jeudi 8 mai 2008

Cours Langlet, je rencontrai une petite friande

Cours Langlet, je rencontrai une petite friande. Très friande. Je quittai la Cathédrale, je laissai à son triste sort la pucelle sur son fier destrier, à jamais scellée sur le marbre avec son air de je-ne-sais-quoi qui m’irritait et qui ne m’inspirait guère de pensée heureuse à son sujet. Il faut avouer aussi que la bergère m’en avait sévèrement fait baver à l’époque où l’on portait encore ces affreux tricots de peau synthétiques bleu pétrole. Sacrée Jeanne ! Combien de lignes avais-je pissées à cause d’elle, parce que je m’entêtais à ne pas vouloir croire un traître mot au sujet de soi-disant paroles divines qu’elle aurait entendues alors qu’elle venait très certainement de fumer, une fois n’est pas coutume, le fourrage qu’elle offrait chaque soir à déguster aux biquettes qu’elle gardait ? Combien d’enguirlandages parce que je refusais d’adhérer à l’Histoire (avec un grand H, pardi !) qui dit que la simple gardienne de bestiaux devint commandante en chef de l’armée française du temps jadis où il n’y avait pas encore l’électricité et l’Internet, une époque où, c’est bien connu, la meuf était considérée, honorée, respectée pour ce qu’elle était ?... Oui, la jouvencelle m’a souvent agacé et malgré moi, ce jour-là, je lui en tins encore rigueur.

Je lui tournai donc le dos et m’engageai le long du Cours Langlet, où je rencontrai une petite friande. Ah, le beau brin de donzelle ! Non, je ne parle pas de celle de Donrémy, celle-ci, je vous le dit, je le répète, je m’en tape comme de l’an 1431, où elle fut brûlée vive sur la place du marché de Rouen – Paix à son âme et à ses admirateurs ! Non, je vous parle d’une tentatrice, d’une dragueuse, d’une charmeuse de serpent d’oiseau déplumé, d’une belle pépette que je dégotai à l’angle du cours susnommé et de la rue des Elus. La rue de l’Elue aurait été plus à propos, car l’élue se tenait là, discrète mais éclatante dans sa robe blanche, surmontée d’une touche d’or et de quelques notes bien choisies de couleurs franches et suaves. Raffinée, généreuse, souriante, aimable, on avait envie de la couvrir de baiser, d’y coller ses lèvres et de lécher la vitrine jusqu’à en traverser le verre pour atteindre ces délices qui s’offrait aux regards avides. Oui, la Petite Friande, fière échoppe bien connue des rémoises et des rémois, m’ouvrait ses portes !

A l’intérieur, je ne savais où donner de la tête. J’avais bien parcouru le site de la maison, pour me préparer au choc(olat ?), je ne savais pourtant plus ce que j’y venais chercher. Il me fallut l’assistance de quelque sympathique vendeuse pour me remettre de mes émotions et pour faire mon choix. Parce que j’étais à Reims, cela va de soi, j’achetais d’abord un sachet de biscuits roses, spécialité de la ville, dans l’idée de réaliser une charlotte pour les fêtes de Pâques (chose faite et qui fut fort bonne). Je reculai encore le moment de regarder plus en détail les chocolats et je pris un beau morceau de ce nougat tendre au caramel et aux amandes, une merveille de douceur, qui pire qu’un piège à mouche m’attira indéniablement. Enfin, je me retournai et découvris...

Non, décidément, il me fut impossible encore de regarder les bijoux délicatement déposés au fond de la vitrine qui parcourt la boutique tout du long. Je revins vers l’entrée, prêt à fuir, à renoncer, mais le vice qui est le mien, la gourmandise, cette vilaine gourmandise me retint contré mon gré (Oh, l’faux derche !). Je trouvai une parade et j’allai donc admirer ces petites boîtes qui renferment, autre spécialité de la région, les célèbres Bouchons au marc de Champagne et les Bulles à la Fine (de Champagne). J’en fis remplir mon panier, qui s’alourdissait peu à peu.

Et puis, n’y tenant plus, je collai enfin mon nez à la vitrine. Mon Dieu, quelle splendeur ! Quelle excellence ! Quelle oeuvre ! Quel panache… ces ganaches ! Je l’aurais léchée s’il n’y avait eu mes ziozios piaffant (eux aussi) d’impatience à mes pieds. Oui, j’avais là sous les yeux (des dizaines ? des centaines ? peu importe !) une tonne de petites douceurs plus tentantes les unes que les autres. Heureusement, ma belle oiselle, ma raison, me rappela à la réalité et, bien sage (ou presque), je reparti le sachet bourré à craquer. A craquer, c’est le mot, il ne tint pas deux minutes !

En quittant la boutique, je me régalai vite et bien, car la ganache n’attend pas ; ç’aurait été prendre un risque inconsidéré de contracter une intoxication (et qui faisait bien mon affaire !). Je me régalai donc et courus derechef à la cathédrale poser mon arrière-train sur le socle de marbre de la Jeanne, pour la narguer, me venger de tout ce que la garcette m’avait fait endurer.

