mercredi 27 juin 2007

KKVKVK #20 - Religieuse²

J'aurais bien aimé avoir plus de temps. J'ai pas. Alors voilà. Voilà ce que je vous propose pour ce KKVKVK 20ème édition. Exceptionnelle édition. Elle se déroule sur le (très chouette) blog chez ma (nouvelle) copine Béa de Croc en bouche. Elle est sympa, Béa. Très drôle. Un curieux personnage très très très bavard, que je suis pressé de rencontrer aux Européennes du Goût à Aurillac...

Ah ?! Je ne vous l'avais pas dit ?! Je serais voisin de table de Dorian, puisque nous y avons été conviés parmi tant d'autres stars de la blogosphère ! (Rhooo, ça va les chevilles, moi, hein !) Aviez-vous manqué mon petit échange avec Eric Roux ? Pour rappel, cliquez ICI. C'est pas tout ça, mais je suis pressé de les rencontrer ces joyeux lascars. J'ai intérêt à bouloter léger les deux prochaines semaines, me semble-t-il...

Mais revenons à Béa, Bé, Bé@, Béate... Super rigolote, j'vous disais, et une vraie pipelette... une fille quoi ! Si, je vous jure. Vous voulez voir les mails qu'elle m'envoie ? Non, j'déconne, j'ai pas l'temps. Et pis c'est tellement long à lire, que vous n'auriez plus le temps de participer au KKVKVK... Quoi ça ?! Ce n'est pas encore fait ?! M'enfin, au boulot que diable !

Pour l'heure, ma participation se résumera à une tentative (desespérée) de réussir des choux... carrés. Ouais, j'aime bien me lancer des défis à la céoaine parfois ! Pas facile la religieuse avec des choux carrés, surtout quand elle se ratatine gentiment sous le poids de la crème pâtissière parfumée au sarrasin et au caramel au beurre salé. Vous noterez également au passage le glaçage caramel au beurre salé et les fils de caramel croquant. Du blé noir, du caramel, du beurre salé... N'y aurait-il pas là des envies sous-jacentes de Bretagne ? Oh que oui, vivement le 14 juillet, vivement les vacances !...

Pour réussir cette religieuse², ce n'est guère que mathématique !

1 - Vous empruntez la recette de pâte à chou de Béa, vous remplacez un tiers de la farine de froment par de la farine de blé noir complète et le beurre devient forcément beurre demi-sel.
2 - Vous empruntez une recette basique de crème pâtissière et vous remplacez la farine de froment par de la farine de blé noir complète, vous réalisez un caramel au beurre salé, vous mélangez tout cela et laissez reposer au frais.
3 - Dans de petits moules à cake chemisés de papier cuisson, vous versez la pâte à chou à la poche à douille. Vous mettez à cuire et le four fera le reste. Après cuisson, vous sortez les choux du four, vous les mettez à refroidir et les démoulez délicatement.
4- Une fois refroidi, vous garnissez les choux (à la poche à douille) avec la crème pâtissière au blé noir et au beurre salé. Vous remettez tout cela au frais.
5- Vous empruntez la recette de sauce au beurre salé de Bergamote dans laquelle vous trempez les choux après l'avoir réfrigérée.
6- Vous dressez les choux deux par deux pour former une religieuse (quelque peu destructurée, je vous l'accorde).
7- Vous réalisez un caramel blond pour former un joli filet autour de votre religieuse et surtout, SURTOUT ! vous ne faites pas comme moi, vous ne répondez pas au téléphone en même temps sous peine de manquer votre coup !
8- Au frais, une dernière fois, jusqu'au moment de servir.


Voilà. J'arrête là. Est-ce à peu près clair ? Si j'avais le temps, je vous aurais dit le régal que cela a été ; je vous aurais dit que mon Unique s'est jetée dessus comme une sauvageonne, elle qui ne cours pas après les desserts crémeux et encore moins après les choux ; je vous aurais dit que nous avons descendu ces petites merveilles en quelques minutes en aussi peu de temps qu'il n'en faut pour le dire ; je vous aurais dit que, si j'avais eu le temps, j'aurais remis ça tout de suite...

