mardi 22 mai 2007

Mes quat’z’amis !...

Dans la vie, j’ai quat’z’amis : la Cuisine, la Photographie, le Théâtre et la Lecture. Y’a des amis que j’vois pas mal, y’a ceux que j’vois moins, y’a ceux que j’vois plus trop, voire plus du tout. Hélas, la vie est ainsi faite, une suite d’obligations et de compromis, et tant pis s’il faut négliger ce qu’il y a de plus cher au monde !

Toutefois, il y a bien un ami pour lequel je ne tolère aucun sacrifice, à qui je suis fidèle et le resterais jusqu’à la fin des temps et de mon temps : le livre !

Lire. Ah, vl’à bien un plaisir qu’il est doux et violent, passionnant et chiant à mourir, drôlissime et tristissime ! Savoir lire. Oh le beau souffle de liberté et de pouvoir que je ressens, lorsque j’apprends à lire, à écrire, à comprendre le sens des mots ! Voilà qui bouleverse ma vie et ma vision toute enfantine du monde. Aujourd’hui, ouais, j’dis pas que j’suis un grand lecteur, ce genre de dévoreur de livres, vous savez, qui ingurgite plusieurs ouvrages par mois, voire par semaine, à un rythme qui ferait pâlir un travailleur chinois dans une chaîne de confection vestimentaire. Au contraire, bibi est un lecteur trèèès raisonnable, limite mou du g'nou, qui lit au pire 12 livres par an au mieux un trentaine. Je sais, peut mieux faire, j'connais, j’ai été abonné ! Je n’en demeure pas moins un bon lecteur. Assidu, passionné, attentif, à l’écoute des mots, agissant avec persévérance quand je me décourage devant le baragouin de certains bouquins désoeuvrants. Lire un livre pour moi est une démarche intellectuelle nécessaire, vitale. Elle commence toujours par un désir d’information : qui a écrit ? quoi ? quelles sont les œuvres intéressantes du moment ? quels sont les ouvrages négligés des critiques et qui mériteraient que l’on s’y intéresse ? de quoi ce livre parle-t-il ? etc. Elle se poursuit souvent par un désir d’acquisition. Acheter un livre, le posséder pour moi, est un acte d’amour pour l’objet et pour la lecture, dont j’ai du mal à me passer. Bah ouais, j’t’aime, Coco ! Emprunter un livre, je trouve cela d’une indécence ! On dirait une passade. J’ai bien du mal en période de vache maigre à faire le tour de la bibliothèque municipale à la recherche du recueil ou de l’ouvrage qui me tenterait... Une fois les renseignements sur l’ouvrage pris et digérés, une fois le livre en main, acheté plus souvent qu’emprunté, je me mets tout doucement à sa découverte, à sa lecture. Commence pour moi, alors, un difficile et long travail de pénétration des mots de l’auteur. J’ai besoin de m’y coller au plus près, d’en trouver la clé dès le départ pour entrer dans son univers et n’en ressortir qu’à la dernière page ou plus tard, bien plus tard. Quand je ne parviens pas à percer le mystère des mots, après maintes tentatives – je suis persévérant, vous dis-je –, il m’arrive d’abandonner désespéré le pauvre ouvrage sur la table de nuit, puis sous la pile des livres qui s’y entassent, puis par terre quand la pile s’effondre et mord la poussière. C’est pas facile d’abandonner un livre, vous trouvez pas ? Si le livre était doté de parole, j’imagine bien sa souffrance : pourquoi mes mots ne t’atteignent pas ? y’a quelque chose qui va pas, qui te plaît pas ? tu m’trouves pas beau, c’est ça ? trop gros ? trop maigre ? trop reulou ? Bah ouais, man, tout ça à la fois, file donc au pilori avant que je t’envoie une avoinée ! Et VLAN ! Et SCHLAC-SCHLAC-SCHLAC ! Et FIZZZZZ ! Te voilà recyclé en torche-cul, y’a bien qu’à ça que tu pouvais me servir !...

Allons, quittons ces paroles acides et grossières, et passons au questionnaire piqué sur le blog de Claude-O. Au questionnaire ?!... Bah oui ! Ce que j'ai lu/je lis/lirai/lirai plus/lirais... Z'aviez toujours pas compris ? J’ai quat’z’amis, comme que j’vous l’disais plus haut, si y’en a quêqu’z’uns qui suivent, j’aime lire (mais pas que). La preuve par quat' !...

Les 4 livres de mon enfance
J’avais 8 ans ; le premier livre complet que je lus, acheté en librairie où je fis tout spécialement le déplacement pour y dépenser mon tout premier argent de poche, fut Kay Haugaard, La petite fille au kimono rouge, éd. Livre de Poche Hachette. L’histoire : Myeko, une petite japonaise, quitte son pays pour s’installer en Californie. Elle a bien du mal à s’habituer à sa nouvelle vie et elle se trouve rejetée par les élèves de sa classe. Peu à peu, elle conquiert les autres élèves par sa gentillesse, son intelligence et la richesse de sa culture.

J’avais 11 ans ; j’entrais au collège, où l’un des premiers livres que j’empruntai à la bibliothèque fut José Mauro De Vasconcelos, Mon bel oranger, éd. Livre de Poche Hachette. L’histoire : Zézé, enfant des rues, est né au Brésil dans une famille pauvre qui le maltraite. Seule sa sœur prend soin de lui. Quand il est vraiment trop malheureux, c'est auprès de Minguinho, un pied d'oranges douces, qu'il va trouver du réconfort. Cet arbre lui parle...

