
Je commençais à m’inquiéter. Je touche terre, enfin ! Il m’aura fallu trois jours pleins pour redescendre de la planète Aurillac. J'ai puisé tant et tant d'énergie (dans le peu de réserve que j'avais) durant le week-end que je suis une véritable larve, efficace à 0,5 % au boulot, en ce début de semaine, mais chuuuut, faut pas le dire !...
Quand vous vivez des moments aussi intenses, aussi riches de rencontres, de bonne humeur, de (fous) rires, de gourmandises, je ne sais pas vous mais moi il me faut un certain temps pour me remettre de mes émotions. Des instants privilégiés comme ces trois jours passés dans la capitale du Cantal sont rares dans ma vie de banlieusard, adepte malgré moi du rythme métro-boulot-dodo. Voilà pourquoi j’ai débarqué à Aurillac avec mon cœur pour seul bagage (au propre comme au figuré…), voilà pourquoi j’ai vaincu ma timidité, tant je me réjouissais à l’idée de rencontrer ces férus de cuisine que je côtoie virtuellement depuis bientôt deux ans. Et puis, pouvoir partager ces instants avec mon autre, mon Unique, cela a été extraordinaire, pour elle comme pour moi, puisqu’elle me parle tout le temps de vous. VOUS !
Bon. Commençons par le commencement. Vendredi 6 juillet, 8h55, Orly Sud, l'avion prêt à partir. Dans la salle d'embarquement, nous observons l'arrivée des voyageurs. Je devine où se cachent les trois blogueuses enregistrées sur le vol. Trop fastoche ! Béatrice (Croc en bouche), sage et réservée (autrement plus bavarde dans ses mails, si si, j’ai des preuves !), est assise à quelques mètres avec son homme. Adèle (Adèlices) attaque la lecture d’un guide touristique sur le Sri Lanka. Cécile (Toque Toques!) est plus discrète, j'ai bien un doute... Ah, elle était assise à nos côtés, je l'aurais parié !
Bon. Décollage... Atterrissage... Dans la cabine, premiers échanges timides. Nous filons récupérer les bagages dans l'aérogare Playmobil d'Aurillac (touminitourikiki). Blague n°1 : il n'y a plus de bagages dans la soute. Nous sommes quelque dix clampins à rester les mains vides. OUF, le type avait oublié d’ouvrir la seconde soute ! Blague n°2 : il n'y a vraiment plus de bagages dans la soute. Il ne manque qu’une valise : la nôtre. WHARF ! WHARF ! WHARF ! T'es drôle, le gars, mais tu retournes vérifier illico dans ta soute, doit bien y'avoir un recoin ou deux que tu as oubliés. Fais vite, les taxis attendent. Fais vite, parce que je sens qu'il y a comme un truc de Dijon qui pique très très fort qui me monte au nez. Fais vite, car je crois que je vais abattre mon poing-dans-ton-gueule !... Bah non, rien, nada, la soute est désespérément vide ! Pas le choix, une fois en ville nous faisons des emplettes, n’étant pas assurés de revoir notre valise avant le retour à Paris, car il n’y a pas une masse de vols A/R entre la capitale et Aurillac. Pour finir sur ce chapitre, nous retrouverons la valise le samedi matin, livrée par taxi en plein cœur de la nuit depuis Béziers, où elle était finalement allée se planquer. Elle qui ne sort plus trop ces dernières années a vu du pays !