Bon KKVKVK à tous,
Tit'

mardi 19 juin 2007

Gaspacho de fruits exotiques

Oui, gaspacho. Pas jus, pas coulis, pas smoothie, mais gaspacho.

Je cite le dictionnaire Trésor de la Langue Française à l’article Gaspacho : « Soupe froide, d'origine espagnole, faite d'un mélange de pain et de crudités (concombres, tomates, oignons) relevé d'épices variées, en particulier de piments, assaisonné d'huile et de vinaigre et que l'on fait tremper dans de l'eau, du bouillon. » Ainsi, on trouve traditionnellement pour cette soupe rafraîchissante salée, une liste de produits frais, riches en vitamines assez commune à l’ensemble de l’Espagne et du Portugal qui la cuisine fréquemment : des tranches de pain, de l’ail, du sel et poivre, de l'huile d'olive, des tomates, du poivron, du concombre, de l’oignon, du vinaigre et du paprika.

Partons de cette base et déclinons un peu... Ouais, beaucoup, mais le principe reste le même, hein !... Enfin, presque... Bref !

Ainsi le gaspacho sur NNB! devient gaspacho de melon, gaspacho d’artichauts, gaspacho de fraises et framboises. Avec un peu d’audace et quelques jolies et savoureuses trouvailles, j’ai testé le gaspacho de fruits exotiques. Absolutely fabulous !...

Gaspacho de fruits exotiques

Ingrédients (pour 6-8 personnes)
1 mangue bien mûre
1 banane bien mûre
2 CS de sirop de fruit de la passion*2 CS de vinaigre au fruit de la passion*
2 CS d’huile d’olivequelques brins de menthe fraîche
1 oignon nouveau1 gousse d’ail
5 glaçonsfleur de sel
poivre de SichuanTabasco (fac.)
Marche à suivre

Dans le bol d’un mixeur ou d’un blender, mixez ensemble tous les ingrédients pendant 5 minutes jusqu’à ce que la préparation soit homogène et mousseuse. Servez immédiatement ou maintenez au frais avant dégustation.

Accompagnez avec une tartine de pain de campagne beurrée et une tranche fine de jambon de pays. Dégustez !...

Je vous souhaite un très très bon appétit ! En fait, j’ai trouvé cela tellement fantastique, que heu… Vous permettez ? J’y retourne !

A bientôt,
Tit'

P.S. : Après une courte recherche sur Blog-appétit.com, j’ai été ravi de constater que je n’avais pas été seul à avoir l’idée de ce gaspacho. J’ai été encore plus heureux de trouver le billet de Tiuscha (Saveur Passion), auteure d’un blog haut en couleurs que j’aime beaucoup parcourir.

(* Info produit : je trouve le sirop de fruit de la passion "Monin" et le vinaigre à la pulpe de fruit de la passion "A l'olivier" assez facilement sur Paris dans les supermarchés citadins)

mercredi 13 juin 2007

Flûtes torsadées 100% noisette

De la farine de la tête au pied, je boulange. Je ne sais pas trop comment je trouve le temps pour m’y mettre, mais je m’y mets. Et quel éxutoire ! Après une difficile semaine de travail plutôt intense, pétrir me défoule. Pas vous ? Et quand le résultat est à la hauteur de mes espérances, je suis... le plus heureux des hommes ! :)

Si vous aimez les pains gourmands, exercez-vous sur ces flûtes à la mie dense et généreuse, au goût délicat de noisette. En effet, si elles contiennent des noisettes torréfiées, j’utilise également de la farine de noisette. J’ai déniché cela sur le ouèbe et j’étais bien content de ma trouvaille.

Voici la recette que je vous propose, basée sur la baguette de tradition de Sandra.