J’avais 14 ans ; depuis 3 ans, je fais partie du club théâtre du collège. La scène me grise, j’y prends goût. En classe de 4ème, je me consacre plus activement encore à mon activité théâtrale, au détriment des cours... Il n’y a que sur scène que je suis bien, que je suis à l’aise, où je peux étouffer le mal-être qui me ronge peu à peu. Sur cette scène, on va me voir, on va m’entendre. Une semaine durant on ne verra que moi – pensais-je, alors – puisque je monopolise la scène. Ce ne sont pas les comédiens professionnels qui ont bien voulu faire le déplacement jusqu’à nous qui me détromperont : "Tu dois continuer, tu as du talent, jeune homme, tu as tout compris, fonce !". Moi, j’y crois... Tant pis ! Et puis, je rencontre des auteurs, des que je porterais longtemps dans mon cœur, des que je défendrais bec et ongle, lorsque certains critiqueront leur caractère suranné. Ainsi, Eugène Ionesco, Rhinocéros, éd. Folio Gallimard. L’histoire : Dans une petite ville de nulle part, un rhinocéros fait irruption et sème la zizanie dans l’esprit de la population. Certains se transforment en rhinocéros ; d’autres résistent pour mieux suivre le troupeau par la suite. Seul Bérenger échappe à la transformation. Rhinocéros est une pièce engagée qui condamne la dictature sous toutes ces formes. "Je ne capitule pas", s'écrie le héros. Le rhinocéros incarne le fanatisme.

J’avais 17 ans ; je poursuis le théâtre au lycée, je m’oriente vers les métiers des arts du spectacle peu à peu, la littérature occupe une place essentielle dans ma vie en internat. Si je suis loin des miens, je prends goût à cette liberté nouvelle et pas désagréable du tout... Je prépare sagement le baccalauréat de français et je découvre les poètes du XXème siècle. Valéry, Eluard, Apollinaire, Michaux, Ponge, Cendrars, Claudel, Breton, Aragon, Desnos, Artaud, Char, Bonnefoy, pour eux je m’emballe. Au bout de ce magnifique parcours poétique, il y a un homme au nom qui sonne étrangement, comme une ballade irlandaise, il s’appelle Saint-John Perse et il écrit Amers, éd. NRF Gallimard.

Les 4 écrivains que je lirais et relirais encore

Des années de théâtre, vous dis-je, quinze précisément, jusqu’à ce que... jusqu’à ce que je ne me sente plus dans mon élément. Ou plus totalement. Vrai, s’il s’agit de faire le clown, de me cacher le visage sous un masque de Commedia dell’Arte et de faire revivre durant quelques heures les grandes figures de la scène italienne à partir de canevas improvisés sur le fil, là je m’éclate. Mais, donnez-moi un texte, quel qu’il soit, donnez-le moi à jouer, et voyez comme je ne suis plus rien, comme je ne sais plus rien de tout ce que j’ai appris durant ma formation, je perds mes moyens, absorbé que je suis par la beauté et la force des mots. Les mots m’envahissent et trahissent l’attachement que j’ai pour eux. Ainsi, je me perds dans les tragédies antiques et classiques, ainsi je me perds avec les héros tragiques, ces mythes qui résonnent en moi, même après dix ans où j’ai cessé de les fréquenter. Ainsi, je lirais et relirais encore, en tête, Sophocle, Elèctre, éd. Actes-Sud Papiers (texte de la mise en scène d’Antoine Vitez en 1986).

Les poètes du XXème siècle, toujours eux. Vous grandissez, vous vieillissez, votre esprit mûrit et vos goûts s’affinent. Et vous décrétez tout à coup que Paul Eluard avec sa Capitale de la douleur, éd. NRF Gallimard est le plus grand poète de tous les temps, car vous l’aimez, vous l’aimez ce recueil, ses mots trouvent un écho particulier en vous, vous reconnaissez tout ce qui est ou fait votre vie, la femme que vous avez rencontrée est si unique et L’unique, c’est elle !

Et puis, il y a des auteurs que vous découvrez au détour d’un rayon chez votre libraire. Une couverture qui vous fascine au premier coup d’œil, une quatrième de couverture encore plus séduisante, et vous repartez avec le bouquin sous le bras avec la ferme intention de ne pas l’ouvrir avant d’avoir achevé le livre (les ?) en cours... Mais voilà, un siège se libère dans le bus, c’était inespéré. A peine assis vous attaquez la lecture du bouquin, que seule la fatigue parviendra à vous faire quitter à je ne sais quelle heure avancée de la nuit. Ainsi, Timothy Findley, Pilgrim (ou mieux encore, La fille de l’homme au piano), éd. Le Serpent à Plumes ou Folio Gallimard. Lisez ses œuvres (une dizaine), c’est le plus grand hommage que vous puissiez rendre à cet écrivain et dramaturge canadien mort en 2002 en Provence, où il vivait depuis plusieurs années.

P.S. : J’en profite pour lancer un appel, à nos amis canadiens tout particulièrement. Quelqu’un connaîtrait-il les droits d’acquisition et/ou d’adaptation d’une œuvre au Canada ? J’ai un projet, que je souhaiterais mener à bien, un jour...

Il en manque un ?... Pas de littérature française à l’horizon ? De moins en moins, je l’avoue. La littérature nord américaine m’attire de plus en plus, j’ai du mal à y résister, je le reconnais. Auster, Hustvedt, Banks, Dos Passos et d’autres ont pénétré peu à peu mon Panthéon. Seul un auteur, un grand classique, les coiffe sur le poteau et s’affiche chez moi comme L’auteur qui mérite que je le lise et relise et relise… Si je ne devais emporter qu’un bouquin avec moi, celui qui resterait dans ma poche jusqu’à ce que les pages s’arrachent une à une et que je n’ai pas la possibilité de les recoller, ce serait Guy de Maupassant, Une vie. Toute son œuvre, en fait. Romans, contes et nouvelles. De lui, j’aime tout. TOUT !

Les 4 auteurs que je n’achèterais/n’emprunterais pas/plus

Pas la peine de déblatérer sur la (sur)médiatisation des uns, sur le goût de la provocation des autres, sur l’incrédulité que l’écriture des uns ou des autres m’inspire. Peut-être tout cela vous fera-t-il hurler au scandale, à vous de me convaincre que j’ai tort, dites-moi que je me trompe, je veux bien le croire, mais dites-moi ! Je bannis donc de ma bibliothèque...

