poudre de pistaches légèrement torréfiée ; 100 g de semoule fine de blé dur ; 125 g de sucre de cannes ; ½ sachet de levure chimique ; 3 CS d’eau de fleur d'oranger ; sucre glace

Marche à suivre

Préchauffez le four à 175°C.

Dans un grand bol, battez les œufs avec le sucre de cannes, jusqu’à ce que le mélange blanchisse et devienne mousseux. Ajoutez peu à peu la levure et la semoule. Divisez la préparation en deux moitiés dans deux bols distincts : dans le premier bol, ajoutez la poudre d'amande ; dans le second, ajoutez la poudre de pistache. Travaillez les deux préparations jusqu'à ce que la pâte s’attendrisse. Si elle reste trop dure, incorporez un peu d'eau de fleur d'oranger.

Préparez une ou deux plaques à pâtisserie recouvertes de papier cuisson. Prélevez des grosses noix de pâte et formez des boules. Aplatissez légèrement chaque boule et posez-les sur la ou les plaques. Mettez à cuire pendant 20 min. Les ghoribas doivent restés bien clairs, sans aucune coloration. Sortez du four et laissez refroidir. Saupoudrez ou roulez chaque biscuit dans le sucre glace.

Note : Les ghoribas se conserveront parfaitement 2 à 3 semaines dans une boîte hermétique, à l’abri de la lumière et de l’humidité.

A bientôt... enfin, j'espère ! :)
Tit'

P.S. : En achevant ce billet, je me rappelle tout à coup que cette chère Lilo avait publié il y a quelques années un reportage passionnant sur la confection des ghoribas. Il avait eu sur moi l'effet de la madeleine de Proust... Je viens de m'y replonger avec délectation et vous invite à faire de même. http://www.cuisine-campagne.com

 

dimanche 28 juin 2009

Coques au vin

Bah quoi ?! Oui, oui, j'ai bien écrit "coques au vin" et pas "coq au vin". D'abord parce que c'est pas vraiment vraiment d'saison, ensuite parce que heu... je vais quand même pas bouffer un congénère, hein ? Vrai, c'est déjà arrivé ici. Ce serait vous pipoter que de dire le contraire. Mais ce pandan avouez qu'il était de la pire espèce. Oiseau je suis, certes, mais ma tolérance (ou ma connerie, c'est comme tu veux tu choiz') a des limites. Donc, je disais bien : "coques au vin" et pas "coq au vin". Vous suivez toujours ?

Préparation en 10 minutes, cuisson en 20 minutes tout compris, c'est que c'est du vite fait et pas du moins bon. A la base, c'est fait pour ça. Donc...

Coques au vin

Ingrédients (pour 4 personnes)

500 ml de palourdes [NDLR (réédition du 26 juillet 2009) : OUPS ! Vous corrigerez "palourdes" par "coques" s'il vous plaît] ; 150 g de tagliatelles sèches à l'encre de seiche ; 1 poignée d'un mélange d'algues fraîches ; 2 cuillères à soupe généreuses de beurre demi-sel ; 100 ml de vin blanc sec ; 4 beaux brins de persil plat ; 1 gousse d'ail ; poivre blanc

Marche à suivre

Faites cuire les pâtes al dente dans une grande quantité d'eau bouillante salée avec un filet d'huile d'olive. Après cuisson, égouttez et passez sous l'eau froide pendant quelques secondes et réservez. Rincez les algues à l'eau fraîche, égouttez, puis coupez-les en chiffonnade. Rincez également les coques dans un grand bain d'eau froide à deux reprises ; supprimez celles qui remonteraient à la surface. Epluchez l'ail et ciselez finement. Lavez, égouttez et essuyez délicatement les brins de persil. Ciselez finement le feuillage.

Dans une sauteuse, faites fondre 1 cuillère à soupe de beurre à feu doux. Ajoutez les coques et mélangez bien pendant 1 minute. Ajoutez le vin blanc, le persil et l'ail ciselés, poivrez, puis ajoutez le restant de beurre. Mélangez pour enrober les coques. Couvrez. Laissez cuire ainsi pendant 3 minutes, puis retirez du feu. Maintenez à couvert encore 2 ou 3 minutes.

Versez les pâtes cuites dans un grand saladier. Arrosez délicatement avec le jus de cuisson des coques en veillant à ne pas faire tomber les coques. Mélangez et maintenez au chaud. Séparez les coquilles des coques [NDLR : Et si y'a personne pour vous espionner ou vous surprendre, sucez les coquilles en douce, encore enrobées de sauce bien grasse et bien goûtue, c'est trop trop booon !!!]. Servez immédiatement dans des plats individuels creux.