Si la bergère ne cilla pas, j’aurai juré que la fougueuse monture (La pauvre bête, rien qu’à voir sa gueule terrifiée, folle, on la prendrait presque en pitié de devoir supporter un tel fardeau depuis temps d’années !), j’aurai juré, disais-je, voir les narines du cheval frémir au doux parfum de ces quelques friandes friandises. Mordicus !

Et vous ? Laquelle prendriez-vous ? Une ganache pure Vénézuela aux piments d’Espelette (Espelette) ? Une ganache au fruit de la passion (Jaspe) ? Une ganache fruitée sur coulis de fraise (Finesse) ? Une ganache au marc de Champagne (Millésime) ? Une ganache de noisettes (Ecureuil) ? Un praliné aux graines de sésame (Trésor) ? Une pâte d’amandes nature (Palma) ? Une pâte d’amandes et pistache (Pistra) ?... Z’hésitez, hein ?

Aller, je vous laisse à votre rêverie. A très bientôt,
Tit'

P.S. : Et merci, Cousine, Cousin, et merci, Tatamail, Tontonchamp' pour l'accueil, pour le champ' qu'on a bu en vot'nom !


Un peu de tourisme ?

Si vous souhaitez déguster un chocolat ou du nougat à la Petite Friande, si vous souhaitez écumer les caves de Champagne, je vous invite à découvrir le temps d'un week-end une très belle chambre d'hôtes à quelques kilomètres au nord de Reims, la Closeries des Sacres, qui offre trois chambres d'hôtes (dont une suite familiale de 80 m²) dans un lieu, je vous avoue, particulièrement exceptionnel, une vieille bâtisse intégralement réaménagée (et avec goût !) au cœur de Lavannes, petit village en rase campagne. Petite anecdote, les lits sont si grands, si larges (200 cm x 200 cm) que j'ai du marcher, oh, quoi, un bon kilomètre avant d'aller embrasser ma Tendre pour lui souhaiter une bonne nuit. Huhu ! ;-)

 

jeudi 1 mai 2008

Si j'avais du pandan, je ferai ça ... mais j'en ai pas !

Vous avez certainement entendu parler du nouveau buzz du tonnerre de dieu à la con comme on a encore jamais vu lancé par Marion, la sympathique geo du blog Il en faut peu pour être heureux. Bien. J’ajoute donc (à la bourre, mais on s’en fout, c’est qu’un jeu à la con comme j’aime) ma pierre à l’édifice.

1ère étape : répondre à quelques questions pas fastoches du tout.

1°) De quelle couleur est le pandan ?

Réponse au choix :
a) De la couleur de ce qui sort du gosier de Nat’ quand elle a le mal de mer (c’est-à-dire tout le temps)
b) De la couleur du papier peint qui recouvrait ma chambre y'a quelques années
c) En fait, ça dépend de son humeur, le pandan est caméléon
d) C’est çui qui dit qui y est !


2°) A quel ogre célèbre de couleur verte et vivant dans les marais peut être associé le pandan ?

Au choix :
a) Ohw ! Ohw ! Ohw ! Le Géant Vert, pardi !
b) Hulk, en train de déguster sa pâtée quotidienne de vers à soie, ça va de soi
c) Shrek, Shrek II et Shrek III réunis


3°) Si on enlève une lettre au mot "pandan", le nom d'un animal sympathique apparaît miraculeusement. Lequel est-ce ?

Le padan (canis sheniscidae familiaris) est un mammifère domestique de la famille des canishéniscidés, proche du toutou-à-sa-mémère (ou plus communément appelé roquet ou bâtard) et du manchot des mers australes.

La femelle du padan s'appelle la padane et un jeune padan est appelé un padon.

Le padan glapit, jappe ou aboie et bat des ailes, mais ne vole pas, car ses ailes sont vraiment trop courtes. Dieu n’a pas toujours bien fait les choses ! Quand on voit la gueule de l’animal, on se demande vraiment ce qu’il avait en tête ce jour là. Ève est-elle passée dans son champ de vision, ce qui l’aurait alors grandement perturbé dans les premiers jours de la Création ? Cela, seul Dieu le sait. Et en plus, si je ne m’abuse, ça m’étonnerait qu’Ève soit passée par là parce que, en théorie – enfin, c’est ce que raconte cette sacrée Bible – le padan a été créé avant Ève, mais bon, avec la Bible, on n’est pas à une erreur historique près, hein ! Bref...

Il existe de nombreuses races de padan. Environ les trois quarts de celles reconnues sont très anciennes et issues de la sélection naturelle (Ouais, comme quoi, la sélection naturelle ne fait pas toujours bien les choses. Quand on voit la tête du padan, on se demande pourquoi Dieu n’a pas eu recours immédiatement à l’eugénisme… Peut-être parce qu’il n’avait pas encore créé Eugénie, ouais, c’est bien possible. Peut-être aussi parce que le principe de l’eugénisme n’avait pas encore été inventé à cette époque. Qui sait ?).

Les padans se nourrissent essentiellement de Fido boulettes, de poissons-chats, de crustacés décortiquées et surgelés ou de bâtons de surimi, au grand désespoir de Patrick.