Michel Houellebecq – J’avais adhéré pourtant à sa proposition révolutionnaire qui prônait ouvertement – pensais-je à l’époque – une extension du domaine de la lutte, comme un pas salutaire vers la liberté individuelle. Néanmoins, quelques particules élémentaires au succès de cet auteur à la plume intéressante, même si dénuée de toute poésie, ont ruiné pour moi les succès suivants. Je n’entrevis même pas la possibilité d’une île, où Houellebecq puisse aller reposer ses vieux os fatigués, dépressifs et... casse-c*** ! Désolé pour les fans, J’AIME PAS MICHEL HOUELLEBECQ !

Nick Hornby – "Un roman hilarant, voilà l'événement !" dit une critique du magazine Lire à propos de Haute Fidélité. Hilarant ? Que dit le dico ? "HILARANT, -ANTE, adj. – Qui rend gai, qui provoque le rire ; par métonymie, qui exprime l’hilarité." Mouaif... Ai-je seulement souris une fois, rien qu’une seule fois ? Ah oui, c’est vrai, je suis un gros vilain menteur ! Lorsque j’ai fermé le livre à la toute dernière page, j’ai eu un sourire jusqu’aux oreilles et j’ai lancé des Alléluia à travers la chambre, pour célébrer la fin de mon calvaire ! Désolé pour les fans, J’AIME PAS NICK HORNBY !

Stendhal – Lorsque je l’ai abordé au lycée, j’ai tout aimé. Son esprit revanchard, sa fougue, son immoralité, la violence de ses sentiments. Julien Sorel était LE héros romantique par excellence, celui en qui je pouvais m’identifier, celui que je voulais suivre jusqu’au bout. Puis il y a eu La chartreuse de Parme, puis les années ont passé... La fac de lettres. Me voici à devoir relire tout Stendhal à commencer par Le rouge et le noir. GAST ! L’horrible chose, l’horrible personnage, l’horrible Sorel, l’horrible del Dongo ! Pour qui se prennent-ils ces petits cons ? Pressez leur le nez, il en sortira du petit lait. Et qu’ils aillent au diable avec leurs hésitations sans fin, leur fascination des causes perdues, qu’on en finisse et vite ! Pour moi, je tire un trait sur Stendhal et sur ses drôles de trublions romantiques. Il n’y a bien que son Racine et Shakespeare, que j’étudie pour d’autres raisons et qui mérite qu’on s’y intéresse pour saisir les balbutiements du théâtre romantique, auquel Victor Hugo donnera ses lettres de noblesse. Désolé pour les fans, J’AIME PAS STENDHAL !

Hella S. Haasse – C’est le coup d’œil sur l’illustration en couverture, c’est la lecture du résumé au dos du bouquin, c’est le respect que je dois à la maison d’édition, qui me font pencher pour Un long week-end en Ardennes ce jour-là. La terrible erreur ! Pourquoi est-ce que je m’ennuie autant dès la 5ème page ? C’est lourd, lourd, mal écrit (mal traduit ?), je désespère. J’achève le roman, non sans mal, très en colère contre moi pour avoir cédé à cet achat. Je fais quelques recherches pour comprendre mon assentiment à l’égard de ce livre, de cet auteur. Bah, pardonnons-lui, la dame est vieille, 1918, elle n’est pas née d’hier ! Bah, on verra bien, elle a dû s’égarer, le succès elle a dû connaître, il doit bien y avoir un quelconque récit qui vaille la peine ! Malgré le bilan, je reste très positif et pourtant... Pourtant, je n’ai jamais retenté la moindre lecture de Hella S. Haasse. Désolé pour les fans, J’AIME PAS HELLA S. HAASSE !

Les 4 livres que j’emporterais sur une île déserte

J’ai commencé à aborder la question. Je prendrais :

1 dictionnaire (vital !) : le Dictionnaire historique de la langue française, éd. Le Robert, administré par le très passionnant Alain Rey. Ce dico, je l’ai pas, j’en rêve, et je me contenterais volontiers des 3 volumes compactes (plus fastoche à trimbaler)

1 roman : Une vie de Guy de Maupassant. Ses œuvres complètes idéalement.

1 recueil de poésie : Capitale de la douleur de Paul Eluard, pour me rappeler toujours mon Unique.

1 auteur : Si j’avais le choix, j’aimerais que mon île ait une âme celte, qu’elle soit un vaste bout de Bretagne perdue aux milieux des océans et des éléments météorologiques. Il y aurait : la falaise de granit, la grotte, la plage de sable blanc se découvrant loin à marée basse, la lande, la forêt de pins et de feuillus, le ruisseau tranquille, chuintant et vacillant entre les rocs moussus jusqu’au gouffre terrifiant, prêt à avaler mon âme et mon corps au premier faux pas sur la roche glissante, pour les mener tout droit devant les portes... de l’Enfer ? du Purgatoire ? du Paradis ? Qui sait ? J’ai peut-être une chance... Il y aurait des terres labourables qui me fourniraient suffisamment de nourriture si je l’entretenais bien et la respectais. Il y aurait de quoi m’abriter : une chapelle oubliée, délaissée, plus encline au recueillement qu’à la prière que je ne connaîtrais pas, puisque je ne l’ai jamais apprise, qui me servirait de phare, de balise, les nuits de tempêtes pour signaler la présence de cette terre inconnue – terra incognita – où j’habite. Il y aurait un penty, sans confort, un puits d’eau fraîche et minérale et des outils oubliés par je ne sais quel homme, joliment fabriqués, solides comme la pierre, dans une remise jouxtant la maison. J’aurais du pain sur la planche pour faire vivre cette île. Cela serait dur, très dur, mais avec de la dextérité, j’y arriverais, je m’en sortirais, j’aurais mes bouquins, dans lesquels je puiserais le réconfort qui me manquerait. Je me livrerais ainsi entièrement à cette vie d’ermite reclus par la force sur une île déserte à mille milliers de lieues de la première terre habitée. J’aurais surtout avec moi ces deux recueils que je lirais et relirais sans cesse à la lumière d’une chandelle à la cire d’abeille ou du feu brûlant dans l’âtre, ces deux recueils de l’œuvre d’Anatole Le Braz, Magie de la Bretagne, éd. Robert Laffont, et tant pis si je tremble d’effroi parfois à ses mots.