Qu'est-ce qu'on boit avec ça ? Fastoche : un bon Montlouis-sur-Loire sec, siouplé ! Pas trouvé de Rémus de Jacky Blot, hélas, mais c'était déjà fort bon. Bien sûr, tête de linotte, j'ai oublié le nom... Rhaaalala, çui-là, j'vous jure, hein ! :-S

Bon appétit,
Tit'

jeudi 18 juin 2009

La trahison

"La trahison est une moisissure
verte et douce, comme le duvet :
elle ronge en silence et par l'intérieur."
Francis Blanche

C'est certainement pour éviter la moisissure dans le pot de confiture, que je me suis empressé. Je me suis bien gardé de dire ce qu'il y avait dans ce gros pot que je dissimulais précautionneusement (punaise, c'est dur à écrire çui-là !) dans un coin inassessible du réfrigérateur. Je n'ai rien laissé paraît'. Desfois, ouais, j'ai menti (et c'est pas joli joli) ou j'ai feint (toi aussi, ça tombe bien) quand j'ai faillu me faire pincer. Cela s'est produit à plusieurs reprises. Mais je me suis tu-silence-bouche-cousue-si-tu-parles-t'es-foutu. Et ainsi, j'ai trahi. Chaque matin, je souriais à l'idée de ce que j'allais entreprend' : manger un peu de cette confiture que je m'étais faite rien que pour moi, il y a de cela quelques semaines, comme un gros égoïsse. Oui mais valà, y en a p'us. Presque p'us. Bientôt, je pleurerais toutes les larmes lacrymales de mon corps corporel et il faudra bien que je m'exp'ique devant les regards circonspects (oui, j'ai du vocabulaire). Mes larmes pourraient être mal interprétées. Un homme qui chiale comme une sale mauviette et sans raison en p'us de ça dès qu'il s'éveille, c'est grave-cheulou, nan ? Y'a baleine sous gravillons comme dirait l'aut'. Alors, autant avouer tout suite que j'ai trahi. Et comme je ne suis pas que la moitié d'un (trait'... çui qu'à dit con, y sort !), je n'ose vous le dire en face. Plus trait', plus couard (en d'autres temps, on aurait dit couilles molles, mais bon, y'a des madames fort respectab' - et d'autres moins, mais on va pas commencer à chipoter - qui lisent) que cela, tu meurs. Comprendez-moi. Y'a de quoi prend' peur. Je n'assume pas une telle trahison, car elle ne repose pas sur une simple dissimulation de faits. La trahison est bien plus profonde, bien plus douloureuse que ça, mes zinfints. C'est complexe, ces choses-là. C'est bien simp', l'an dernier, j'ai décidé de renoncer à... de tourner le dos à... Rhaaa ! M'enfin, vous avez bien comprite, quoi, ne me forcez pas à le dire !... Je boude, valà. Je boude et j'ai décidé que j'y retournerais pas de sitôt, foi de moi. Elle n'avait qu'à pas me faire un sale coup de trafalgar sa mère la Vie. C'est vrai kwouâ !... Bref. Je m'entendrais certainement dire que c'est indigne de moi, que renier ainsi ses origines, c'est une pure trahison et que je mériterais d'être envoyé à Guantanamo (avant que ça ferme tout de même) ou d'être maudit et remaudit sur des générations et des générations (c'est que les ziozios ont fort apprécié la trahison aussi l'été dernier). Bah, après tout, qu'il en soit ainsi soit-il !... De toute façon, je le dis une fois, je le dis pas deux fois, ni trois fois, ni p'us ni moins', je retournerais pas en Bretagne. Na. Et pisque avec ça la trahison n'est pas complète (comme la galette), sachez que j'irais désormais voir là-bas si j'y suis : en Corse. Dès que l'occaz' se présente à nouveau, j'embarque. Ouais d'abord edzatement, j'embarque. Vais pas non p'us me tatiguer les méninges ('fin, le peu qu'il me reste) à voler jusqu'à là-bas quand je peux profiter d'un voyage sur l'eau, balancé par la houle (vas-y qu'tu dégoules). De toute façon, la trahison est archi-consommée, main'nant. La preuve !...