Leur attitude sociale est très développée : ils sont grégaires. Les padans se groupent pendant les tempêtes sur les côtés bretonnes, afin de se protéger mutuellement. Comme les padans situés à la périphérie sont très exposés au vent et au crachin, ils se relaient à cette position en se déplaçant continuellement les uns par rapport aux autres. Ce regroupement en mouvement est appelé « turtle », car elle rappelle la célèbre formation défensive des romains ou peut-être en hommage à une célèbre blogueuse, qui sait. En effet, même le padan empereur, très tolérant aux températures glaciales et aux pluies qui arrosent perpétuellement les côtes armoricaines, ne survivrait pas s'il se retrouvait isolé dans la tempête.

Pendant la saison de reproduction, les padans se rassemblent en immenses colonies – plusieurs milliers de couples (Ouais, je sais, c’est dégueu, mais bon, l’échangisme est aussi une pratique humaine fort développée... paraît-il, moi, ch'sais pas, j'pratique pas... encore) – sur les côtes toujours désertes et escarpées du Finistère ou des Côtes d’Armor. Ces colonies contiennent parfois différentes espèces de canisphéniscidés, mais qui sont alors assez nettement séparées. Seul le padan à jugulaire niche en effectifs de quelques individus au milieu des colonies de padan Bigouden en terre bigoudène. Leurs sites de nidification peuvent être très difficiles d'accès (en tout cas par car de tourisme).

Les padans gardent leur unique œuf sur leurs pattes après la ponte qui a lieu entre le 1er janvier et le 31 décembre de la même année (P’tain, comme nous, hé !). De 30 à 50 jours sont nécessaires à l'éclosion. À la naissance, les padons sont recouverts d'un duvet gris. Déjà que ses parents ont sale tronche, je vous laisse deviner la gueule du rejeton, c’est limite supportable. Les parents vont, non pas en mer comme on pourrait le croire, mais gratter à la porte du voisinage pour chercher de la nourriture (parce que le surimi en boîte au fond des océans, c’est bon que dans la pub), qu’ils mâchouillent avec leurs petites canines et la régurgitent pour leur petit (Pouah, infecte !). Lorsque le duvet tombe, le petit padon s'aventure au delà du nid et doit se démerder pour trouver à becqueter. Beaucoup y laisse leur peau et c’est pas moi qui m’en plaindrait !

Le padan a pour premier prédateur l'homme (et plus particulièrement, moi), les canisphéniscidés étant très appréciés pour leur huile. L’huile de padan, excellente, est naturellement enrichie en oligo-éléments et oméga 3. Elle rend le plumage luisant et soyeux, renforce l’émail des dents, adoucit les engelures, soulage les hémorroïdes, est délicieuse en salade (mâche, croûtons frottés à l’ail et foies de padan). Cependant, l’huile de padan est très chère, car rare. Pas fastoche de choper un padan, espèce protégée s’il en est, parce que la bête est féroce comme un roquet, et qu’on est plus souvent tenter de le jeter à la baille pour qu’il la ferme que de se salir pour récupérer un bidon d’huile.

2ème étape : Si j'avais du padan, je ferai ça !

Padan farci aux fruits de mer

Ingrédients (pour 4 personnes) :

1 padan de 1,5 kilo ou plus ; gros sel ; poivre ; épices ; 1 boîte de crevette grise ; 1 boîte de moules ; 1 sachet de surimi ; 1 cuillère à café de pandan en poudre

Marche à suivre

Prendez votre 22 long rifle Smith and Wesson et allez dégommer un beau spécimen de padan sur les côtes bretonnes. Coupez lui la tête, la queue, déplumez-le à l’huile de coude, passez-le au Kärcher, puis brûlez la peau au chalumeau Butagaz pour supprimer le dernier plumage.

Préchauffez votre four Bosh à 250°C. Placez la bête dans une grosse cocotte en fonte Le Creuset. Frottez au gros sel La Baleine, huilez à l’huile de padan, poivrez au poivre gris Ducros, épicez (pour moi : cannelle Ducros, Gingembre Ducros, herbes de provence Ducros et pandan Marionkine). Farcissez avec les crevettes et les moules égouttées, ouvrez les sachets de surimi et fourrez le padan. Enfournez le tout en l’oubliant 1h à 1h15. Quand la peau est bien grillée et que ça sent bon le pandan rôti dans toutes les pièces de votre maison Phénix, venez vite, c’est prêt.

Vous accompagnerez votre padan avec des pommes duchesse McCain.

Bon app... !

Nan, désolé, l'appétit, j’ai pas pu, l'a été coupé. Rien que l’odeur, j’ai tout balancé à la poubelle, c’était infâme, vraiment infâme ! Depuis, je milite à WWF pour la protection des padans et je ne me porte pas plus mal.
Tit'

P.S. : Ah ?! La recette ça devait pas être avec du padan sauvage mais avec le sujet de ce billet, le pandan ?! J'aurais rien compris ?! Mais heu... c'est quoi le... "pandan" ?!