Les 4 derniers mots d’un de mes livres préférés

"[…] La poésie est morte." s’exclame Cotrone, invitant les personnages qui restent encore autour de lui à partir, à quitter la scène du théâtre, où s’achève à l’instant la pièce de Luigi Pirandello, Les géants de la montagne, version française de René Zahnd, éd. Théâtre Vivant, L’Age d’Homme.
A voir sur scène avant la lecture, pour mieux saisir le sens de la pièce.

Les 4 premiers livres de ma liste de livres à lire

La looongue liste !... Je triche, si vous le permettez. Je pioche dans ma liste par ordre alphabétique les livres dont j’ai envie à cet instant. Demain, j’aurais changé d’avis, alors, lisez vite...

Un roman, L’élégance du hérisson, Muriel Barbery, éd. NRF Gallimard

Les dépossédés, Robert McLiam Wilson et Donovan Wylie, éd. Bourgois – Pour prendre une claque, une leçon de vie, pour ne pas dire "je ne savais pas", même si cela se passe à côté, de l’autre côté de la Manche, pas chez nous, quoi ! Comme dit très justement une lectrice sur le site de la F*** : "Minant. Il est difficile d’apposer un qualificatif à ce livre : ce n’est ni un roman, ni un essai pur, pas que un récit, pas complètement un reportage ou une œuvre journalistique, loin d’être un seul recueil de photos, mais c’est tout cela à la fois en même temps. A la vingtaine, Robert McLiam Wilson et Donovan Wylie entreprennent de rédiger un constat de la pauvreté en Angleterre, d’aller à la rencontre de ces gens, leurs pairs, qui ont perdu ce minimum requis pour garder une certaine insouciance, ceux pour qui les dés sont pipés et de qui on détourne le regard, comme s’ils étaient une fatalité à ignorer. De portraits en exposé politique, de conclusions défaites en prose littéraire, on sent bien comme tout cela a construit, nourri l’œuvre de Robert Mcliam Wilson, la partie autobiographique. Mais c’est difficile de ne pas se laisser emporter par l’empathie, de ne pas se heurter soi-même à l’inextricable de la spirale décrite. En même temps ce n’est pas parce que c’est difficile qu’il faut détourner le regard, ça existe, il faut en prendre conscience et réfléchir à ce qu’on peut soi-même faire pour ne pas accepter que ça existe." Bravo, Madame, je n’ai jamais autant eu envie de lire un bouquin, grâce à votre plaidoyer !

Une BD, car j’aime beaucoup la bande dessinée qui recèle des chefs d’œuvre. Celle qui suit je l’ai déjà lu, mais je souhaiterais qu’elle rejoigne les rayons de ma bibliothèque. Drôle, émouvant, absurde. Du grand art digne de son auteur !
Le roi cassé, Dumontheuil, éd. Casterman, coll. Un Monde

Un livre de cuisine à ma sauce...
Jardins et cuisines du diable, S.L. Allen, éd. Autrement

C'était long, hein ?... Rassurez-vous, votre calvaire s'arrête là. A très bientôt,
Tit'
P.S. : Et pisque Sigrid me le demande le genou à terre, qu'elle se lance, tel Tintin au secours de la Castafiore, dans cette rocambolesque aventure du questionnaire livresque. Tiens, paraît qu'Hergé est né il y a 100 ans ?!

vendredi 18 mai 2007

L’invitation au voyage – Chapitre II

"Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !"
Joachim Du Bellay,
Les Regrets

Poursuivons le voyage... Vous vous souvenez ? Zanzibar, les mélanges d'épices (*) ? Bon. Maintenant que les malles sont pleines de mille et un épices, maintenant que les câles sont chargées des trésors que nous ramenons, maintenant que le bateau est paré à appareiller vers le Cap de Bonne Espérance, vers le Vieux Continent, maintenant, partons, l'heure du retour à sonner.

Une fois à terre, lorsque je vous aurais débarqué à Cancale, à Loguivy-de-la-mer, à Erquy, je vous convierais à ma table pour déguster une recette toute simple, qui alliera pendant quelques instants la Bretagne et Zanzibar, qui nous transportera en un éclair loin, sur ces îles au large de la Tanzanie qui nous ont tant fait rêver.

Bon appétit et bon voyage !

(* Lire L’invitation au voyage – Chapitre I)


Brochette de lotte et coquilles Saint Jacques, marinade de poudre de perlimpinpin, cuisson à la vapeur de basilic, sauce Noilly au corail de coquilles Saint Jacques, purée de lentilles corail

Ingrédients (pour 4 personnes)
8 coquilles Saint Jacques non parées avec corail1 morceau de 600 g de lotte (sans cartilage et sans peau)
1 CS de poudre de perlimpinpin1 bouquet de basilic
2 CS de crème épaisse2 CS de Noilly Prat
fleur de selpoivre blanc ou noir
Marche à suivre

Nettoyez puis essuyez délicatement sur du papier absorbant le bouquet de basilic.

Nettoyez à l’eau fraîche les Saint Jacques et la chair de lotte. Essuyez délicatement sur du papier absorbant. Retirez avec une lame fine le corail de chaque coquille, puis réservez-les. Découpez la lotte en 12 pièces de même poids et même forme.

Dans un plat à haut bord, disposez les Saint Jacques et la lotte, salez et poivrez légèrement, saupoudrez avec la poudre de perlimpinpin, puis mélangez délicatement le tout pour répartir uniformément les épices. Laissez mariner au frais le temps de la préparation de la sauce corail.

Dans une casserole, portez à ébullition ½ verre d’eau. Ajoutez le corail de Saint Jacques, quelques feuilles de basilic, 1 pincée de fleur de sel et quelques tours de moulin de poivre. Diminuez le feu et
cuisez le corail à eau frémissante pendant 5 minutes. Ajoutez la crème fraîche, le Noilly Prat, et portez la préparation à ébullition. Réservez.

Préparez votre purée de lentilles corail, comme décrit sur l’emballage : 1 volume de lentilles pour 5 volumes d’eau froide, cuisson : 15 minutes (20 minutes pour obtenir une purée), salez après cuisson.

