JOYEUX NOEL A TOUS !
A très bientôt,
Comme vous le savez peut-être déjà, si vous avez l'habitude de venir lire ce blog, j'achève ces jours-ci mon expédition en Alaska. Ô merveilleuse et fantastique Alaska ! Que vous dire sur ces magnifiques semaines que je viens de passer dans une des régions les plus extraordinaires de notre planète ? Que vous dire ? Le meilleur témoignage que je puisse vous apporter est de vous livrer ici des extraits pris au hasard dans mon journal de bord et de tacher de vous transmettre l'immense plénitude qui m'habite depuis mon retour d'expédition au Mont Pavlov, Alaska, Etats-Unis.
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Anchorage, Alaska, vendredi 22 décembre 22h22
Mes dernières heures sur le continent nord américain…
Dimanche, 8h00, heure française, je serais à Paris pour passer les fêtes avec les miens. Je suis pressé de les retrouver, je sais qu'ils m'attendent avec impatience. Six semaines de séparation dans des conditions souvent extrêmes, c'est long. M*** et L*** ont dû changer. Moi aussi, j'ai changé. C'est un homme complètement chamboulé par ce qu'il a découvert sur ces terres hostiles, encore préservées des hommes, qui rentre chez lui. Me voici enfin de retour après quelques semaines passées dans la région d'Emmons Lake, sur la Péninsule Alaska, une zone montagneuse et volcanique que je rêvais de parcourir.
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Anchorage, Alaska, dimanche 1er octobre 10h10
Demain, direction Cold Bay, puis King Cove sur la Péninsule Alaska.
La péninsule Alaska, c'est cette bande étroite sur la mappemonde qui s'étend au sud-ouest de l'Alaska en une longue enfilade de terre déchirée jusqu'aux Îles Aléoutiennes, entre la mer de Béring et l'Océan Pacifique. Et au milieu de ce capharnaüm de roche et de glace, il y a la région d'Emmons Lake, dans le district de Cold Bay et King Cove, deux petits ports perdus abritant moins de 1000 âmes à eux deux.[…]
Au pied du Mont Pavlov Sister, Alaska, lundi 9 octobre 09h09
La Baie de Pavlov est une baie étroite et malgré tout peu protégée aux vents arctiques. C'est glacés jusqu'aux reins que nous y avons débarquée, il y a de cela 8 jours, à quelques dizaines de kilomètres seulement des volcans éternellement enneigés qui la dominent. Parmi ceux-là (les volcans Pavlov Sister, Little Pavlov et Double Crater et les monts Hague et Emmons), le Mont Pavlov dresse ses pentes douces, si accessibles à l'homme en apparence à près de 2520 m d'altitude au-dessus du niveau de la mer.
Ouhlala ! Trouvez pas qu’il fait un peu frais là ? Si, frais, bien frais, et je dirais même plus : Frais ! Tellement frais en somme qu’il fait pas bon mettre 2 oisillons, une belle oiselle et un gros oiseau déplumé dehors. Et comment que la maman oiseau et le papa oiseau ils font pour occuper les oisillons dans leur nid tout l’après-midi ? Ils leur font faire… des BICUIS !
Ah ! Je vois à votre air dubitatif que vous ignorez complètement ce que sont les bicuis. Explication...En langage de petite oisillonne en pleine phase d’acquisition de notre belle langue d’oiseau, le bicui est cette petite chose crousti-croquante aux formes variées, forcément recouverte de chocolat. Nous, oiseaux, adorons en dévorer les miettes quand vous, humains, en semer un peu partout sur votre passage à cause de votre fâcheuse tendance à manger comme votre acolyte à chair rose (ou grise, qui se déplace encore à 4 pattes et nu, qui ne semble pas doter de capacités intellectuelles semblables aux vôtres et que vous parquez par milliers - Pouah, la méchante odeur !- dans des bâtiments insalubres, que vous nommez porcheries).
Seulement, notre petite famille, qui vit totalement en autarcie dans son royaume de brindilles et de plumes, n’a pas la chance comme d’autres de récolter ces miettes. Comme nous sommes fort courageux, que nous ne sommes pas tels ces feignasses d’étourneaux ou de pigeons à attendre que la pitance vous tombe de la bouche pour aller la ramasser par terre, comme nous sommes très soucieux de ce que nous consommons et comme votre serviteur est assez doué de ses deux ailes pour cuisiner, les bicuis sont ici fait nid (*).