Flûtes torsadées 100% noisette

Ingrédients (pour 3 flûtes)
125 g de farine de froment T5575 g de farine de noisette
50 g de farine de seigle175 ml d’eau tiède
5 g de sel fin4 g de levure fraîche de boulanger
30 noisettes entières
Marche à suivre

Dans un bol, délayez la levure fraîche de boulanger dans l'eau tiède, puis laissez reposer 20 minutes. Dans un grand saladier, tamisez les farines, puis ajoutez la levure délayée avec l'eau. Mélangez le tout jusqu’à formation d’une boule plutôt collante (rien d’anormal, n’ajoutez surtout pas de farine !) Ajoutez le sel et prétrissez jusqu’à ce que la surface de votre pâte n’adhère plus (comptez 10 minutes). Formez une boule, farinez très légèrement le fond du saladier et déposez-y votre pâton. Recouvrez d'un linge humide et laissez lever 1h-1h30 à température ambiante, en rabattant la pâte toutes les 30 min (c’est-à-dire, glissez délicatement la main sous la pâte en faisant le tour du saladier, soulevez-la et retournez-la).

Farinez le plan de travail et versez-y la pâte délicatement. Farinez légèrement le pâton, puis étirez la pâte de gauche à droite pour former une bande d’une trentaine de centimètres. Repliez la pâte en portefeuille, en étirant les angles pour obtenir un pâton rectangulaire. Recouvrez une nouvelle fois d’un linge humide et laissez reposer 30 min. Recommencez l'opération 2 fois en effectuant 1/4 de tour à la pâte à chaque fois. Enfin, boulez légèrement et laissez détendre 30 min.

Torréfiez à sec les noisettes entières à la poêle. Pesez votre pâton, divisez-le en 3 morceaux de même poids, puis divisez chaque morceau en 2. Façonnez doucement les 6 morceaux en baguettes fines. Attention, c’est fragile, manipulez la pâte avec délicatesse ! Déposez les noisettes sur 3 baguettes, puis croisez deux par deux les pâtons pour former 3 flûtes. Laissez lever 30 min. sous un linge humide, pendant que vous préchauffez le four à 250°C avec de l'eau dans un récipient. Si vous le désirez, saupoudrez les flûtes d'un voile de farine à l'aide d'un tamis. Incisez (facultatif), diminuez la température du four à 220°C, puis enfournez pendant 15-20 min.

Laissez refroidir sur une grille à la sortie du four.

Le meilleur moment pour les déguster ? Le brunch du dimanche matin, encore tièdes, avec un beau morceau de fromage de chèvre tout doux et quelques feuilles de roquette ou des radis roses...

...Entre nous, le dernier brunch que j’ai pu faire, c’était... C’était quand ? Ah oui, au siècle dernier ! :)

Bon appétit,
Tit'

samedi 9 juin 2007

Toute la mer dans mon assiette

Je peux être le plus froid, le plus détestable et le plus cruel des oyster serial killers de la planète, comme le plus tendre et vulnérable être qui soit. Si, je vous garantis, j’ai besoin d’un peu de tendresse, bordel ! Ecoutez plutôt cette histoire qui se déroulait il y a peu.

J’ai bien cru que j’avais mis toute la mer dans mon assiette. J’ai eu honte tout à coup. Je me voyais accusé de vider les océans, de liquider des ressources déjà bien épuisées. J’imaginais une cohorte d’écologistes déchaînés en train de manifester au pied de chez moi, avec des banderoles et des slogans véhéments dénonçant mon comportement irresponsable. Pire que tout, j’imaginais en tête de ce cortège, sans pour autant, pour ce que j’en sais, qu’il ait des affinités particulières avec ce mouvement-là, un Patrick rouge de colère – ce qui me paraîtrait tout à fait légitime de sa part –, car non content d’avoir assassiné 24 huîtres, je venais de renouveler mon crime... en pleine saison de reproduction des gastéropodes. La honte, je vous dis !

Je sentis mes joues s’empourprer, je tentai de balbutier des excuses que je trouvai désespérément plates et il me sembla que des larmes me montaient aux yeux. Pour les dissimuler à mes convives qui n’auraient pas compris cet accès d’humilité, je me précipitai hors de la salle à manger sous le prétexte que j’avais oublié la fleur de sel – elle trônait pourtant au beau milieu de la table à la vue de tous. Incapable de me contrôler, le pied à peine mis dans la cuisine, mes glandes lacrymales se déversèrent en flots discontinus. Je tachai de me calmer en me passant un peu d’eau froide sur le visage.