Mixez votre sauce corail (idéalement au robot pour éviter les projections), jusqu’à obtention d’une préparation lisse et homogène. Rajoutez sel, poivre et crème fraîche à votre goût.

Si votre cuiseur vapeur vous le permet, préparez les brochettes. Après cuisson, la chair est plus délicate pour être maniée ; il sera plus difficile de piquer les morceaux de poisson cuits. Embrochez en alternance 2 Saint Jacques et 3 morceaux de lotte par pique à brochette. Dans le fond de votre panier vapeur, disposez 2 à 3 branches de basilic pour chaque brochette. Déposez les brochettes sur le lit de basilic. Couvrez le panier vapeur et mettez à cuire pendant 8 à 10 minutes.

Après cuisson, dressez les assiettes et servez immédiatement.

Notes

Demandez à votre poissonnier de préparer les Saint Jacques sans leur coquille. Demandez-lui également un morceau de lotte dans la partie la plus large, c’est-à-dire à proximité de la tête.

Pas le temps/l’envie de préparer votre poudre de perlimpinpin ? Pas de mortier, ni pilon ? Pas grave ! Il vous faudra au pire avoir sous la main les épices nécessaires à la marinade (disponibles en grande surface) : 10 graines de coriandre ; ½ CC de carvi ; 2 gousses de cardamome verte (dont vous prélèverez les graines) ; ½ CC anis vert ; noix de muscade râpée ou moulue ; gingembre moulu ; poivre blanc moulu.

Bon appétit,
Tit'
P.S. : OUF, voilà, j’y suis ! Beaucoup de réflexion pour cette énième et belle édition du KKVKVK proposée par Carpe Diem, toute nouvelle parmi nous et déjà organisatrice d'un KKVKVK sur Repaire et repère. Un beau challenge pour elle et pour nous ! Je n’avais plus participé depuis longtemps au KKVKVK, je suis content que cela ait pu avoir lieu. J’avais en tête cette brochette là depuis le départ, mais j’étais très frustré de ne plus trouver de Saint Jacques sur les étales de mon marché. Et puis – POF ! – coup de baguette magique, elles sont réapparues, dites, hé ! Suffisait de demander. C’est pas beau ça ?

jeudi 17 mai 2007

L’invitation au voyage – Chapitre I

"Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté."
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal

Venez ! Montez sur mon navire ! Je vous invite à un long voyage au-delà de nos frontières, vers des îles lointaines, dont le nom vous fait probablement autant rêver que moi, des terres que vous avez peut-être eu la chance de découvrir. Venez, montez à bord, faites comme le marin arabe ou perse, comme l’immigrant indien, comme l’explorateur anglais, comme le marchand portugais, arrivez par la mer pour découvrir le décor grandiose de ces longs radeaux de sable blanc posés sur l’Océan Indien, aux abords de l’Afrique qui leur a donné naissance. Venez, nous accostons, je vous invite sur les légendaires îles aux Epices, voici Unguja, la principale île de l’archipel de... Zanzibar !

Zanzibar. Le drôle de nom. Le beau nom ! Les belles syllabes exotiques, qui ébrouent mon imagination engourdie. Je suis Arthur Rimbaud, je suis Jules Verne, je suis Joseph Kessel, je n'y ai jamais mis les pieds, ces îles, je ne les ai jamais vues, mais j’en rêve !

Mais pourquoi, un voyage à Zanzibar ? Pourquoi si loin ? Parce que j’aimerais sentir un jour le goût du paradis sur terre, parce que c’est là-bas que je sais pouvoir le trouver. Parce que, ami, les épices ont ce goût de paradis !...

Dans le dernier de mes rêves, je me pensais, une fois de plus, à Zanzibar. Je tachais de m’enfuir pour ne pas souffrir, quand je constatais que le lieu dans lequel j’évoluais m’était tout à fait familier. Le soleil pénétrait par une large fenêtre ouverte, par laquelle me parvenait le chant d’un rouge-gorge. J’entendais encore le bruit de la rue, assez éloigné, les cris d’enfants qui jouaient au ballon dans la cour. Les murs de la pièce étaient laqués de jaune, un jaune profond, un jaune d’orient. Sur une table, il y avait une vingtaine de petits pots de verre, pour certains fermés, pour d’autres ouverts et il en émanait des effluves lourdes et entêtantes, qui exaltaient mon imagination… Zanzibar, encore… Une main pâle et petite, comme celle d’un enfant, se saisit de la mienne et m’attira vers elle. Au bout du bras à la peau laiteuse, pendait un petit garçon aux grands yeux mouillés et bleus. Il devait avoir quatre ans, tout au plus. Il me regardait intensément, étonné, il me caressait le dos de la main. Il me sourit, puis me dit : "Papa, qu’est-ce que tu fais ? Je peux t’aider ?". Je devais rêver éveillé, une fois de plus, car je me trouvais tout simplement dans ma cuisine, debout près de la table où je rangeais/triais mes épices. Mon fils me parlait ; il ne s’offusquait pas de mon silence. Le temps que je revienne entièrement à moi, il était reparti à ses jeux de gosse.

Sans m’en rendre compte tout de suite, ce curieux épisode avait fait naître en moi l’idée, peut-être saugrenue, de créer mes propres mélanges d’épices. Puisque je ne pouvais assouvir mon plus ardent désir (découvrir Zanzibar et ses marchés aux épices), je composais des mélanges d’épices qui me permettraient de voyager... par procuration !

Un peu à la façon d’Olivier Roellinger (ouais, j’me la pète !), voici les trois poudres magiques que j’ai imaginées.


Poudre de perlimpinpin

Ingrédients

Coriandre ; Carvi ; Cardamome ; Anis vert ; Macis ; Gingembre ; Poivre blanc

Notes dominates

Cardamome et coriandre

Utilisation

En petite quantité, pour relever une sauce, dans un court bouillon, dans l’eau de cuisson du riz, des pâtes ou des légumineuses, légèrement parsemer sur du poisson et des légumes cuits à la vapeur.

En quantité plus importante, pour une marinade de poisson.