Confiture fraises et agrumes de l'Île de Beauté


Ingrédients

500 g de fraises gariguette ; 1 quartier de cédrat confit (conservé dans son sirop)* ; 4 petites clémentines à l'eau de vie* ; 350 g de sucre cristal ; 1 pincée de myrte en poudre* ; 1 jus de citron

*Produits achetés en Corse (à Propriano dans l'artère principale, face au port)

Marche à suivre

Temps de préparation : 20 min. + 15 min. de repos – Cuisson : environ 8 min. + 2 min. – Matériel : 1 thermomètre à confiture ou 1 thermomètre-sonde

Lavez soigneusement les fraises et essuyez-les. Équeutez-les, puis coupez chaque fraise en 2. Préparez un sirop avec le sucre et le jus de citron dans la casserole. Mettez le sucre à fondre sur feu doux, éteignez le feu, ajoutez la pincée myrte en poudre. Plongez les fraises dans le sirop, mélangez et laissez reposer 15 min. Egouttez le quartier de cédrat confit, coupez-le en petit cubes et réservez-le. Faites de même avec les clémentines, que vous couperez en 4. Portez le sirop avec les fraises à ébullition à 115°C. Mélangez souvent et délicatement avec une cuillère en bois. Écumez fréquemment. Hors du feu, ajoutez les cubes de cédrat et les morceaux de clémentines. Mettez à cuire 2 minutes à gros bouillon. Retirez du feu, puis versez immédiatement la confiture en pot. Vissez le couvercle et retournez (effet twist-off) pour garantir la conservation de la confiture.

A bientôt,
Tit'

jeudi 4 juin 2009

Des os troués et des petits pois

De tous les plats mijotés, celui que je préfère sans contestation aucune est l'osso buco (littéralement « os troué » en italien). Cette merveille de la cuisine italienne est pour moi une source de plaisir que je ne saurais décrire. Simple. Sans fioriture. Quelques associations gustatives qui me parlent, voilà tout. Après, il n'y a pas de secret, pour concocter un bon osso buco, il est obligatoire de se procurer un produit de qualité : une viande tendre qui fondra en bouche. Ajoutez à cela la gremolada, cette touche finale essentielle à tout osso buco alla milanese digne de ce nom, composée de persil frais, de citron et d'ail, et vous saurez comment encager un loiseau de mon espèce... pour l'éternité !

En lieu et place du traditionnel osso buco, qu'on accompagne habituellement avec un risotto alla milanese lui aussi, je vous le propose dans un version accompagnée de rattes sautées et de petits pois. Cela change un peu. Et pis cela fait toujours un sucre lent et un légume. Et toc !

Osso Buco



Ingrédients (pour 4 personnes)

4 tranches de jarret de veau épaisses (4-5 cm) ; 75 g de beurre ; farine pour enrober la viande ; 1 petit oignon ; 1 carotte ; 1 petit branche de cèleri ; 100 g de purée/pulpe de tomate ou de tomates pelées ; 50 ml de vin blanc sec ; 250 ml de bouillon de viande maison (ou 250 ml d'eau + 1 bouillon cube de volaille ou de boeuf) ; 8 pommes de terre "rattes de Noirmoutier" ; 500 g de petits pois (écossés ou surgelés) ; sel et poivre

Marche à suivre

Farinez légèrement les tranches de jarrets de veau. Chauffez le beurre dans une cocotte ou une sauteuse à fond épais. Ajoutez l'ognon, le cèleri, la carotte lavés, essuyés et finement ciselés. Sautez à veu vif 1 minute ou 2, puis ajoutez les tranches de jarrets de veau. Salez, poivrez et ajustez. Prenez soin de bien dorer les jarrets sur les deux faces, ainsi que sur les côtés.

Lorsqu'elle est bien saisie, mouillez la viande avec le vin et laissez le jus réduire pendant 1 minute. Ajoutez le bouillon, les tomates (ou la purée de), baissez le feu et laissez mijoter ainsi, à couvert, pendant 45 minutes. Pendant ce temps là, lavez soigneusement la peau des pommes de terre rattes, essuyez, chauffez un peu de beurre et sautez. Réservez. Cuisez les petits pois à l'eau bouillante ou à la vapeur.

Gremolata



Ingrédients

le zeste d'1/2 citron ; 3 brins de persil ; quelques gouttes d'huile d'olive ; 1 petite gousse d'ail

Marche à suivre

Râpez le zeste de citron. Lavez, équeutez et essuyez délicatement les feuilles de persil. Au hachoir ou au mortier pilon (voir image ci-dessous), écrasez les ingrédients ensemble, jusqu'à obtenir une pâte assez grossière.

Vous servirez la gremolata sur la viande cuite et bien chaude ou mélangée à la sauce.

Bon appétit et à très bientôt,
Tit'