Cinq minutes plus tard, les yeux rougis, je rejoignis ma place parmi les miens, la tête entre les épaules et quelques peu confus. Je perçus comme un murmure profond et général de satisfaction qui émanait de ces bouches en pleine mastication. Un coup d’oeil en coin jeté ici ou là sur les assiettes de mes voisins de table et je constatai qu’elles étaient déjà bien entamées et qu’ils se régalaient. Ô ciel, ils aimaient ma cuisine ! Ils ne m’en voulaient pas d’avoir nettoyer les océans du moindre poisson ou du moindre coquillage ! Cela m’émut plus que je ne l’aurais cru tout à coup et je dus une nouvelle fois fuir de la pièce, le corps secoué de sanglots étouffés tant bien que mal. Je pris mon temps pour me ressaisir, bien décidé cette fois-ci à accompagner mes hôtes dans leur repas. Je revins à table, souriant, heureux et apaisé, j’attrapai mes couverts et m’apprêtai enfin à déguster mon repas. Je vis alors une chose incroyable : on avait dévoré le contenu de mon assiette et tous autour de la table prenaient l’air de celui ou celle qui ne sait pas, de celui ou celle qui n’a rien vu et qui, même s’il ou si elle savait, ne dirait rien au nom d’une certaine loi du silence.

Incapable de me contenir, je pleurai à chaudes larmes.

Héhé, meuh quelle mauviette, ce Tit’, c’est pitoyab’ ! Du coup, l’image du terrrrifiant serial killer s’effondre un peu, je crains de ne plus être trop crédib’, hein ! ;o)

Trêve de plaisanterie, filons en cuisine si vous le voulez bien, j’ai des recettes toutes simples à vous présenter, rapides à réaliser et surtout avec pas mal de produits de chez le Môssieu venu de la Picardie Septentrionale avec des glaçons sur son traîneau. Vous voyez l’tableau ?...


Rillettes minute de thon germon

Ingrédients (pour 1 petite terrine)
1 boîte de thon germon au naturel4 Kiri
2 petits oignons nouveauxciboulette et persil surgelés
1 pincée d’épices moulues5 baies de genièvre
poivre du moulin
Marche à suivre

Epluchez et émincez très finement les oignons. Ouvrez la boîte de thon et égouttez bien la chair de thon. Dans un bol, écrasez à la fourchette plus ou moins grossièrement le thon avec le Kiri, les oignons émincés, les herbes surgelées, la pincée d’épices moulues et quelques tours de moulin à poivre. Ajoutez les baies de genièvre, versez la préparation dans une petite terrine, lissez la surface et réservez au frais quelques heures avant de servir sur des tartines de pain de campagne légèrement grillées. (Source : D’après la recette des rillettes de thon de M. Duveau, tirée du Carnet de recettes Côté Ouest, p. 30)


Lotte fumée au thé fumé

Ingrédients (pour 4 personnes)
350-400 g de chair de lotte3 CS de thé fumé Lapsang Souchong
1 verre d’eau froidefleur de sel, poivre, baies roses
Marche à suivre

Demandez à votre poissonnier qu’il découpe un morceau de lotte dans sa partie la plus large, sans peau et sans cartilage.

Découpez la chair de lotte en 4 morceaux de même poids. Dans une casserole à fond épais, chauffez à sec le thé fumé jusqu’à ce qu’il commence à fumer légèrement et que l’odeur de thé se répande dans la cuisine. Déposez les morceaux de lotte sur un disque de papier cuisson préalablement perforé, dans un panier vapeur en bambou. Placez le panier sur la casserole et laissez fumer 2 minutes. Retirez le panier, versez dans la casserole un verre d’eau froide, replacez le panier et laissez cuire à la vapeur entre 8 et 10 minutes. Servez la lotte fumée avec une pincée de fleur de sel, du poivre du moulin et quelques baies roses pour décorer, rien de plus !