Poudre à canon

Ingrédients

Genièvre ; Poivre noir ; Baie rose ; Sumac ; Macis ; Girofle ; Sésame ; Pavot ; Laurier ; Fleur de sel ; Herbes de Provence (sariette, romarin, serpolet, marjolaine, origan, basilic, thym)

Notes dominates

Poivre noir, sumac, sésame et baie rose.

Utilisation

Attention ! Mélange fort en goût et relevé.

En petite quantité, pour relever une sauce accompagnant une viande. Légèrement parsemer sur une viande confite ou une grillade. Idéale pour les viandes cuite au barbecue.


Poudre d'escampette

Ingrédients

Anis vert ; Gingembre ; Vanille ; Cannelle ; Sucre ; Epices (cannelle, muscade, girofle)

Notes dominates

Anis vert, gingembre et vanille

Utilisation

En petite quantité, pour relever une crème dessert, pour relever une compote, une confiture, pour parfumer des crêpes, une salade de fruits.

En quantité plus importante, pour parfumer une pâte à sablés, un pain d’épices.

Marche à suivre

Munissez-vous d’un mortier et d’un pilon ou idéalement d’un moulin à café efficace. Faites légèrement chauffer chaque mélange d’épices dans une poêle sèche (1 à 2 min.). Dès que le parfum des épices embaume la pièce, versez les épices dans le mortier et réduisez en poudre plus ou moins fine. Versez et conserver les poudres dans de petits pots en verre bien hermétiques.

Un cas d’application ?... Aller, montez, j’vous emmène !

KKVKVV(*) ?
Tit'

(* Ki Ki Veut Ki Vient Voyager)

vendredi 11 mai 2007

Je me disais : « Pruch'ella duri ! Pourvu que ça dure ! »

Avril 1988, un matin d’école comme les autres ou presque, avec ces petites nuances qui font que hier, aujourd’hui et demain ne se ressemblent pas tout à fait.

J'ai du mal à me réveiller. Je voudrais prolonger le rythme de ces si belles vacances qui s'achèvent. Ma tête répercute inlassablement l’écho du chant printanier de la mer Méditerranée, j’aperçois les couleurs du maquis comme s’il s’étendait sous mes yeux, je sens le parfum de la pulenda da castigna, la polenta de châtaigne, et du figatellu, de la saucisse de foie, qu’on fait revenir à la poêle chez la voisine. Une semaine plus tôt, je roulais encore en direction des cimes enneigées de mes chères montagnes corses. Ié, Corsica ! Oui, la Corse ! Je porte un nom breton, je suis attaché comme à la prunelle de mes yeux à cette bande de terre au bout du bout du monde, mon corps tout entier vibre au son du biniou et de la bombarde. Pourtant, c’est le sang de l’île de Beauté qui irrigue et fait battre mon cœur, c’est ce sang chaud, fluide et bouillonnant comme la lave d’un volcan, qui bondit dans mes veines et se mêle au sang celte, plus flegmatique, plus épais, qui le calme et l’apaise. Ié, Corsica ! Oui, la Corse ! Au village, si je suis u pinzutu, un étranger, un français à l'accent pointu qui écorche les oreilles des quelques vieilles et vieux qui sortent, l’hiver passé, sur le seuil de leur porte ou sur le banc de pierre près de la fontaine, on n’oublie pas que ma mère est fille du pays, bien que née d'un père flamand ; alors, on me sourit, on me salue, on félicite ma grand-mère d’avoir de si beaux petits-enfants, ma mère d’avoir de si beaux enfants, ma tante d’avoir de si beaux neveux. Depuis Bastia, nous avons rejoint Ghisoni par la route nouvelle, aménagée pour desservir l’accès au chantier du futur barrage de Sampolo. Nous longeons la rive gauche du Fium’Orbu, le fleuve aveugle, qui charrie une eau de fonte boueuse et grise. Nous mangeons un morceau dans la maison familiale, puis nous tentons de gagner la station du Monte Renosu. En vain. Il a neigé la veille et toute la nuit durant. La radio annonce un mètre de poudreuse au sommet. A quatre kilomètres des pistes, les véhicules patinent et s’embourbent. Nous coupons les moteurs. Je ne me souviens plus qui a donné le signal, mais nous voici tout à coup à marcher et courir dans la neige fraîche avec nos chaussures de ville, qui se détrempent aux premiers pas. Nous croisons un autrichien bien emmitouflé, armé de son sac à dos et de ses skis de randonnée, avec qui je baragouine péniblement quelques mots en allemand. Il me confirme dans un excellent français que nous ne pouvons pas aller plus loin, que les engins de déblaiement sont immobilisés à cinq cent mètres en amont, que nous allons geler sur place si nous progressons dans ces accoutrements. Il a raison. N*** claque des dents, D*** a les lèvres violettes, mes doigts s’engourdissent lorsque je déclenche mon appareil photo pour fixer ce moment si singulier. Elle est amusante cette photographie, il est beau notre sourire fendu jusqu’aux oreilles et un peu bleu de froid aux commissures des lèvres. L’autrichien est là, à nos côtés, immense et droit, avec sa barbe et ses cheveux blancs de sage. Son sourire surpris et amusé, si sincère, m’est éminemment sympathique. Je crois bien que ma grand-mère lui fait du gringue. Elle peut, elle est pétillante et le voyageur, bel homme, est à peine plus jeune qu’elle. Ils pourraient s’entendre. Souvent, je regarde cette photo, ému, et je me souviens du bonheur de cet instant et de ce que je me disais à l’époque.