Bon. Nous débarquons à la bourre sous le chapiteau où Adèle officie. Il reste quelques miettes à grignoter, ces morfales de blogueurs ont tout englouti en quelques secondes. D’un rapide coup d’œil, je repère Dorian (
Mais pourquoi est-ce que je vous raconte ça...) qui assiste Adèle, et tout près d’eux j’aperçois une frêle gazelle – en apparence – qui virevolte, dans la cuisine. Mathilde (
Chez Omelette), comme une évidence, si jeune et pourtant si mère-poule, si attentionnée, à nos petits soins pendant les trois jours du festival. Je ne crois pas que je m’avance trop si je prétends qu’elle a été notre coup de cœur à tous. Je ne te le dirais jamais assez, merci à toi, Omelette ! Je scrute. Dans la salle, je reconnais Véro (
Cuisine Métisse) avec son bien chanceux de mari. Tout en scrutant, je me rends compte qu’on nous scrute itou. Il y a là un petit bout de femme tout brun tout sourire qui n’arrête pas de lancer des regards dans notre direction. Elle semble avoir deviné qui je suis, qui nous étions. Fini l’anonymat. Mais qui est-elle, elle ?... Je réfléchis... Je sens qu’il y a un "truc"... Cette fille au sourire engageant n’est pas blogueuse... Et si elle n’est pas blogueuse, elle est... EVIDEMMENT ! Voici Marie, la célèbre et adorable Marie, épouse de ! Sur le banc où nous avons trouvé place, Marie m’indique la présence à l’autre bout d’un trio de choc. Pas besoin qu’elle me dise qui est qui, cela se voit comme le nez au milieu de la figure, ces filles ont dormi à la belle étoile, elles sentent le foin à des mètres à la ronde, elles ont de la gadoue plein leurs godillons en caoutchouc, elles ont la fraîcheur des filles des champs. Je reconnais sans sourciller Ninnie (
Mitaine écarlate), Marion (
Il en faut peu pour être heureux) et Lilo (
Cuisine campagne)... MOUAHAHA ! Non, j’déconne les filles, si vous ne m’aviez pas dit que vous aviez campé, je ne l’aurais jamais deviné ! Dommage que vous soyez parties trop tôt, j’aurais volontiers prolongé jusqu’à plus d’heure la discussion avec Lilo, jeune femme passionnée et passionnante, telle que je me l’imaginais ; j’aurais nettoyé à la main toutes les planches à découper de la terre entière s’il avait fallu pour faire la vaisselle encore et encore avec Marion et pour éviter qu’elle ne demande une fois de plus ma belle oiselle en mariage ; j’aurais écouté l’accent chantant de Ninnie des heures durant pour rêver du nouveau continent, pour rêver surtout de ses fabuleux cheesecakes, elle qui en est la reine incontestée outre-atlantique... J’entends un brouhaha à ma droite à l’entrée de la tente, je détourne la tête. Alors que Dorian cuisine (c’est beau un homme aux fourneaux ;o) et dire que je le remplacerais sur le ring dans quelques heures !...), nous accueillons une Mamina (
Et si c’était bon...) radieuse et toute en verve et mon pote Patrick (
Cuisine de la mer). Bah ouais, il est tellement génial ce type, avec sa souriante bonhomie, qu’on ne peut pas l’appeler autrement que "mon pote" ! Stéphane (
Cuisiner en ligne) débarque pressé de nous faire découvrir
Radiocasseroles lancé pour l’occasion. Je n’oublie pas la jolie Emilie (
Un p’tit creux ?), jeune encore dans la blogosphère culinaire, mais bourrée de talents, qui fait goûter sur l’espace Pyram de délicieux sorbets accommodés à sa façon. Je n’oublie pas Dominique (
Cuisine plurielle) venue de Lyon pour l’occasion, qui note, qui note, qui note... Je n’oublie pas notre héraultaise, Nathalie, alias Lavande (
Ligne et papilles), si discrète. Je n’oublie pas Charlotte (
Dans l’assiette de Mlle Charlotte et Cie)... Hélène... Charlotte... Zut, je sais plus !... Mais non, c’est facile, Charlotte c’est le chien, alors si Charlotte c’est le chien, Hélène s’appelle Hélène. Bon sang de bois, c’est pas compliqué, Tit’ ! Un petit effort, que diable !... Désolé, je n’ai pas arrêté de t’appeler Charlotte... Hélène... Rhaaa, voilà que ça recommence !... Je n’oublie pas Virginie et Lucie (
Les gourmandises des petites blogueuses), mère et fille, indissociables, Lucie si volontaire, si gourmande et déjà douée pour la boulange. Je n’oublie pas la visite de Pascale (
Kisine et archi), qui j’espère reviendra plus souvent sur son blog dorénavant. Je n’oublie pas ces rencontres improbables et heureuses : Egmont, Didier (
Ilaca, Cuisiner en Auvergne). Nous poursuivrons nos discussions ailleurs, un jour, j’espère...

Bon. C’est pas tout ça, mais avec ce casting digne du film Cléopâtre, je néglige le cours de mon récit. En effet, v’là mon tour ! Je fais le kéké dans les allées, mais je n’en mène pas large. Dans quelques minutes, ce sera à moi de présenter ma pizza tatin. Rappelez-vous... Nat’ m’assiste, c’est pas commun, j’ai horreur qu’il y ait du monde dans ma cuisine d’ordinaire. Mais là, dans la cuisine Lapeyre, je suis bien. Le plan de travail est à ma hauteur (à croire qu’il a été conçu exprès pour moi du haut de mon mètre quatre-vingts), Mathilde commente et sa sœur Adèle, assiste mon assistante... Vous suivez ? Les quelques spectateurs non blogueurs qui présents à la démo doivent nous prendre pour un tas de fous. Ça vanne, j’me bidonne, ils vont me faire manquer ma recette, les saligauds. Et Marion qui demande toutes les trente secondes si j’utilise du beurre demi-sel... Rhaaa, y’a la pâte qui colle aux doigts ! Teuf-teuf, je soulève des nuages de farine... Ambiance décontracte. Je prends mon temps. Je frime avec mon sablé breton à ma façon, confectionné la veille un peu à la va-vite, que Nat’ et Adèle distribuent pour faire patienter les affamés. J’oublie de passer la pâte au rouleau, elle gonfle, gonfle... Je sors les pizzas trop tôt du four... La pâte est délicieuse malgré tout, un peu trop généreuse et moelleuse à mon goût, agréablement parfumée par les grains de fenouil. J’entends des MIAM de satisfaction. OUF ! En même temps, à presque neuf heures du soir, il avait peut-être faim, mon public ! :o) Aller, HOP, vaisselle (Marion aux commandes) et tout le monde s’en va boire un coup ou manger un morceau et après dodo ! Epuisé par cette journée trépidante, riche en émotions, riche de belles, très belles rencontres, je m’endors comme un bienheureux.

Bon. Samedi débute sous les mêmes hospices, avec un soleil radieux. (Gros) rires, blablas sans fin, bouffe, bouffe, bouffe (et bons vins) ! Un gros cadeau aussi, un bienvenu blender KRUPS (j'avais cassé le nôtre l'an passé, voilà qui tombe à pic, alors... Merci KRUPS !) Et dimanche ? OK, il pleut et alors ! On est si bien, on s’en fout... On ETAIT si bien... Ayé, les Européennes du Goût, c’est fini ! Les agapes se sont achevées au détour d’un couloir sur la ligne du RER B à la station d’Antony dimanche soir, quand d’autres se lançaient dans un rangement titanesque...
Et depuis, à mon oreille, une petite voix sadique fredonne sans fin pour que je n’oublie pas : "Aurillac !... rillac !... illac !... ac !... Aurillac !... rillac !... illac !... ac !... Aurillac !... rillac !... illac !... ac !...".
STOP ! J’ai compris, je reviendrais.