Papillote de cabillaud mariné aux épices

Ingrédients (pour 4 personnes)
400 g de pavés de cabillaud2 CS d’huile d’olive
1 CS de sauce d’huître10 gousses de cardamome verte
1 CS de graines de coriandre1 CC de poudre de curry
1 CC de sésame1 CC de pavot
noix de muscade râpéefleur de sel, poivre du moulin
Marche à suivre

Dans un mortier, écrasez plus ou moins grossièrement les graines de cardamome et de coriandre. Mélangez dans un bol les épices écrasés, la poudre de curry, un peu de noix de muscade râpée, les graines de sésame et de pavot, du poivre du moulin, l’huile d’olive et la sauce d’huître. Si besoin, découpez vos pavés de cabillaud en 4 morceaux de même poids. Badigeonnez-les avec la marinade et laissez macérer ainsi pendant 15 minutes. Préchauffez le four à 180°C. Mettez le poisson en papillote dans du papier cuisson, puis enfournez pendant 15 minutes. Retirez les pavés de cabillaud des papillotes, puis servez-les avec une pincée de fleur de sel. (Sources : d’après la recette de thon en robe d’épices en papillote, Saveurs n°152, février-mars 2007, p. 114)


Salade primeur aux huîtres fraîches

Ingrédients (pour 4 personnes)
4 coeurs d’artichaut surgelés12 asperges vertes surgelées
4 tomates confites12 tomates cerises
1 poignée de mesclun par personne12 huîtres creuses
4 CC d’huile d’olive4 CC de vinaigre de tomate Mutti
fleur de selpoivre du moulin
Marche à suivre

Cuisez à la vapeur les coeurs d’artichaut et les asperges vertes selon les indications portées sur les sachets. Réservez au frais après cuisson ou consommez tiède, selon votre goût.
Passez les huîtres sous un filet d’eau fraîche. Ouvrez-les et détachez délicatement la chair. Jetez la première eau et replacez les huîtres dans leur coquille pour qu’elles produisent une seconde eau. Lavez et essuyez les tomates cerises. Lavez et essorez le mesclun (roquette, pousse d’épinard, feuille de chêne rouge, frisée et laitue). Dans un bol, prélevez l’eau des huîtres. Préparez une vinaigrette : mélangez cette eau avec l’huile d’olive, le vinaigre de tomate, la fleur de sel et quelques tours de moulin à poivre. Dressez votre salade dans les assiettes en utilisant les coeurs d’artichaut comme des coupelles, dans lesquelles vous disposerez les huîtres (sans leur coquille) et une tomate confite. Arrosez le tout avec votre vinaigrette.

Bon appétit,
Tit'

mardi 5 juin 2007

Huîtres gratinées à la Tit'oise

« Je rédige ce billet sans savoir si je fais mal ou bien, si l’intention est bonne ou non. Je ne sais pas trop si je dois vous le confier ni quelle forme donnée au récit qui suit, j’ignore seulement quel effet celui-ci pourrait avoir sur des âmes sensibles comme les vôtres. Ce que j’ai à vous conter à mon sujet est si terrible que je ne peux rien garantir sur des réactions en chaîne que mon histoire pourrait encourager. Peut-être déserteriez-vous définitivement cet imbloglio – que j’appelle Num Num Birdy! – pour mon plus grand malheur.

Oui, belle lectrice et charmant lecteur, c’est à vous que je m’adresse, à vous que je veux dire quel crime j’ai commis. Car, oui, amis, j’ai assassiné, pour dire vrai. Par vingt-quatre fois j’ai tué, vingt-quatre coups de couteau fatals, portés avec une précision chirurgicale, vingt-quatre victimes innocentes qui ne demandaient qu’à vivre.

C’était un vendredi. Je revenais du marché, où j’avais acheté deux douzaines d’huîtres creuses en provenance directe de la baie de Quiberon, une livre de beurre baratté au sel des salins de Guérande et des oeufs tout frais pondus à l’aube, comme me l’avait garanti l’agricultrice qui tenait l’étal. Chemin faisant, la façon que j’aurais d’accommoder les huîtres m’apparut très clairement. Avant de m’en aller derrière mes fourneaux, je passai par le jardin couper des brins de ciboulette encore frais de rosée, puis je fis un détour par la cave pour y extraire une bouteille poussiéreuse de Sancerre blanc. Je filai tout droit dans la cuisine déposer sur la table en chêne ma marchandise, me passai les mains sous un filet d’eau chaude, enfilai un tablier et je m’attelai à la tache avec une certaine excitation.

