Toute la mer dans mon assiette
Je peux être le plus froid, le plus détestable et le plus cruel des oyster serial killers de la planète, comme le plus tendre et vulnérable être qui soit. Si, je vous garantis, j’ai besoin d’un peu de tendresse, bordel ! Ecoutez plutôt cette histoire qui se déroulait il y a peu.
J’ai bien cru que j’avais mis toute la mer dans mon assiette. J’ai eu honte tout à coup. Je me voyais accusé de vider les océans, de liquider des ressources déjà bien épuisées. J’imaginais une cohorte d’écologistes déchaînés en train de manifester au pied de chez moi, avec des banderoles et des slogans véhéments dénonçant mon comportement irresponsable. Pire que tout, j’imaginais en tête de ce cortège, sans pour autant, pour ce que j’en sais, qu’il ait des affinités particulières avec ce mouvement-là, un Patrick rouge de colère – ce qui me paraîtrait tout à fait légitime de sa part –, car non content d’avoir assassiné 24 huîtres, je venais de renouveler mon crime... en pleine saison de reproduction des gastéropodes. La honte, je vous dis !
Je sentis mes joues s’empourprer, je tentai de balbutier des excuses que je trouvai désespérément plates et il me sembla que des larmes me montaient aux yeux. Pour les dissimuler à mes convives qui n’auraient pas compris cet accès d’humilité, je me précipitai hors de la salle à manger sous le prétexte que j’avais oublié la fleur de sel – elle trônait pourtant au beau milieu de la table à la vue de tous. Incapable de me contrôler, le pied à peine mis dans la cuisine, mes glandes lacrymales se déversèrent en flots discontinus. Je tachai de me calmer en me passant un peu d’eau froide sur le visage.
Cinq minutes plus tard, les yeux rougis, je rejoignis ma place parmi les miens, la tête entre les épaules et quelques peu confus. Je perçus comme un murmure profond et général de satisfaction qui émanait de ces bouches en pleine mastication. Un coup d’oeil en coin jeté ici ou là sur les assiettes de mes voisins de table et je constatai qu’elles étaient déjà bien entamées et qu’ils se régalaient. Ô ciel, ils aimaient ma cuisine ! Ils ne m’en voulaient pas d’avoir nettoyer les océans du moindre poisson ou du moindre coquillage ! Cela m’émut plus que je ne l’aurais cru tout à coup et je dus une nouvelle fois fuir de la pièce, le corps secoué de sanglots étouffés tant bien que mal. Je pris mon temps pour me ressaisir, bien décidé cette fois-ci à accompagner mes hôtes dans leur repas. Je revins à table, souriant, heureux et apaisé, j’attrapai mes couverts et m’apprêtai enfin à déguster mon repas. Je vis alors une chose incroyable : on avait dévoré le contenu de mon assiette et tous autour de la table prenaient l’air de celui ou celle qui ne sait pas, de celui ou celle qui n’a rien vu et qui, même s’il ou si elle savait, ne dirait rien au nom d’une certaine loi du silence.
Incapable de me contenir, je pleurai à chaudes larmes.
Héhé, meuh quelle mauviette, ce Tit’, c’est pitoyab’ ! Du coup, l’image du terrrrifiant serial killer s’effondre un peu, je crains de ne plus être trop crédib’, hein ! ;o)
Trêve de plaisanterie, filons en cuisine si vous le voulez bien, j’ai des recettes toutes simples à vous présenter, rapides à réaliser et surtout avec pas mal de produits de chez le Môssieu venu de la Picardie Septentrionale avec des glaçons sur son traîneau. Vous voyez l’tableau ?...
Rillettes minute de thon germon
Ingrédients (pour 1 petite terrine)
1 boîte de thon germon au naturel | 4 Kiri |
2 petits oignons nouveaux | ciboulette et persil surgelés |
1 pincée d’épices moulues | 5 baies de genièvre |
poivre du moulin |
Marche à suivre
Epluchez et émincez très finement les oignons. Ouvrez la boîte de thon et égouttez bien la chair de thon. Dans un bol, écrasez à la fourchette plus ou moins grossièrement le thon avec le Kiri, les oignons émincés, les herbes surgelées, la pincée d’épices moulues et quelques tours de moulin à poivre. Ajoutez les baies de genièvre, versez la préparation dans une petite terrine, lissez la surface et réservez au frais quelques heures avant de servir sur des tartines de pain de campagne légèrement grillées. (Source : D’après la recette des rillettes de thon de M. Duveau, tirée du Carnet de recettes Côté Ouest, p. 30)
Lotte fumée au thé fumé
Ingrédients (pour 4 personnes)
350-400 g de chair de lotte | 3 CS de thé fumé Lapsang Souchong |
1 verre d’eau froide | fleur de sel, poivre, baies roses |
Marche à suivre
Demandez à votre poissonnier qu’il découpe un morceau de lotte dans sa partie la plus large, sans peau et sans cartilage.
