jeudi 11 septembre 2008

Vapeur d’artichaut poivrade aux saveurs du maquis

Manger et déménager. Ou plutôt : déménager et manger. Déménager avant tout. Manger vient plus tard. Voire ne vient pas. Le nez dans les cartons, on ne se rend pas compte qu’on a laissé passer l’heure. L’heure de manger, l’heure de dormir. Il faut déballer, faire vite, demain le travail, la rentrée des ziozios. Et quand bien même, si on avait le temps. Pas de four, les gamelles dans les cartons et puis tout le reste. On fait alors avec les moyens du bord, on file découvrir la boulangerie sur la place de la basilique, on prend la voiture vite fait zyeuter les échoppes nourricières dans les environs, on essaye le petit primeur là, y’a tout plein de monde et les prix et la qualité, ça va nous changer la vie la campagne. La campagne à la ville. La ville, c’est pour bosser, c’est pas bien loin, c’est à deux pas. Enfin, deux pas, deux pas de parisiens, une éternité quoi. Et alors ? M’en fiche bien. Et pis la campagne, la campagne à la ville, c’est des champs, c’est des bois. C’est des chevaux qui martèlent le pavé sur le pont quand ils traversent rejoindre l’écurie. C’est des hiboux qui hululent la nuit. C’est des moustiques (en fort grand nombre cette année, mais c’est bien la première fois qu’il paraît) qui piquent bien. C’est Lucky, le crapaud Lucky, qui nous a accueilli dès le premier soir, signe heureux, et qu’on a baptisé ainsi parce qu’il est là chaque soir à traverser la cour d’un bout à l’autre pour se réfugier on ne sait où et qu’on entend coasser des heures durant au pied d’un mur de cartons déballés.

Déménager et manger. Finir d’aménager la cuisine aménagée. Un rêve même si elle est pas très belle, même si c’est chêne vernis rustique du sol au plafond et des petits carreaux de grès sur le plan de travail. Pas grave, on est heureux comme ça. On y mettra un coup de peinture un jour. On a des projets, plein de projets, on a bien le temps. Vivre dans notre nouveau nid douillet comme cela quelque temps et réfléchir à la suite. Mais pour l’heure, penser à manger. Manger quelques artichauts poivrade achetées la veille chez le primeur en saut de puce en voiture. Se rappeler que les vacances quelques semaines plus tôt ont été des plus merveilleuses et chaleureuses quelque part du côté de mes origines corses (je vous en reparlerais plus longuement à l'occasion). Se rappeler qu’on en a rapporté des saveurs inoubliables qui se marieraient bien avec les poivrades. Alors vite fouiller, fouiller les cartons et mettre la main sur ces trouvailles pour en assaisonner les légumes tout juste cuits à la vapeur.

Finalement, cuisiner sur le pouce et manger, ça fait du bien.

Vapeur d’artichaut poivrade aux saveurs du maquis

Ingrédients (pour 2 personnes)

6 petits artichauts poivrade ; 2 pincées de myrte en poudre ; 2 CS d’huile d’olive ; 2 CC de vinaigre de châtaignes ; 2 tours de moulin de poivre blanc ; 2 pincées de fleur de sel ; 1 CC de miellat du maquis

Marche à suivre

Lavez les poivrades et séchez-les. Coupez les queues, éliminez les grosses feuilles et découpez les pointes. Découpez chaque artichaut en 4 et retirez les poils. Rincez à l’eau et mettez à cuire à la vapeur.

Quand les artichauts sont cuits, laissez tiédir, puis placez-les dans un plat de service. Assaisonnez avec la myrte en poudre, le poivre, la fleur de sel. Arrosez avec l’huile d’olive, puis le vinaigre aromatisé à la châtaigne. Terminez en faisant coulez par petites touches le miellat.

Servez aussitôt et dégustez. De préférence attablés autour d’un carton non déballé (cela a son importance !), au milieu d’une pièce tout autre que la cuisine, et mangez sur le pouce ou avec une grosse tartine de pain de campagne beurrée. Un régal de simplicité !

Bon appétit et à bientôt,

Tit'
P.S. : Ah, au fait, ça fait trois ans tout rond ! Trois ans que NNB! est sur la toile. Pas mal, hein ? ;)