J’attrapai le sachet bleu, que la mareyeuse aux mains aussi large que dix battes de baseball avait lié fermement, et avec mes ongles j’éventrai le plastique de part en part pour dévider son contenu sur l’émail de l’évier. A la vue des beaux mollusques dans leur enveloppe de nacre verte et grise aux coutures acérées, mes yeux s’illuminèrent un bref instant d’un éclair pervers qui aurait trahi ma pensée, si je n’avais pas été seul dans l’office. "Qu’avons-nous ici ? Deux douzaines d’huîtres bretonnes et fières de l’être ? Pauvres bestioles sans défense ! Je vais m’occuper de vous, je vais vous donner une bonne leçon !"

Dans l’évier, où elles attendaient comme pétrifiées que je les manipule, je fis couler de l’eau très fraîche sur les coquilles pour en chasser algues et grains de sable récalcitrants. De la main, je les caressais doucement, comme on le ferait sur la joue d’un enfant plein de larmes pour l’apaiser, dans l’espoir que la chair des gastéropodes se détende lors de leur ultime baignade. Lorsque j’eus les doigts glacés, je saisis brutalement la plus petite huître d’entre elles et je la fis voler dans l’autre main, où elle manqua de m’échapper. "Le superbe coquillage !" Je perçus comme un trouble rétif dans l’eau de la part de ses aînées. L’une d’elles, qui m’apparut la plus massive et la plus âgées, laissa même échappée un flot de petites bulles d’air qui remontèrent prestement à la surface ; elles n’avaient d’autre but que de m’attendrir, pensais-je, mais elles manquèrent bel et bien leur effet, car au lieu d’un cri – étouffé par le bain – les bulles en éclatant à la surface de l’eau claire tintèrent joliment à mon oreille. Cette huître sage voulait-elle que j’épargne encore un temps sa cadette ? Tentait-elle de se rebeller contre l’ordre des choses qui veut qu’une huître qui ne produit pas de perle soit consommée quelques trois ou quatre ans après sa naissance ? "Ne crains rien, ma belle, ce n’est que moi, Tit’, l’oiseau détrousseur, bonimenteur et persifleur, l’oiseau de malheur, le corrompu, le débauché ! Et tandis que je serais jugé par mes pairs pour avoir perpétrer des actes aussi délictueux, pour avoir enfreint à ce point les lois de la nature, vous serez bien loin de vos coquilles, mes très chères huîtres, aux portes du Paradis !"

Pour mater ce mouvement de révolte latent, sans attendre j’empoignai le couteau à huîtres, une fine lame, courte et très robuste, offrant une protection pour la main la saisissant, mais peu rassurante pour la main située sous l’huître, c’est-à-dire en direction du mouvement que j’exerçais précisément sur la coquille de la jeune huître. Après quelques coups de pointe donnés à l’endroit de la charnière et un habile tour de poignet, j’exultai lorsque je fis pénétrer la lame émoussée sous la coque du gastéropode et que je rompis d’un geste prompt le muscle adducteur. Je pus enfin découvrir, ce que la bête blessée contenait. Bien que la coquille fût petite, l’huître était charnue et présentait bien. Au cœur du manteau translucide bordé d’un fin galon croquet noir, semblable à du velours, l’huître avait pris une extraordinaire couleur verte. Elle s’était nourrie de navicules bleues, dont les huîtres sont particulièrement friandes. Goulu comme je suis, je fus tenter de la détacher toute entière de sa nacre pour l’avaler crue dans son premier jus iodé aux saveurs inimitées et inimitables, puis je me rappelai que la pingre poissonnière ne m’en avait donner que le compte exact, au lieu des treize à la douzaine habituels. Je m’abstins avec un pincement au coeur et plaçai la bête sur du papier absorbant, pour qu’elle dégorge.