Je me disais : « Pruch'ella duri ! Pourvu que ça dure ! »

Ce matin, il y a la photo de classe. La bonne idée du frangin au petit déjeuner est de me cogner en pleine poire avec le croûton rassis d’une baguette. Salop, cela fait un mal de chien ! Je pisse le sang du nez et je suis égratigné. Je lui en veux d’avoir abîmer ma tronche, je serais affreux sur la photo. Je lui en veux d’avoir abîmer ma tronche, j’ai une boum samedi chez S***. C’est que je l’aime bien, S***, même beaucoup. Je pense qu’elle accepterait de sortir avec moi, si je le lui demande. Lorsque le slow final retentit, plein de courage, je l’invite. Nous tournons lentement au rythme de la musique que nous écoutons à peine, trop absorbés par l’un et par l’autre, trop heureux de vivre ce moment si intense. S*** m’enserre dans ses bras de plus en plus fort, elle penche la tête en arrière, légèrement, et ses yeux mi-clos me disent : « Embrasse-moi ! ». Alors, sous l’œil goguenard de mes potes, je me penche et l’embrasse. Oh, la belle sensation du premier baiser !

Je me disais : « Pruch'ella duri ! Pourvu que ça dure ! »

Lorsque le photographe me demande de sourire, je m’exécute comme un môme et je lui montre toutes mes dents. J’ai toutes mes dents et je n’ai pas encore 14 ans. Je vis sans le savoir mes dernières heures d’insouciance, mes derniers jours d’enfant. Oui, j’ai pris mon temps, j’ai taché de retarder un maximum l’inéluctable processus de vieillissement, quitte à être targué d’immaturité. Malgré moi, je ne peux plus lutter, les armes ne sont plus égales. J’entre doucement dans le monde des adultes, je deviens ce drôle de truc tout dégingandé qu’on appelle un adolescent. Que le ciel m’entende, je n’en ai aucune envie ! Je freine des quatre fers depuis de longs mois, je tourne le dos à ce que j’ai peur de devenir, je me rebelle contre l’ordre établi qui dit que petit deviendra grand, j’essaie, tel Superman, d’inverser le sens de rotation de la terre et par conséquent d’annuler les effets du temps. Je voulais rester enfant, comme Peter Pan, je voulais que mon enfance dure toujours.

Je me disais : « Pruch'ella duri ! Pourvu que ça dure ! »

Quand j’étais encore un enfant, je rêvais en 57 caractères, pas un de plus. Je me disais : « Pruch'ella duri ! Pourvu que ça dure ! »


Puisque je parcours mes années de jeunesse, je saisie le prétexte pour revenir sur un gâteau de mon enfance et déjà présenté dans les premiers mois d’existence de NNB!. L’ardéchois est une merveille de douceur, fondante à souhait, mais présenté à la Ninnie, c’est absolument irrésistible !


L'Ardéchois

Ingrédients (pour 3 cakes)
3 conserves vides et propres de 500 g3 oeufs
100 g de sucre roux100 g de beurre demi-sel en pommade
200 ml de crème de marrons150 g de farine
1 CS de levure chimique1 CS de rhum (fac.)
Brisures de marrons glacés (fac.)
Marche à suivre

Préparez vos supports de cuisson : récupérez des boîtes de conserves pour une contenance moyenne de 500 g. Nettoyez-les soigneusement. Graissez l’intérieur des conserves et déposez dans chacune d’elles un morceau de papier sulfurisé.

Préchauffez votre four à 180°C.

Séparez les blancs des jaunes d’oeufs. Dans un grand bol, mélangez les jaunes avec le sucre, puis le beurre en pommade, jusqu’à ce que le mélange blanchisse. Ajoutez le rhum et la crème de marrons, jusqu’à ce que la préparation soit bien homogène. Ajoutez la farine et la levure ; lissez le mélange. Montez les blancs en neige ferme avec une pincée de sel, puis ajoutez-les délicatement au mélange en les enrobant avec une spatule en bois. Ajoutez également les brisures de marrons glacés. Versez le tout dans les moules et enfournez pendant 40 min. environ, en couvrant d’une feuille de papier aluminium. Laissez refroidir sur une grille avant consommation.

Bon appétit,
Tit'

P.S. : Un grand merci à Alhya. Tu ne m’en voudras pas, j’espère, de ne pas passer le relais ; il me semble que je suis bien en retard sur le sujet et que beaucoup d’entres nous ont déjà investi quelques minutes, quelques heures peut-être, pour parler de leur rêve d’enfance. Toutefois, si cela en tente quelques uns, je vous l’offre !

samedi 5 mai 2007

La faute à...

La faute à qui si je suis un (nouvel) obsédé du magazine Saveurs ? La faute à qui si je suis un gros pervers qui martèle, qui joue du couteau et tranche et lacère et fend de part en part et hache menu-menu, qui broie, qui concasse, qui brise, qui bat, qui fouette ? La faute à qui si je dévalise incognito les rayons des huiles, des vinaigres, des sels, des poivres, des sucres, des farines, des épices et compagnie ? La faute à qui si je Felder, si je Salomon, si je Payany ou Weeks ? La faute à qui si je macarons, si je coquilles Saint-Jacques, si je rillettes ou pains ou brioches ? La faute à qui si je cuisine de la mer, si je cuisine et voyage, si je cuisine campagne, si je cuisine en ligne, si je cuisine-moi un mouton, si je cuisine des frangines, si je Suiksuik cuisine, if I turtle in a kitchen ? La faute à qui si je m’invite tous les jours chez les uns et chez les autres, chez Georgette, chez Lorette, chez Requia ? La faute à qui si ma dolce vita est toute bouleversée depuis des mois que je fréquente ces jardins des délices, si j’ai été obligé de m’inscrire aux chocoholiques anonymes, si je deviens complètement toques toques, lorsque je fusionne avec ma passion ou lorsque je fais un méli-mélo gastronomique de mille et une recettes avec tout ce qui me passe de bon sous ma mitaine écarlate ? La faute à qui si je parle désormais la bouche pleine, que je mange sucré-salé, que tout ce que je cuisine devient pêchés mignons ? La faute à qui si je suis aujourd’hui dans le pétrin ?

Car oui, m’y voilà bien et jusqu’au cou encore !

Je les entends ces juges partiaux, ces vendus, qui lorgnent ma silhouette qui s’enrobe mois après mois de trop de bonne chair. Ils m’accusent, ils m’accusent, ils disent que je n’ai qu'à m’en prendre à moi-même, que c’est aussi de ma faute tout ça. Mais moi j’dis, c’est pas vrai, occupe-toi de tes oignons, c’est de la diffamation, c’est vraiment trop injuste, jenesuispasunecourge vous savez, c’est pas moi (quoique…), c’est pas QUE moi, car j’ai un aliBiBi, avec deux B comme Bon, et ce solide alibi(bi), c’est VOUS !