Découpez la chair de lotte en 4 morceaux de même poids. Dans une casserole à fond épais, chauffez à sec le thé fumé jusqu’à ce qu’il commence à fumer légèrement et que l’odeur de thé se répande dans la cuisine. Déposez les morceaux de lotte sur un disque de papier cuisson préalablement perforé, dans un panier vapeur en bambou. Placez le panier sur la casserole et laissez fumer 2 minutes. Retirez le panier, versez dans la casserole un verre d’eau froide, replacez le panier et laissez cuire à la vapeur entre 8 et 10 minutes. Servez la lotte fumée avec une pincée de fleur de sel, du poivre du moulin et quelques baies roses pour décorer, rien de plus !
Papillote de cabillaud mariné aux épices
Ingrédients (pour 4 personnes)
400 g de pavés de cabillaud | 2 CS d’huile d’olive |
1 CS de sauce d’huître | 10 gousses de cardamome verte |
1 CS de graines de coriandre | 1 CC de poudre de curry |
1 CC de sésame | 1 CC de pavot |
noix de muscade râpée | fleur de sel, poivre du moulin |
Marche à suivre
Dans un mortier, écrasez plus ou moins grossièrement les graines de cardamome et de coriandre. Mélangez dans un bol les épices écrasés, la poudre de curry, un peu de noix de muscade râpée, les graines de sésame et de pavot, du poivre du moulin, l’huile d’olive et la sauce d’huître. Si besoin, découpez vos pavés de cabillaud en 4 morceaux de même poids. Badigeonnez-les avec la marinade et laissez macérer ainsi pendant 15 minutes. Préchauffez le four à 180°C. Mettez le poisson en papillote dans du papier cuisson, puis enfournez pendant 15 minutes. Retirez les pavés de cabillaud des papillotes, puis servez-les avec une pincée de fleur de sel. (Sources : d’après la recette de thon en robe d’épices en papillote, Saveurs n°152, février-mars 2007, p. 114)
Salade primeur aux huîtres fraîches
Ingrédients (pour 4 personnes)
4 coeurs d’artichaut surgelés | 12 asperges vertes surgelées |
4 tomates confites | 12 tomates cerises |
1 poignée de mesclun par personne | 12 huîtres creuses |
4 CC d’huile d’olive | 4 CC de vinaigre de tomate Mutti |
fleur de sel | poivre du moulin |
Marche à suivre
Cuisez à la vapeur les coeurs d’artichaut et les asperges vertes selon les indications portées sur les sachets. Réservez au frais après cuisson ou consommez tiède, selon votre goût.
Passez les huîtres sous un filet d’eau fraîche. Ouvrez-les et détachez délicatement la chair. Jetez la première eau et replacez les huîtres dans leur coquille pour qu’elles produisent une seconde eau. Lavez et essuyez les tomates cerises. Lavez et essorez le mesclun (roquette, pousse d’épinard, feuille de chêne rouge, frisée et laitue). Dans un bol, prélevez l’eau des huîtres. Préparez une vinaigrette : mélangez cette eau avec l’huile d’olive, le vinaigre de tomate, la fleur de sel et quelques tours de moulin à poivre. Dressez votre salade dans les assiettes en utilisant les coeurs d’artichaut comme des coupelles, dans lesquelles vous disposerez les huîtres (sans leur coquille) et une tomate confite. Arrosez le tout avec votre vinaigrette.
Bon appétit,
20 graines et quelques miettes pour un cuicui affamé:
"Du serial killer en être émotif" ... parce que les hommes pleurent maintenant ? Ah oui, ils pleurent parce qu'on leur pique ce qu'ils ont dans l'assiette (la vie est une jungle et n'oublies pas que tu es un tigre surtout : puissant mais solitaire, devant lutter contre tous !).
J'ai presque marché deux secondes (c'est déjà pas mal)... mais voyant la longueur du post j'ai fait comme tout internaute de base : je suis allée voir en bas avant de revenir au début ... warf warf warf. La patience n'est pas mon fort.