Désormais, au fond de l’évier régnait un calme résigné. Vingt-trois huîtres attendaient leur tragique destin. Et ainsi fut fait : une à une, sans aucun état d’âme, je transperçai la carapace des gastéropodes et les déposai auprès de leur jeune sœur. Je ne cessais de contempler ce camaïeu vert de gris qui me donnait l’impression d’une aquarelle de Ch. Cambier, à ce détail près que mon aquarelle se mouvait, vivait, bien que moribonde, car je voyais la chair des huîtres se contracter à la moindre vibration dans l’air. Je savais qu’elles vivaient là leurs derniers moments et je prenais un malin plaisir à le faire durer. Je voulais qu’elles voient le sort que je leur préparais et qu’elles admirent la dextérité que j’employais pour leur offrir la plus belle fin qui soit. "A présent que j’ai brisé votre carapace, à présent que vous êtes à ma merci, si nues sur le plan de travail, je peux poursuivre : que diriez-vous d’être nappées d’une sauce bouillante et acide, puis d’être passées au grill sans commune mesure ?"

Avec un sourire dégoûtant vissé au coin des lèvres, je réalisai une sauce façon sauce hollandaise à ma manière. Je mis à fondre un morceau de beurre demi-sel au bain-marie, je battis dans un cul de poule une paire de jaunes d’oeuf, auxquels j’ajoutai successivement, avec les gestes lestes de celui qui a le savoir-faire, une lichette de Sancerre blanc et quelques tours de moulin à poivre. J’allumai la gazinière, plaçai la casserole sur le feu au plus bas et j’y battis mon mélange pendant quelques minutes, au point de le rendre mousseux. Le fumet du Sancerre se répandit doucement dans la cuisine et vint me chatouiller les narines. Hors du feu, j’entrepris d’ajouter le beurre fondu progressivement. Je continuai à battre la préparation, j’ajoutai au goût quelques gouttes de citron pour exhorter l’acidité de la sauce. Il se dégageait de la casserole en cuivre une odeur de cuisine suave, qui me fit frissonner de convoitise. Enfin, la sauce était prête. La recette arrivait à son terme, je bouillonnais d’impatience.

Je mis le four à préchauffer et lorsqu’il fut à bonne température, j’arrangeai délicatement mes huîtres dans un plat en céramique. Je nappai les bêtes de sauce et je pus voir chacune d’entre elles se rétracter sous l’effet de la chaleur. Le bouleversant et jubilatoire spectacle ! J’enfournai le plat assez haut dans l’habitacle, sous le grill, pendant un lot de minutes qui me parut durer des heures, tenaillé que j’étais par la faim, la soif et plus que tout par l’envie d’y planter les dents. Pour patienter, je découpai de minces tranches de pain, sur lesquelles je déposerai ensuite les pièces de mon gratin. J’hésitai un moment avant de les passer également sous le grill, mais il fut vite trop tard pour agir, car les huîtres venaient définitivement de rendre l’âme sous le feu de la résistance rougeoyante.

Il était temps que je me délecte. Je ne vous décrirais pas le moment d’extase qui s’ensuivit, lorsque je saisis à pleine dent une huître gratinée encore fumante. Après l’horrible forfait que j’avais commis et la cruauté avec laquelle j’avais agi, vous n’auriez pas compris la joie qui me gagna à cet instant. Si je me livre à vous aujourd’hui, ce n’est pas pour tenter d’expier ma faute. Je n’ai pas à me repentir, je ne me sens nullement blâmable, car je sais bien que je ne suis pas le premier et encore moins le dernier à m’exécuter avec tant de véhémence en cuisine. Seulement, il me fallait vous conter cet événement de la manière la plus réaliste qui soit pour que vous sachiez pertinemment à qui vous aviez affaire. Si j’étais amené un jour à travailler auprès de vous, je préfère que vous soyez averti.

Maintenant, je m’en vais me reposer un peu. L’intense récit de ce souvenir m’a quelque peu épuisé. Je m’installe sur le sofa et j’attaque quelques lectures qui traînent sur mon chevet : Si par une nuit d'hiver un voyageur d’Italo Calvino, Justine ou les Malheurs de la vertu du Marquis Donatien Alphonse François de Sade et un curieux ouvrage, La Soupe de Kafka d’un certain Mark Crick... dont ces lignes sont fortement inspirées. »

Huîtres gratinées à la Tit’oise

Ingrédients (pour 4 personnes)
24 huîtres creuses1 baguette aux céréales
100 g de beurre demi-sel2 jaunes d’oeuf
1/2 jus de citron1 lichette de Sancerre blanc
poivrequelques brins de ciboulette
Marche à suivre

Ouvrez les huîtres et égouttez la chair sur du papier absorbant.