...Et c’est ainsi qu’à la sortie de la sieste des oisillons, il y a quelques minutes, après avoir fouillé ici et là à la recherche d’une belle recette sur le ouèbe (oui, nous avons Internet dans notre nid douillet et le haut-débit et la téléphonie en dégroupé, cui-cui, c’est un nid moderne), je me suis dressé sur la plus haute branche de l’arbre où nous créchons pour chanter à tue-tête : BICUI ! BICUI !... BICUI ! BICUI !... Puis, comme il faisait bien frais et qu’il pleuvait quelques gouttes sur mon plumage décati, je suis rentré aussitôt.
Mes oisillons, à cet appel, ont sautillé de joie sur leurs petites pattes et ont couru dare-dare devant le fourneau. Et voici donc ce qu’il en ait sorti après façonnage, cuisson, glaçage et un peu de repos.
La recette vient de chez l’amie Fred, vous l'aviez deviné. J'ai respecté la recette... à un petit détail près, puisque j’ai modifié la composition de la farine. J’ai utilisé 250 g de farine de froment, 200 g de farine de blé noir et 50 g de maïzena. Pour le glaçage, au pif 40 % de chocolat au lait, 40 % de chocolat noir et 20 % de beurre demi-sel. Testez, vous verrez, cela change absolument tout, foi de demi-breton !
Bon appétit !
(* En langage de goret d’homme : fait maison)
Je m'octroie une posette à l'heure du déjeuner pour publier ce billet sur un blog bien silencieux ces derniers jours. Tout ça, c'est la faute à Messieurs Trodeboulot et Padetemps, deux sales types à la mine patibulaire qui n'ont de cesse de me harceler. Le sandwich dans une main, le clavier sous l'autre, des miettes un peu partout, la position n'est pas idéale, mais je ferais avec. Et en plus de ça, faut faire court... Ouais, z'avez bien lu, mes fidèles, faut que je fasse court. Ohé, cessez les sarcasmes, hein ! Je sais : faire court chez moi est peu commun. J'ai toujours la fâcheuse habitude d'en mettre une tartine... pour ne pas dire grand chose. Et bien là, je vais aller à l'essentiel :
Des pains d'épices, un peu comme une mauvaise graine, il en pousse un peu partout ces derniers temps. Comme qui dirait que ça sent Noël, non ?...
Vous me permettrez peut-être de vous présenter mon distributeur à grain que j'ai mis en évidence sur le rebord de ma fenêtre (Louche pas comme ça dessus, Fratwoman !) et que je partage bien naturellement avec mes quelques rares amis qui n'ont pas encore pris leur envol vers le Grand Sud. Il s'agit précisément d'un pain d'épices, que j'ai garni de toutes les graines qui se trouvaient -malheureusement pour elles- sous ma main au moment de sa confection (il en était de même des épices). Vous verrez, celui-ci est très simple à réaliser, un fumet enivrant se dégage du four à la cuisson et lors de la dégustation... il croque à merveille sous le bec. Voilà donc un régal pour un tit'oiseau qui prend soin de son plumage de saison rouge (quoi qu'en dise la tortue têtue).
La recette du pain d'épices croquant :
Voilà. Il peut venir. La voie est libre. Je m'en vais derrière mon fourneau lui préparer quelques biscuits aux épices, un thé bien chaud et un grand verre de lait frais. Je poserai tout au pied du sapin... Je sais, il est encore un peu tôt. Je serais patient, cependant.
Anne, ma chère Anne, ne vois-tu rien venir ?...
Et au milieu du salon, trône...
Et en exclusivité mondiale, rien que pour vous, voici quelques clichés pris à l'insu de mon plein gré, quelques images (saintes ?...) de votre oiseau préféré...
Ch'suis plutôt beau gosse, hein ?... Hihihi !
Dou-ou-ce nuit, cui-cui-cui !...
P.S. : D'autres photos bientôt...
Rien ne sert de cuisiner ; il faut que cela tombe à point.
The Birdy and the Turtle en sont un témoignage.
"Gageons, dit celle-ci, que j'adore les courgettes, hein !
Et en toute saison". "En toute saison ? Etes-vous sage ?"
Repartit l'animal à plume bigarrée.
"Ma commère, il faut vous purger
Après ce KiKi qui vous manda plein d'efforts.
Sage ou non, voilà une quiche en or
Que pour vous j'ai fait : avec des oeufs
Bien frais les oeufs."Extrait de "La Courgette et La Tortue", Fables de Tit' de La Fontaine à Eau, 1677