En réalité tu nous préparais à ce qui allait suivre et tu essayais de redorer ton image ("vider les oécans" = cabillaud, "période de reproduction" = forcément une recette avec des huîtres !).
Pfiou, heureusement que tes recettes sont bonnes (wouaouh de la lotte fumée !!!) : c'est ainsi, et seulement ainsi que tes lecteurs parviennent à conserver une bonne opinion de toi (c'est mon cas)
[^_^]
je salive à l'idée de la lotte fumée mais, je ne te félicite pas... tu n'es qu'un serial killer qui cherche à nous apitoyer avec des larmes d'opérette!
Mais étant donné les recettes que tu nous confies, je te pardonne encore une fois... mais, n'y reviens pas!
Ton assiette est une vraie explosion de saveurs! Moi qui redécouvre les produits de la mer en ce moment, c'est super bien tombé!
Mamina a bien raison, j'en ai peur... ou alors.... ou alors ???
écoute... t'as le choix, d'après mes souvenirs d'un côté et ce qu'on m'en dit de l'autre... c'est soit la puberté ou la ménopause. Dans les deux cas, les hormones font des miracles. Mais ça peut faire pousser des poils. Ou les seins. Faut le savoir.
Sinon, c'est très joli tout ça, surtout que je viens de recevoir un catalogue bien intéressant d'un local pour du poisson fumé. Je ne mettrai pas toute la mer dans mon assiette, j'en suis bien trop loin, mais des rivières !
-dhwlry- ah non... : -tbtchpyy-
Je vais pas m'étaler sur le serial killer... ;-) Tes recettes sont trop belles, tentantes voire un peu divines même. Quel talent !
Ces présentation sont tres belles ! (la petite baie rose fait toute la difference ;-)
Impossible de t'en tenir rigueur...Ce que tu nous prépares est tellement bon, on te pardonne tout !
Bises
Ben tu es en forme Tit', quelle cadence et que de jolies recettes...tu as mangés quoi ??? Un concentré de bonnes choses sous forme liquide, c'est le Sancere qui te met dans cet état là ???
A+
Claude
Comme tu dois le savoir, je ne cuisine pas de poisson, mais en mange parfois lorsque je suis au resto ou invitée (Oui je sais, quelle hypocrisie !! J'assume presque !) ; et là, je dois bien dire que tes recettes me tentent, surtout les deux premières !
Une petite remarque technique : tu ne trouves pas que faire fumer un produit (tofu pour moi) dans une cocotte la "marque" fortement ?
MMMmmm , je vois que tu pleures beaucoup. Un conseil : pour éviter les yeux bouffis il suffit d'appliquer une huître sur chaque oeil. Imparable ! :-)
Quel acteur ce Tit! Et quel cusinier aussi, je comprends que tes invites se soient regales.
Ca alors, mais tu es un homme ?! Je débarque un peu : avec le nom "Tit'" j'étais persuadée que tu étais une femme.
Je crois que je n'ai vraiment rien compris, en fait ;-)
Magnifiques photos (même pour moi qui ne raffole pas vraiment du poisson).
Quelles magnifiques photos!
les recettes sont très appétissantes..et le poisson si bon...
Moi, j'ai compris un peu plus tôt que Bergamote que tu n'étais pas une fille, mais à peine ;-)
Tes recettes sont super classe ! Beaucoup trop pour moi ;-)
et quelle assiette!
Je fais ta lotte ce soir même ! J'ai un bon Lapsong de chez Mariage Frères que je vais "sacrifier" à cet usage ... J'en salive d'avance ...
Bisous
Hélène (tu vois, je ne signe pas Hélène (Cannes). C'est Blogger qui signe automatiquement pour moi.) Faut dire qu'entre toutes les Hélène de la blogosphère, il y a de quoi faire... :o))
Re-bises
Re-Hélène !!!
me revoilà! merci pour tes commentaires d'encouragement, hihihi, mais bon, le ragazzo a à Rome une connexion ADSL fainéante au farniente congénital!
dis donc, belle brochette de recettes... et l'émotivité poissonnière ça doit quand même marcher pas mal avec les filles ;-)
je ne sais pas quelle recette essayer en premier....!
quelle superbe assiette!! biiises micky
Diantre, j'avais raté ce florilège. Toutes plus superbes les unes que les autres ces préparations... le coup de fumer au thé fumé, je perds pas de vue! Sinon, je ne suis que comportamentalement écolo ;-))
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