Préparez une sauce façon sauce hollandaise. Faites fondre le beurre au bain-marie, puis réservez. Dans une casserole, battez les jaunes d’oeuf avec le Sancerre blanc et quelques tours de moulin à poivre, puis mettez à cuire sur feu doux en fouettant sans arrêt pendant 3 min. Hors du feu, ajoutez peu à peu le beurre fondu et tiédi en mélangeant continuellement. Ajoutez le jus de citron (n’en mettez pas trop, la sauce doit rester assez onctueuse, pas trop liquide, pour gratiner correctement).

Déposez les huîtres égouttées dans un plat creux allant au four, nappez-les avec la sauce et passez le plat au grill (250°C) pendant 5 minutes. Découpez 12 tartines d’1 cm d’épaisseur dans la baguette, que vous grillerez ou non, selon votre goût. Lorsque les huîtres sont suffisamment gratinées, sortez le plat du four et déposez 2 huîtres sur chaque tartine et décorez avec la ciboulette.

Forcément, on boira – pour plaire à Claude-Olivier – un Sancerre blanc, ou à défaut un Muscadet sur Lie avec ces tartines iodées et savoureuses ; toutefois, n’ayez pas peur de vous lancer si vous n’avez sous la main qu’un Gros Plant bien frais. Association garantie !

Bon appétit,
Tit'

Les huîtres sur NNB!

Salade mesclun aux huîtres et aux marrons
Huîtres au jus de légumes frais, blinis aux algues
Soupe Parmentière huîtres, morilles et lard croustillant

A voir ailleurs

Le blog culinaire d'une ostréicultrice : Les couleurs d’Isa

A dévorer de toute urgence !

Si vous n’avez rien à lire en ce moment, chez vous, dans les transports qui vous amènent au travail, dans le train, le bateau ou dans l’avion qui vous conduit d’un continent à l’autre sur le trajet des vacances, je vous invite à déguster ce drôle de bouquin aux mots hyper jubilatoires. Voici 16 recettes rédigées "à la manière de", non sans talent. De ce livre, je n’ai fait qu’une bouchée. Non, je mens : 16 bouchées (et un gros rototo pour bien digérer) !

Mark Crick, La soupe de Kafka, éd. Flammarion

Ce livre est sous-titré dans les termes suivants : "Une histoire complète de la littérature mondiale en 16 recettes" et pour cause, ils sont tous là : Raymond Chandler (Le grand sommeil), Jane Austen (Raisons et sentiments), Franz Kafka (La métamorphose), Irvine Welsh (Trainspotting), Gabriel Garcia Marquez (Cent ans de solitude), John Steinbeck (Des souris et des hommes), Italo Calvino (Si par une nuit d’hiver un voyageur), le Marquis de Sade (Justine ou les malheurs de la vertu), Virginia Woolf (Orlando), Homère (L’Odyssée), Marcel Proust (Du côté de chez Swann), Graham Greene (L’agent secret), Jorge Luis Borges (Fictions), Harold Pinter (Le gardien), Thomas Mann (Mort à Venise), Geoffrey Chaucer (Les contes de Canterbury) et Tit' (Num Num Birdy!). Heu... non, là, j’déconne ! :)

Quelques avis sur l’ouvrage

Les Echos : http://www.lesechos.fr/
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vendredi 1 juin 2007

Ma Tit' de blog

Oui, c'est de l'autopromo, et alors ?!

V'là qu'on parle de moi, hé ! J'allais pas passé à côté, hein ! Paraîtrait même que j'ai répondu aux questions posées par Lucile. Si, si, vrai de vrai ! Z'allez-y voir si vous m'croivez pas !

Cliquez donc sur le logo ci-dessous pour accéder à l'entrevue :

A bientôt,
Tit'
P.S. : Annie, désespère pas, je reviens dès que bleussipo !