Bah quoi ?! Il paraît maintenant que le confit, c’est pas gras. C’est pas moi qui l’dit, hein, c’est écrit ! Vrai, de nos jours, il en faut peu pour être heureux. Voyez : une feuille de chou, de chou de Bruxelles bien entendu, un hamburger et un croissant, quelques tours et tartines et puis voilà, le mal est fait. Après le boulot, à peine rentré dans son nid douillet, on s'saute dessus et on s'demande : "mais qu'est-ce qu'on mange ce soir ?", alors, on s'en va jeter un coup d'oeil sur ses blogs chouchous et puis on pousse des "ah !" et des "oh ! " et des "hmmm !", alors on s’dit : "et si c’était bon ?", alors on craque, on craque et on recraque pour tant de miamourdises.

Je vous en prie, sauvez-moi, me laissez pas comme ça, entendez-moi ! Oui, je sais que vous m’entendez. Vous l’entendez, vous l’avez lu à l’instant mon acte d’amour, parce que oui, pour ma défense, c’est un acte d’amour que je viens faire. Aussi violente qu’elle soit, voici une spéciale dédicacessen à ces blogueuses et blogueurs qui, de manière si indécente, excitent chaque jour ou presque mes sens, mes papilles et pupilles gourmandes, qui excitent ma curiosité avec de menus propos. Tout cela, hein, c'est du lard ou du cochon ? Les deux, m'sieurs dames, les deux ! ;-)

Mais pourquoi est-ce que je vous raconte ça ?...

Excusez-moi, j’ai la tête qui chauffe. Je... je vais me mettre au frais ! Quelques temps, si vous me le permettez. Idéalement, il faudrait que je dégote une petite station gourmande et ensoleillée, mais pas trop, la chaleur et moi vous savez... Juste histoire de reprendre du poil de la bête. J’avoue, j’ai bien mon idée, mais... chuuut !

Blog appétit à toutes et à tous, et à bientôt !
Tit'

Index de mes blogs culinaires favoris(*)

*
1001 recettes
A
Adèlices
Alibibi et ses quarante saveurs
Amuses bouche
Assiettes gourmandes
A turtle in a kitchen
Au jardin des délices
Auntie Jo funny little kitchen
Autres délices
A vos papilles
B
B comme bon
Beau à la louche
Blanc d'oeuf
Blog appétit
Boire & manger, quelle histoire !
C
Cakes in the city
Cannelle et cacao
Cannelle et chocolat
C'est moi qui l'ai fait !
Chez Georgette
Chez Lorette - A la table de L
Chez Omelette
Chez Ptipois
Chez Requia
Chocoholic
Chocolat et caetera
Chocolate & zucchini
Clea cuisine...
Confiture maison
Cook & Co
Croc en bouche
Cuisine campagne
Cuisine de la mer
Cuisine Guylaine
Cuisine métisse
Cuisine-moi un mouton
Cuisiner en ligne
Cumin et cannelle
D
Dans la cuisine des frangines
Dans la cuisine de Sophie
De bouche à oreille
Dédicacessen
Délices du Kérala
Délices et caetera
Délice urbain
Delimoon
Des goûts et des couleurs
E
Eggs & mouillettes
Epices et compagnies...
Epicurien.be
Ester kitchen
Et si c'était bon...
F
Feuille de chou
Fidji passion boulange
Food box
Frais !
G
Gamelle production
Gastronomades
Gastronom'eure
H
...
I
I mitt franska kök
Il en faut peu pour être heureux
Invitation aux sens
J
jenesuispasunecourge.com
K
Kisine et archi
L
La bouche pleine
La cuisine de Mercotte
La marmite de Cathy
La tartine gourmande
Le carrefour
Le chou de Bruxelles
Le confit, c'est pas gras !
Le hamburger et le croissant
Léonine194
Le petit monde elfique
Le pétrin
Les agapes de Débo
Les carnets de Marie
Les couleurs d'Isa
Les culino-tests
Les Européennes du Goût, le blog
Les gourmandises des petites blogueuses...
Le sens du goût
Les gourmandises d'Isa
Les nectars de Maya
Les recettes de Vipinette
Ligne et papilles
M
Ma dolce vita
Macha Malo
Mais pourquoi est-ce que je vous raconte ça...
Mais qu'est-ce qu'on mange ce soir ?
Ma Toscane...
Méli-mélo gastronomique
Menus propos
Mes pêchés mignons !
Mes tables de fêtes
Miamourdises
Mitaine écarlate
Monhommeaufoyer-cuisine
N
Nordljus: food & photography
Nos blogs cuisinés
Num num birdy! (c'est moi ça, hihi !)
O
Occupe toi de tes oignons
P
Papilles et pupilles
Patrick Chazallet.com
Passe à ton voisin-zin-zin
Passion fusion
Passion... gourmandise !
Péché de gourmandise
Popote de Vero
Pralines et Gratons
P'tit miam tout en couleur
Q
Quoique...
R
Rhum arrangé
Rosa's yummy yums
Rouxcuisine
S
Sans beurre sans reproches !
Saveur passion
Saveurs mexicaines
Sooishi cuisine
Sous la hotte... de Bergamote
Station Gourmande
Sucré-salé
Suisuik cuisine
T
Tarzile
Tasca da Elvira
ThymCitron1 et ThymCitron2
Top slurp avec Estèbe
Toques toques!
Tours et tartines
U
Un dimanche à la campagne
Un "Flo" de bonnes choses...
Un p'tit creux ?
V
Valérie cuisine et voyage
Vanessa cuisine
W
...
X
...
Y
...
Z
...

(* Que celles et ceux qui n’y figurent pas aujourd’hui ne se vexent pas, je vous ai peut-être oublié. Je visite tellement de blogs, que je ne les glisse pas systématiquement dans mes liens favoris. Vous y figurerez la prochaine fois. Patience !)